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1 - Notes du mont Royal

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CHANT VII. 4-25<br />

la tunique, les magnifiques vêtements qu'elle-même a tissus avec<br />

ses suivantes, elle adresse au héros ces paroles rapides :<br />

« O mon hôte, je le ferai d'abord ces questions : Qui es-tu parmi<br />

les hommes ? quelle est ta patrie? qui t'a donné ces vêtements ?<br />

N'as-tu pas dit qu'errant sur les mers, tu avais été jeté en ces<br />

lieux? »<br />

« Reine, reprend le prudent Ulysse, il me serait difficile de te<br />

faire à l'instant le récit de toutes mes traverses ; les dieux célestes<br />

m'ont accablé de tant d'afflictions! Mais je vais satisfaire à tes<br />

premières demandes. Du sein des mers'lointaines sort l'île d'Ogygie,<br />

séjour de la fille d'Atlas, de l'artificieuse et beHe Calypso,<br />

divinité redoutable ; séjour que ne fréquentent ni les dieux ni les<br />

humains. La fortune voulut que je l'habitasse, seul, car Jupiter<br />

fit tomber les feux ardents de la foudre, et fendit mon navire au<br />

miiifeu des sombres flots; tous mes braves compagnons périrent,<br />

tandis que mes bras s'attachèrent à la carène. Pendant neuf jours<br />

les vagues m'entraînèrent, et, la dixième nuit les dieux me poussèrent<br />

sur les rivages habités par la belle Calypso, divinité redoutable.<br />

Elle m'accueillit avec tendresse, elle me combla de soins ;<br />

elle me promit de me mettre pour toujours à l'abri de la vieillesse<br />

et de la mort; mais elle ne put fléchir le cœur inébranlable que<br />

renferme mon sein. Je passai près d'elle sept cruelles années,<br />

mouillant sans cesse de mes pleurs les vêtements immortels<br />

qu'elle me donnait. Lorsque vint le cours de la huitième année,<br />

la déesse elle-même m'ordonna de presser mon retour, soit que<br />

Jupiter lui eût envoyé un message, soit que ses sentiments eussent<br />

changé. Elle me congédia sur un radeau fortement assujetti par<br />

des' liens, me donna en abondance des mets, <strong>du</strong> vin, des vêtements<br />

immortels, et fit souffler derrière ma barque un vent favorable<br />

et doux. Pendant dix sept jours je sillonnai sans peine les<br />

vastes flots; à la dix-huitième aurore, les <strong>mont</strong>s ombragés de votre<br />

île m'apparurent, et mon cœur ressentit une vive allégresse. Infortuné<br />

! j'allais encore éprouver de cruelles souffrances par la<br />

volonté de Neptune. Le dieu qui ébranle la terre, soudain excite<br />

contre moi les vents, enchaîne mes efforts, et soulève la mer<br />

immense. Malgré mes soupirs, malgré l'ardeur de mes vœux, les<br />

vagues arrêtent mon radeau. Enfin, un tourbillon le brise, et je<br />

fends à la nage les flots courroucés, jusqu'à ce que les vents et<br />

l'onde me poussent sur ce rivage. D'abord la vague me jette sui<br />

«je vastes rochers, sur des écueils affreux. Mais je m'élance de<br />

nouveau et je nage jusqu'à ce que j'entre dans le fleuve en un<br />

lieu qui me semble accessible, où les rochers s'aplanissent, où le<br />

vent n'a plus de prise. Je suis sauvé ! mes esprits se raniment.<br />

•m.

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