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1 - Notes du mont Royal

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CHANT X. -15.><br />

cède au doux sommeil, car je n'ai pas un instant quitté le gouvernail,<br />

je n'ai pas voulu le confier à un autre, afin d'atteindre<br />

plus promptement les champs paternels. Cependant mes compagnons<br />

s'entretiennent de moi ; ils s'imaginent que j'emporte<br />

en ma demeure de l'or et de l'argent, présents d'Éole, magnanime<br />

fils d'Hippotas.<br />

« Grands dieux, s'écrient-ils, comme Ulysse est chéri et honoré<br />

de tous les mortels dont il aborde les cités et les champs ! Déjà<br />

sa part <strong>du</strong> butin lui a donné devant Ilion de nombreux trésors;<br />

et nous, après avoir accompli les mêmes travaux, nous rentrerons<br />

au logis sans richesses. Il fallait encore qu'Éole, en témoignage de<br />

son amitié, lui fît ces dons précieux. Mais hâtons-nous de savoir<br />

ce que renferme cette outre, sachons combien elle recèle d'or et<br />

d'argent. »<br />

« Ainsi parlent mes compagnons, et ce projet insensé les sé<strong>du</strong>it-<br />

Ils "ouvrent l'outre, d'où soudain s'échappent les vents furieux.<br />

La tempête les enveloppe et les entraîne, fondant en larmes, sur<br />

la haute mer, loin de la terre paternelle. A ce moment je m'éveille,<br />

et j'agite en mon cœur irréprochable si je me laisserai<br />

tomber de mon navire dans les flots ou si, restant parmi les vivants,<br />

je-supporterai sans me plaindre ce nouveau malheur. Je<br />

me décide à patienter et à vivre. Caché au fond de mon navire,<br />

je reste éten<strong>du</strong> pendant que mes compagnons soupirent, et la<br />

violence de la tempête me jette de nouveau dans l'île d'Éole. Nous<br />

<strong>mont</strong>ons sur le rivage, nous faisons de l'eau, et mes rameurs,<br />

près de la flotte, prennent un rapide repas. Lorsque nous sommes<br />

rassasiés de mets et de breuvages, j'emmène un -guerrier et un<br />

héraut, puis nous gagnons le palais superbe d'Éole ; nous trouvons<br />

le roi assis au testin, entouré de son épouse et de ses enfants;<br />

nous pénétrons dans le palais et nous nous asseyons près<br />

<strong>du</strong> seuil. L'âme frappée de surprise, nos hôtes nous inlerrogent<br />

en ces termes :<br />

«Quoi! de retour en ces lieux, ô Ulysse! Quelle divinité funeste<br />

est venue fondre sur toi ? N'avions-nous pas assez favorablement<br />

disposé ton retour au sein de ta patrie, de ta demeure,<br />

Je tout ce qui t'est cher ?»<br />

« Ils disent : et moi, le cœur contristé, je leur réponds : «Mes<br />

téméraires compagnons m'ont per<strong>du</strong>, et, avant eux, le cruel sommeil;<br />

mais sauvez-moi, chers amis, vous le pouvez encore.»<br />

« Hélas ! j'espère les toucher par ces paroles flatteuses, mais<br />

ils gardent le silence, et le roi se charge de me répondre :<br />

« Fuis à l'instant de cette île! ô le plus blâmable des humains !<br />

[1 serait injuste de disposer un retour favorable pour un homme

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