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1 - Notes du mont Royal

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CHANT XII. 483<br />

croirait ses contours polis par la main des hommes. Au milieu <strong>du</strong><br />

récif, s]ouvre <strong>du</strong> côté des ténèbres une sombre caverne tournée<br />

vers l'Érèbe, c'est en ce lieu, noble Ulysse, qu'il faut forcer la<br />

marche de ton navire. Un, homme dans la fleur de la jeunesse,<br />

placé sur les bancs des rameurs, ne pourrait atteindre d'une flèche<br />

l'antre profond, séjour de Scylla, monstre farouche dont la voix<br />

terrible retentit comme les rugissements d'un jeune lion. Son lugubre<br />

aspect afflige même les dieux : douze pieds difformes soutiennent<br />

son corps d'où sortent six cols allongés et six têtes horribles.<br />

De triples rangées de dents fortes et serrées remplissent ses<br />

gueules, séjour de la sombre Mort. Cachée jusqu'à la ceinture au<br />

fond <strong>du</strong> formidable gouffre, elle n'en fait sortir que ses têtes qui,<br />

au pied de Fécueil, saisissent avec fureur des dauphins, des<br />

chiens de mer, et ceux enfin des monstres nombreux, nourris par<br />

la. brillante Amphitrite qu'elle réussit à surprendre. Quels nautoniers<br />

oseraient se glorifier d'avoir passé à sa portée sains et<br />

saufs avec un navire ? chaque tête enlève, des bancs, un rameur !<br />

« Voisin <strong>du</strong> premier, l'autre récif, ô .Ulysse, te paraîtra moins<br />

élevé; tes flèches le franchiraient; un immense figuier sauvage<br />

étend à sa base un verdoyant feuillage, et sous les ombres <strong>du</strong><br />

grand arbre, la divine Charybde engloutit l'onde amère. Trois fois<br />

dans le cours de la journée elle rejette le flot qu'elle a engouffré,<br />

trois fois elle l'absorbe encore avec une rapidité terrible. Si à ce<br />

moment tu arrivais, tu serais entraîné dans l'abîme, et Neptune<br />

lui-même .ne pourrait empêcher ta perte : il faut donc serrer<br />

Sc"jUa et pousser rapidement ton navire, car il vaut mieux avoir à<br />

l'egretter six de tes compagnons que de les perdre tous à la fois. »<br />

« O Circé ! m'écriai-je, dis-moi sans détour : après avoir évité<br />

la dévorante Charybde, pourrai-je attaquer le monstre lorsqu'il<br />

s'élancera sur mes compagnons ?<br />

« Ah! reprend la noble déesse, insensé, peux-tn songer encore<br />

aux travaux guerriers? Ne céderas-tu pas même aux immortels?<br />

Scylla n'est point sujette à la mort. Divinité farouche, terrible, et<br />

que l'on ne peut combattre, rien ne peut préserver de ses atteintes<br />

; il vaut mieux la fuir rapidement. Si tu tardes, si tu saisis tes<br />

armes près <strong>du</strong> rocher, je tremble que, se précipitant de nouveau,<br />

elle n'atteigne un pareil nombre de têtes, et qu'elle ne saisisse<br />

encore six rameurs. Vogue donc avec effort, et invoque Crataïs,<br />

mère de Scylla, qui l'a enfantée pour le malheur des humains.<br />

Elle seule peut la calmer et l'empêcher de vous assaillir deux<br />

fois. Tu aborderas ensuite l'île de Thrinacie. C'est en ce séjour<br />

que paissent les bœufs et les riches brebis <strong>du</strong> soleil. Le dieu a autant<br />

de grands troupeaux que de bergeries : sept de chaque sorte,

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