1 - Notes du mont Royal

CHANT V. 40?
cin turc d'or, et sur sa tète elle pose un voile. Résolue à congéiei-
le magnanime Ulysse, elle lui donne une forte hache d'airain
double tranchant, à manche d'olivier. Elle lui donne encore
ne doloire affile, et le conduit à l'extrémité de l'île, où abondent
as arbres gigantesques : des aunes, des peupliers et des pins qui
ichent leurs cimes dans les cieux ; bois antiques dont le tronc
îsséché flottera plus légèrement sur l'onde. Lorsqu'elle lui a
lontré ce lieu de la féconde forêt, l'auguste Calypso retourne
sa demeure. Aussitôt le héros frappe à coups redoublés et pourlit
sa tâche avec ardeur. Bientôt il a jeté vingt arbres par terre ;
les ébranche avec l'airain, les équarrit et les aligne au cordeau,
^pendant la déesse revient avec,des tarières; alors il perce les
èces de bois, les assemble, les maintient avec des. liens et des
îevilles. Telle est la cale d'un vaste vaisseau de transport que
çonne l'artisan expérimenté : aussi grand est le large radeau
le construit Ulysse. Pour former le tillac il ajuste de longues
anches à de forts étais. 11 fabrique tour à tour le mât, l'antenne
. le gouvernail, qu'il entoure de claies de saule pour contenir les
ats ; il leste le radeau avec de grands monceaux de bois. A ce
loment Calypso lui apporte la toile à voile, qu'il taille artistetent
et qu'il fixe à l'aide de cordages au mât et au tillac ; enfin,
rec des leviers il lance sa frêle nef à la vaste mer.
Le quatrième jour (init comme ses travaux s'achèvent. Dans la
nquième journée Calypso lui permet d'abandonner son île. Elle
baigne, le couvre de vêtements parfumés, place sur le navire
ne grande outre pleine d'eau fraîche, une outre moindre connant
du vin pourpré, un sac de cuir rempli de mets abondants ;
jis elle fait souffler derrière lui un vent tiède et favorable. Le
vin Ulysse, le cœur rempli de joie, étend sa voile et s'assied
•es du gouvernail, qu'il dirige d'une main ferme et habile. Le
.mmeil n'approche point de ses paupières. Il contemple les
léiades, le Bouvier lent à descendre sous les ténèbres; l'Ourse,
je le vulgaire appelle aussi le Chariot, qui tourne toujours au
Lême lieu en regardant Orion, et seule n'a point part aux bains
î l'Océan. La déesse a prescrit au héros de naviguer en la laisnt
à sa gauche. Pendant dix-sept jours il fend les flots. Dans
dixvhuitième journée il aperçoit les montagnes ombragées de
terre des Phéaciens. C'est File la plus proche ; elle lui apparaît
ins les brumes de la mer, comme un faible bouclier.
Le puissant Neptune alors revient de l'Ethiopie ; du haut des
tonts Solymes il aperçoit Ulysse luttant contre les flots ; aussitôt
ressent un violent courroux et, secouant la tête, il se dit en son
eur: