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1 - Notes du mont Royal

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CHANT X. 457<br />

roche des pierres d'un poids accablant et les lancent sur la flotte.<br />

Un horrible tumulte s'élève ; les cris des mourants se mêlent au<br />

fracas des navires brisés. Les Lestrygons prennent les Grec.»<br />

comme des poissons, les traversent de dards et emportent ces<br />

mets affreux. Pendant que succombent ceux des miens qu'emprisonne<br />

le port profond, je tire mon glaive acéré et je tranche le<br />

câble qui retient mon vaisseau. Aussitôt j'encourage mes compagnons,<br />

je leur ordonne de remplir les bancs pour éviter notre<br />

ruine. Ils m'obéissent, et font force de rames, car ils redoutent<br />

le trépas. Mon navire fuit, sur les flots, les atteintes des terribles<br />

rochers ; mais tous les autres, en ce lieu, périssent à la fois.<br />

« Nous sillonnons de nouveau la mer, lé cœur contristé ; la joie<br />

de notre salut est troublée par le regret de nos compagnons chéris.<br />

Nous abordons ensuite l'île d'Éa, séjour de la blonde Circé,<br />

divinité redoutable, à la voix harmonieuse, sœur <strong>du</strong> prudent<br />

Ëtées; tous les deux ont pour père le Soleil, qui porte aux humains<br />

la lumière'; leur mère est Persée, fille de l'Océan. Sur ce<br />

rivage, nous poussons le vaisseau dans une rade propice, où<br />

l'un des dieux nous con<strong>du</strong>it. Nous débarquons, et pendant deux<br />

jours nous restons éten<strong>du</strong>s sur la grève, accablés de fatigue, l'âme<br />

dévorée de douleurs. Lorsque la blonde Aurore amène la troisième<br />

journée, je saisis ma javeline et mon glaive ; je pars <strong>du</strong><br />

navire et je <strong>mont</strong>é rapidement sur une colline d'où je puisse<br />

apercevoir les travaux des mortels, ou entendre' leurs voix. Arrivé<br />

sur une âpre éminence, je m'arrête, et j'aperçois un filet de<br />

fumée qui, au-dessus de la vaste terre, s'élève <strong>du</strong> palais de Circé<br />

à travers une forêt de grands chênes. J'agite en mon esprit et en<br />

mon âme si j'avancerai pour reconnaître d'où sort la sombre fumée<br />

qui frappe mes regards. Mais ce parti me semble préférable :<br />

de retourner d'abord près de mon navire, de faire prendre un<br />

repas à mes compagnons, et de pénétrer, ensuite dans l'intérieur<br />

de l'île. Déjà je suis près <strong>du</strong> rivage, lorsqu'un dieu, ému de pitié<br />

démon isolement, envoie sur ma route un grand cerf au bois majestueux,<br />

qui, poussé par l'ardeur <strong>du</strong> soleil, descend des pâturages<br />

dtslaforêt, pour s'abreuver dans les ondes <strong>du</strong> fleuve. Comme<br />

il bondit dans la plaine, je le frappe au milieu <strong>du</strong> dos; ma jave*<br />

line d'airain le traverse de paît en part; il tombe palpitant sur<br />

la poussière, et sa vie s'exhale. J'accours près de lui, je retire ma,<br />

javeline de sa blessure ; je la laisse à terre ; je coupe des branches<br />

pliantes, et j'en forme de longs liens dont je rassemble et attache<br />

les quatre pieds de la monstrueuse bête. Je me mets en marche<br />

eu la portant autour de mon cou, et en m'appuyant sur ma javeline,<br />

car je n'aurais pu la maintenir d'une Seule main sur une<br />

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