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1 - Notes du mont Royal

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CHANT VIII. 495<br />

brumeux, et qu'une <strong>mont</strong>agne cacherait notre ville. Tels furent<br />

les discours <strong>du</strong> vieillard, et maintenant ces prodiges s'accomplissent.<br />

Amis, croyez-moi, hàtez-vous d'obéir à mes ordres. Promettons<br />

désormais de ne plus prêter secours à nos hôtes, quel que<br />

soit le suppliant qui pénètre en ces murs. Cependant sacrifions à<br />

Neptune douze taureaux choisis; puisse-t-il nous prendre en compassion<br />

et ne point cacher notre ville derrière une immense <strong>mont</strong>agne<br />

! »<br />

H dit : les Phéaciens, frappés de crainte, préparent les taureaux;<br />

tandis que les chefs et les princes <strong>du</strong> peuple, debout autour<br />

de l'autel, implorent le roi Neptune.<br />

Le divin Ulysse sortenûn <strong>du</strong> sommeil qui enchaîne ses sens sur<br />

sa terre paternelle. Après une si longue absence, il ne la reconnaît<br />

pas, et pour qu'il demeure inconnu, pour qu'elle puisse lui donner<br />

ses conseils, Minerve l'enveloppe d'un brouillard épais. Elle<br />

ne veut point que son épouse, que ses amis, que ses concitoyens<br />

apprennent son retour avant qu'il n'ait puni l'insolence téméraire<br />

des prétendants. Le roi est donc trompé par l'apparence des<br />

objets qui frappent ses regards; les chemins, le port, les hauts<br />

rochers, les arbres verdoyants, lui semblent différents d'eux<br />

mêmes. Il se lève, il contemple la terre paternelle, et se prend à<br />

pleurer; de sa forte main il se frappe les cuisses en gémissant, et<br />

s'écrie :<br />

« Hélas ! oùsuis-je? quels mortels habitent cette terre ? Sontils<br />

superbes, sauvages, adonnés àl'injustiœ ? Sont-ils hospitaliers,<br />

et en leur esprit craignent-ils les dieux? Où placer ces nombreux<br />

trésors? où porter moi-même mes pas incertains ? Pourquoi les<br />

Phéaciens ne m'ont-ils pas emmené? j'aurais trouvé quelque autre<br />

roi qui m'eût accueilli et eût assuré mon retour. Sais-je mainlcnaiit<br />

où m'arrêter, et puis-je abandonner mes richesses, pour<br />

qu'elles deviennent la proie des étrangers ? Grands dieux! ils<br />

sont donc trompeurs et iniques les princes et les chefs des Phéaciens<br />

qui m'ont déposé sur une terre inconnue, après m'avoir fait la<br />

vaine promesse de me con<strong>du</strong>ire au sein de la riante Ithaque !<br />

Venge-moi, Jupiter, puissant dieu des suppliants, toi qui surveilles<br />

les humains et punis l'injustice. Mais comptons ces trésors, sachons<br />

si au sortir <strong>du</strong> navire ils n'en ont rien dérobé. »<br />

A ces mots, le héros compte ses riches trépieds, ses bassins, l'or<br />

et les vêtements d'un tissu merveilleux. Rien ne manque, mais<br />

il pleure sa patrie. Il se roule en gémissant sur le rivage de la<br />

mer au bruit tumultueux, lorsque Minerve se présente à ses côtés,<br />

sous les traits d'un jeune homme qui paît les brebis. De formes<br />

délicates comme les fils -des rois, elle a sur ses épaules un léger

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