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1 - Notes du mont Royal

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CHANT xu. 485<br />

kout au pied <strong>du</strong> màt par des cordages qui m'ôtent la liberté des<br />

pieds et des mains, puis ils s'asseyent et frappent de leurs rames<br />

la mer écumeùse. Ils se hâtèut, et déjà nous approchons <strong>du</strong> rivage<br />

à la portée de la voix. Les Sirènes aperçoivent le vaisseau<br />

qui, non loin de leur plage, fend légèrement les ondes ; soudain<br />

elles entonnent leurs chants harmonieux.<br />

« Viens auprès de nous, glorieux Ulysse, honneur de la Grèce;<br />

arrête ton navire, livre-Joi au plaisir d'entendre nos divins accents.<br />

Jamais on ne dépasse notre île avant d'avoir savouré les<br />

doux chants qui s'échappent de nos lèvres, puis l'on s'éloigne<br />

transporté de plaisir et initié à bien des secrets. Nous n'ignorons<br />

aucune chose, nous savons ce que les Grecs et les Troyens ont<br />

souffert dans les vastes plaines d'ilion; par la volonté des dieux,<br />

nous savons tout ce qui arrive sur la terre fertile. »<br />

« Telles sont les paroles attrayantes que font entendre leurs<br />

voix divines ; mon cœur brûle de les écouter encore ; j'ordonne<br />

à mes compagnons, en agitant mes sourcils, de rompre les liens<br />

qui me retiennent. Mais ils redoublent d'efforts, tandis qu'Euryloque<br />

et Périmède se lèvent et me chargent de liens plus pesants.<br />

Enfin, nous nous éloignons ; je ne distingue plus la voix ni le<br />

chant des Sirènes, alors je rends l'ouïe à mes compagnons, et à<br />

leu v tour ils me délivrent. Mais à peine avons-nous per<strong>du</strong> de vue<br />

cette île, que d'immenses vagues, qu'une épaisse fumée, qu'un<br />

(racas terrible frappent nos sens. Mes compagnons tremblants<br />

laissent échapper leurs rames; le flux au loin retentit et entraîne<br />

le vaisseau que les matelots lui abandonnent. Cependant je m'élance,<br />

je m'arrête auprès de chacun des miens; je les exhorte, je<br />

leur adresse ces paroles encourageantes :<br />

« 0 mes amis ! ne sommes-nous pas éprouvés par l'infortune ?<br />

n'avons-nous pas évité un plus grave péril, lorsque le Cyclope nous<br />

retint dans son antre profond, avec une violence farouche? Mais<br />

ma vertu, ma résolution, mon génie, nous ont sauvés de ce lieu<br />

funeste. Vous ne l'avez pas oublié, courage donc, et soyez encore<br />

aujourd'hui dociles à mes ordres. Courbez-vous sur vos bancs,<br />

serrez vos rames, frappez vivement les vagues épaisses. Puisse<br />

Jupiter nous faire éviter la mort; et toi, pilote, écoute ce que je<br />

te recommande, fais-le tomber en ton âme, car lu tiens lé timon<br />

<strong>du</strong> vaisseau : gouverne.toujours en dehors de cette fumée, de<br />

cette vague furieuse; serre avec constance l'autre écueil; n'oublie<br />

pas que c'est là que tu dois porter tout ton efiort, et tu nous tireras<br />

de ce danger extrême. »<br />

« A ces mots, ils s'empressent de m'obéir. Mais je ne leur ai<br />

rien dit de Scylla je leur épargne cette irrémédiable angoisse ; car<br />

41.

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