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1 - Notes du mont Royal

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CHANT IX. 451<br />

paître les tendres fleurs des prairies. Le premier tu te baignes<br />

«ians Vonde limpide des fleuves; le premier. Le soir, tu reviens<br />

avec ardeur à la bergerie, et te voici maintenant le plus lent de<br />

tous. Regrettes-tu l'œil de ton maître, qu'un misérable mortel<br />

lui a ravi, aidé de ses tristes compagnons, après avoir dompté mes<br />

sens avec le vin '! Personne, ne crois pas échapper à la mort; et<br />

toi, si tu sentais comme ton maître, si tu pouvais me parler, tu'<br />

me dirais où ce vil mortel se cache pour éviter ma colère. Soù- 1<br />

dain je le briserais ; sa cervelle jaillirait de toutes parts sur le sol<br />

«le ma caverne, et mon cœur serait soulagé des maux que m'a'<br />

causés ce chétif Personne. »<br />

« A ces mots, il laisse échapper le bélier. A peu de distance de<br />

la grotte et de la cour, j'abandonne le premier le bélier qui me<br />

porte, et je détache mes compagnons. Aussitôt nous détournons<br />

à grands pas le riche troupeau et nous le poussons devant nous<br />

jusqu'à notre navire. Ceux de nous qui viennent d'échapper à<br />

la mort apparaissent aux yeux de nos compagnons chéris, qui<br />

brûlent de nous revoir, et nous accueillent avec des soupirs et des<br />

larmes. Je les arrête d'un signe de mes sourcils, je réprime ces<br />

pleurs; j'ordonne de jeter promptement le troupeau dans le navire<br />

et de fendre l'onde amère. Dociles à mes avis, ils s'embarquent<br />

soudain, remplissent les bancs, s'asseyent en ordre, et frappent<br />

de leurs rames la mer blanchissante.<br />

« Lorsque nous nous sommes éloignés à la portée de la voix,<br />

j'adresse au Cyclope ces paroles mordantes :<br />

*< Polyphème, tu n'as point dévoré dans ton antre, avec une<br />

violence atroce, les compagnons d'un homme sans valeur, et tu<br />

devais expier ton iniquité, ô mortel téméraire qui n'as point craint<br />

de te repaître d'hôtes assis à ton foyer! Jupiter et les dieux immortels<br />

t'ont puni. »<br />

« Je m'arrête; mais ces mots l'ont transporté d'une terrible colère;<br />

il arrache la cime escarpée d'une grande <strong>mont</strong>agne, il la<br />

lance, elle tombe devant notre navire; peu s'en faut que l'extréjxiité<br />

ne soit atteinte et brisée. La mer reflue sous le choc de l'imrr«ense<br />

rocher, et le flot nous pousse de nouveau vers le fatal rivage<br />

, les vagues gonflées nous amènent jusqu'à terre; mais saisissant<br />

une longue pique de combat naval, je l'appuie sur la côte<br />

et j'en éloigne le navire. J'exhorte mes compagnons ; je leur ordonne»<br />

d'un signe de tête, de se courber sur leurs bancs pour<br />

éviter notre ruine; ils m'obéissent, se penchent et font force de<br />

rames. Lorsque enfin nous nous sommes éloignés une seconde<br />

fois à la même distance, je veux parler encore au Cyclope; mes<br />

compagnons, par des prières instantes, cherchent à me retenir.'

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