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1 - Notes du mont Royal

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CDAN1 V. 405<br />

cmnail sur sa carène, débris de son vaisseau fen<strong>du</strong> par la foudre<br />

u milieu.de la sombre mer. Tous ses vaillants compagnons<br />

avaient péri, quand la tempête et les flots le portèrent sur ce<br />

ivage. Je l'aimai, je lui donnai asile. J'espérais le rendre imnortel<br />

et le mettre à l'abri des atteintes de la vieillesse, mais il<br />

ie nous est point permis de nous soustraire à la volonté de<br />

upiter. Qu'Ulysse erre donc encore sur les vagues agitées,<br />

>uisque ce dieu l'ordonné j cependant je ne le congédierai pas,<br />

:ar je n'ai ni navires ni rameurs pour le con<strong>du</strong>ire sur le vaste<br />

los des mers ; mais je l'avertirai qu'il est libre, et je ne lui ca-<br />

;herai point comment il retournera sans péril aux champs de sa<br />

patrie. »<br />

« C'est ainsi, répond Mercure, qu'il faut à l'instant le congédier,<br />

si tu ne veux irriter le souverain des dieux, et, plus tard,<br />

ressentir son courroux. »<br />

A ces mots le puissant meurtrier d'Argus s'éloigne, et l'auguste<br />

nymphe, docile aux ordres de Jupiter, s'empresse de rejoindre le<br />

magnanime Ulvsse. Elle le trouve assis sur le rivage, les yeux<br />

baignés de larmes intarissables. Sa douce vie s'écoule à pleurer<br />

son retour, car la déesse n'a pu le charmer: la nuit, par contrainte,<br />

il dort dans la vaste grotte, il repose sans amour auprès<br />

de celle qui l'aime ; mais <strong>du</strong>rant la journée entière, éten<strong>du</strong> sur<br />

les rochers, sur les grèves, les regards fixés sur les flots tumultueux,<br />

il se consume en regrets, en soupirs, et ne cesse de répandre<br />

des larmes.<br />

La nymphe l'aborde et lui dit : « Infortuné, cesse de gémir en<br />

ces lieux, crains d'abréger ta vie. Je consens à te laisser partir; va<br />

donc, abats de grands arbres, façonne avec l'airain un large<br />

radeau, et sur<strong>mont</strong>e-le d'un banc élevé pour qu'il te transporte<br />

sur les flots brumeux. J'y placerai en abondance <strong>du</strong> pain, de<br />

l'eau fraîche et <strong>du</strong> vin pourpré qui te préserveront <strong>du</strong> besoin; je<br />

te revêtirai de moelleux tissus, et je f enverrai un vent favorable<br />

afin que tu parviennes sans péril aux champs de ta patrie, si tel<br />

est le vœu des dieux habitants <strong>du</strong> vaste ciel, qui me surpassent<br />

en discernement comme en intelligence. »<br />

A ces mots, le divin et patient Ulysse frémit et prononce ces<br />

paroles rapides: «0 déesse! tu médites d'autres desseins ; tu ne<br />

songes point à mon départ lorsque tu m'ordonnes de traverser<br />

sur un radeau l'immensité des mers, voyage périlleux et terrible,<br />

même pour de rapides navires bondissant de joie sous le souffle<br />

des vents de Jupiter. Je ne m'embarquerai point sur un radeau,<br />

malgré tes désirs, si tu refuses de me jurer solennellement que<br />

tu n'as pas résolu ma perte. »

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