1 - Notes du mont Royal

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espoir, lorsque je suis rassasié de pleurs, le vcïidique vieillard
reprend :
« Fils d'Atrée, ne reste pas longtemps oisif à fondre en larmes;
ta douleur ne remédiera à rien, songe plutôt à retourner promptement
dans ta patrie,-.ou bien tu trouveras Égisthe encore vivant,
on Oreste aura prévenu ta vengeance, et tu assisteras au repas funèbre
du meurtrier de ton frère. »
«. il dit : malgré mes regrots, je sens mon cœur et mon âme
généreuse se remplir en mon sein d'une nouvelle joie, et j'adresse
encore au vieillard ces paroles rapides: «Je sais maintenant ceux
qui ont péri, nomme-moi ce troisième héros qui est retenu vivant
au sein des vastes mers, ou qui a cessé de respirer. Quels que
soient mes soucis, je désire le connaître. »
« C'est, reprend Protée, le fils de Laërte qui habitait Ithaque.
Je l'ai vu fondant en larmes brûlantes dans l'île et les demeures
de la nymphe Calypso, qui le retient par contrainte. 11 lui est impossible
de retourner eu sa patrie : car il n'a plus ni vaisseaux ni
compagnons pour le conduire sur le vaste dos des plaines liquides.
Toi, Ménélas, parce qu'en épousant Hélène tu es devenu
rendre de Jupiter, tu n'es point condamné à mourir ni à subir le
destin dans Argos féconde en coursiers. Mais les dieux t'enverront
aux champs Élysées aux confins de la terre où déjà réside le blond
Rhadamanthe. En ces lieux les hommes savourent sans peine la
vie; on n'y connaît point les neiges, les longues pluies, les frimas;
mais toujours l'Océan, pour rafraîchir les humains, exhale la
douce haleine de Zéphire. »
« A ces mots il plonge dans les flots écumeux ; le cœur violemment
agité, je retourne vers mes navires avec mes divins compagnons;
nous rejoignons ma flotte, nous préparons le repas du
soir, la nuit survient, et nous dormons sur le rivage. Aux premières
lueurs de la fiile du matin, de l'Aurore aux doigts de rose,
nous tirons à flot les navires, nous dressons nos mâts, nous tendons
les voiles; mes compagnons remplissent les bancs,s'asseyent
en ordre et frappent de leurs rames les vagues blanchissantes.
J'arrête bientôt mes voiles dans lé fleuve Égyptos, issu de Jupiter,
et je sacrifie de complètes hécatombes. Aussitôt que j'ai
calmé le courroux des dieux éternels, j'élève- une tombe à mon
frère pour laisser de lui (in immortel souvenir. Ces devoirs accomplis,
je remets à la voile, les dieux m'accordent un vent favorable,
et me conduisent promptement au sein de ma patrie. Maintenant,
ami, demeure dans mon palais jusqu'à la onzième ou la douzième
journée. Alors je te congédierai avec honneur et te comblerai de
nobles présents. Tu recevras trois coursiers et un char splendide;