1 - Notes du mont Royal

CHANT vin. 439
nentablés ; derrière elle les vainqueurs frappent de leurs javeots
son dos et ses épaules, et l'emmènent en esclavage, où elle ne
;onnaîtra plus que le travail et les soucis ; son visage est altéré
rai", une douleur digne de pitié. Tel Ulysse laisse échapper de ses
(eux des larmes attendrissantes. Il cache à tous les regards les
>leurs qu'il répand; le seul Alcinoos assis à ses côtés l'observe,
roit sa douleur, entend ses protonds soupi''=, «* * n "dain s'adres-
;ant aux Phéaciens, il dit :
a. Écoutez-moi, chefs et princes des Phéaciens ; que Démodocos
asse taire les accents de sa lyre. Ses chants ne sont pas pareillenent
chers à tous les convives. Depuis que nous avons savouré
e festin et que le divin poète s'est levé, notre hôte n'a point cessé
le répandre des larmes amères ; la douleur s'est emparée de ses
;ens. Croyez-moi donc, que le poëte s'arrête, et que tous, hôte et
;onvives, soient également charmés ; ce parti est de beaucoup
jréférable. Pour cet hôte digne de respect, nous avons préparé
ion retour et de nobles présents que nous lui offrons avec tenir
esse. L'hôte, le suppliant, est un frère pour l'homme dont on
>eut encore émouvoir le cœur. Garde-toi donc, ô étranger, d'éluler
mes questions par des artifices; il vaut mieux me répondre
ivec franchise. Dis-moi comment te nommaient ton père, ta mère,
es voisins et les habitants de ta cité. 11 n'est personne parmi les
lu mains, juste ou pervers, qui, des sa naissance n'ait reçu un
îom. Ses parents lui en donnent un, dès le jour où il a vu la
umière. Fais-moi connaître aussi ta patrie, ton peuple, ta cité,
ifln que mes vaisseaux, doués de la pensée, t'y conduisent. Les
la vires phéaciens n'ont point de pilotes; ils n'ont point comme
es autres de gouvernails qui les dirigent. Mais d'eux-mêmes ils
avent, ils pensent, ils méditent comme les humains. Les cités,
es champs fertiles, les divers peuples, leur sont connus, et ils
illonnent rapidement les vagues de la mer, enveloppés de vapeurs
st de brouillards, sans jamais craindre ni tempêtes ni naufrages,
foutefois j'ai souvent entendu mon père Nausithoos nous prédire
[ue Neptune, irrité de nous voir, sans péril, reconduire tous ceus
[ u i- sont jetés sur nos rivages, détruirait, à son retour d'une course
,ur les flots brumeux, un superbe navire des Phéaciens, et sus-
>endrait devant notre ville une immense montagne. Telle fut la
>rédiction du vieillard. S'accomplira-t-elle ? restera-t-elle sans
iffet? C'est le dieu qui en disposera selon ses désirs. Maisracohteîous
avec sincérité où tu as été le jouet des flots ; quelles conrées
tu as abordées; quelles villes superbes tu as visitées, cruelles,
sauvages, injustes ou hospitalières, et d'un esprit agréable aux
lieux. Dis-nous pourquoi ne tu peux sans gémir entendre rap-