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1 - Notes du mont Royal

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CHANT IX. M3<br />

« Pendant neuf jours, les vents contraires nous emportent sur<br />

la mer poissonneuse. Le dixième jour nous débarquons au pays<br />

des Lotophages dont l'aliment est une fleur ; nous <strong>mont</strong>ons sur<br />

la rive ; nous puisons de l'eau fraîche, et mes compagnons prennent<br />

leur repas près de la flotte. Aussitôt que nous sommes rassasiés<br />

de mets et de breuvage, je choisis deux guerriers et un<br />

héraut à qui j'ordonne de s'enfoncer dans les terres pour reconnaître<br />

quels mortels les habitent. Bientôt ils se mêlent au peuple<br />

des Lotophages. Ces hommes ne méditent point la mort de nos<br />

envoyés, mais ils leur présentent le lotos; et à peine nos compagnons<br />

ont-ils goûté ce doux fruit, qu'ils ne songent ni à rapporter<br />

leur message, ni à revoir leurs champs paternels; leur<br />

seul désir est de rester en cette contrée, avec les Lotophages, de<br />

se repaître de ce mets merveilleux et d'oublier leur retour. Je les<br />

entraîne par force sur les vaisseaux, malgré leurs plaintes ; je<br />

les fais charger de liens, et j'ordonne à mes autres compagnons<br />

chéris de s'embarquer rapidement, de peur qu'en goûtant le lotos<br />

ils n'oublient leur retour. Bientôt ils remplissent les bancs,<br />

s'asseyent en ordre, et frappent de leurs rames les vagues blanchissantes.<br />

»<br />

« Nous sillonnons de nouveau la mer, le cœur contristé, et nous<br />

arrivons à la terre des Cyclopes, hommes superbes et sans lois,<br />

qui, confiants dans les dieux immortels, ne labourent point leurs<br />

champs, et ne sèment de leurs mains aucune plante ; car pour<br />

eux, sans semence, sans culture croissent le froment, l'orge et<br />

des vignes chargées d'énormes grappes que nourrissent les pluies<br />

de Jupiter. Ils n'ont ni agora, ni conseil, ni coutumes. Mais sur<br />

le sommet des hautes <strong>mont</strong>agnes, ils habitent des cavernes profondes,<br />

et chacun règle sa famille sans s'occuper de ses voisins.<br />

« Devant le port de la terre des Cyclopes s'étend, à une<br />

moyenne distance, une petite île couverte de forêts ; les chèvres<br />

sauvages y pullulent à l'infini. Jamais les pas des hommes ne<br />

les troublent; jamais elles ne sont poursuivies par de hardis<br />

chasseurs accoutumés à braver la fatigue et les souffrances dans<br />

les bois et sur la cime des <strong>mont</strong>s. Contrée inculte et agreste, elle<br />

n'est foulée ni par le pâtre, ni par le laboureur. Vide d'hommes,<br />

elle ne nourrit que ses chèvres bêlantes. Les Cyclopes n'ont point<br />

de vaisseaux aux flancs coloriés; ils n'ont point d'artisans habiles<br />

dont les bras laborieux construisent pour eux des navires qui<br />

sillonnent la mer, les transportent aux cités des hommes, et leur<br />

permettent de peupler ies îles inhabitées. Celle-ci est loin d'être<br />

stérile; elle pro<strong>du</strong>irait les fruits de toutes les saisons. Sur le bord<br />

de la mer ceumeuse, une douce prairie étale sa ver<strong>du</strong>re que ra-

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