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1 - Notes du mont Royal

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CHANT XVI.<br />

S-2 ( J<br />

« 0 mon hôte ! tu n'es plus le même, tu réapparais différent<br />

de ce que tu étais naguère, de riches vêtements te parent, ton<br />

teint a un autre éclat; sans doute tu.es l'un des dieux qui habitent<br />

le vaste ciel. Mais apaise-toi, nous te ferons de précieux sacrifices,<br />

nous t'offrirons de l'or artistement travaillé; veuille<br />

nous'épargner. »<br />

« Je ne suis point un dieu, répond le patient et divin Ulysse,<br />

ne me compare pas aux immortels. Je suis ton père, pour qui tu<br />

soupires, pour qui tu as tant souffert, exposé à la violence des<br />

hommes. » .<br />

A ces mots, il couvre son fils de baisers, il baigne la terre<br />

3e larmes que jusqu'alors il avait su retenir; mais Télémaque<br />

ne peut croire encore, que son père le tienne dans ses bras, et il<br />

lui adresse ces paroles :<br />

« Tu n'es point .Ulysse mon père, mais une divinité qui me •<br />

c"harme, pour m'abandonner à une douleur plus poignante. Jamais<br />

mortel peut-il, par son génie seul, accomplir de tels prodiges?<br />

peut-il, sans le secours d'une divinité, peut-il à son gré<br />

se <strong>mont</strong>rer sous les tiaits d'un vieillard ou brillant de jeunesse?<br />

Naguère tu étais accablé d'ans,revêtu de haillon» : tu ressembles<br />

maintenant aux dieux qui habitent le vaste ciel. »<br />

« Télémaque, reprend le prudent Ulysse, ton père chéri est<br />

devant tes yeux, trop de surprise te siérait mal ; sors de cette<br />

stupeur. Jamais un autre Ulysse rie reviendra pour toi; je suis<br />

ton père ; j'ai souffert bien des maux, j'ai tout en<strong>du</strong>ré, et après<br />

vingt ans je revois ma douce patrie. Minerve a fait ce prodige,<br />

elle me donne l'apparence qu'il lui plaît, car cela.est en son pou-<br />

•voir- Tantôt elle me fait apparaître comme un mendiant, tantôt<br />

comme un homme jeune encore, paré de riches vêtements. Il est<br />

facile aux dieux qui habitent le vaste ciel, ou de combler d'honneurs<br />

les mortels, ou de les rendre méprisables. »<br />

En achevant ces mots, le héros s'assied. Télémaque, en sanglotant,<br />

presse dans ses bras son noble père; des larmes inondent<br />

son visage! Ces emhrassements font naître en leur sein le<br />

désir des pleurs; leurs soupirs, leurs gémissements éclatent plus<br />

perçants que j e s crjs ,je l'aigle ou <strong>du</strong> vautour lorsque le pâtre<br />

ra'vit ses petits que leur* ailes ne peuvent soutenir. Ainsi les<br />

deux héros laissent échapper de leurs paupières des torrents de<br />

larmes, et la lumière <strong>du</strong> soleil aurait disparu avant que leurs<br />

pleurs eussent cessé, si bientôt Télémaque n'eût dit à son père :<br />

« Quel navire, ô mon père, t'a con<strong>du</strong>it dans Ithaque? Dans<br />

quelle contrée ses nautoniers se glorifient-ils d'avoir reçu le jour '•<br />

car tes pas n'ont pu te porter dans cette île. »<br />

4

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