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1 - Notes du mont Royal

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22 ILIADE.<br />

envieuses. Mais, je te le prédis, et ma menace s'accomplira : si<br />

je te trouve encore dans tes. accès d'insolence, comme maintenant,<br />

je veux que la tête d'Ulysse roule de ses épaules, je veux<br />

n'être plus nommé le père de Télémaque, si je ne te saisis, si je<br />

ne te dépouille de tes vêtements, de ton manteau, de ta tunique,<br />

des derniers voiles de ta nudité, et si je ne te chasse de l'agora,<br />

blessé de coups ignominieux, et poussant des cris de douleur. »<br />

A ces mots, Ulysse le frappe <strong>du</strong> sceptre aux épaules. Thersite<br />

se courbe, et ses paupières laissent échapper des pleurs ; une tumeur<br />

sanglante s'élève sur ses chairs gonflées par les coups <strong>du</strong><br />

sceptre d'or. Il s'assied tout tremblant. Dans sa douleur il baisse<br />

les yeux et essuie ses larmes. Les Grecs, malgré leurs soucis,<br />

éclatent de rire à son aspect, et se disent les uns aux autres :<br />

« Grands dieux ! le fils de Laërte s'est déjà mille fois illustré,<br />

soit en ouvrant de sages'avis, soit en dirigeant les batailles. Voyez<br />

aujourd'hui comme il se surpasse encore, parmi les Argiens, en<br />

réprimant les discours de cet insolent parleur, que désormais son<br />

âme audacieuse ne poussera plus à poursuivre les rois de discours<br />

outrageants. »<br />

Tels sont les propos de la multitude. Cependant Ulysse, destructeur<br />

des cités, reste debout, le sceptre à la main. A ses côtés,<br />

Minerve aux yeux d'azur, sous les traits d'un héraut, commande<br />

aux peuples le silence, afin que tous à la fois, les premiers et les<br />

derniers rangs des Grecs, entendent l'orateur et se pénètrent de<br />

ses avis. Ulysse, l'esprit plein de sagesse, parle en ces termes :<br />

« Atride, maintenant, ô roi, les Grecs ne craignent pas de te<br />

donner la renommée <strong>du</strong> plus méprisable de tous les humains.<br />

Eh quoi ! ils refusent de remplir la promesse qu'ils t'ont faite en<br />

abordant ces rivages, loin des champs fertiles de l'Achaïe, de ne<br />

point partir avant d'avoir renversé la superbe Ilion. Et les voilà,<br />

faibles comme de jeunes enfants, comme des veuves éplorées ;<br />

les voilà qui gémissent et soupirent, impatients de revoir leurs<br />

demeures. Ah ! qu'il serait pénible de retourner dans notre patrie<br />

, épuisés comme nous le sommes ! Le nautonier s'attriste<br />

lorsque, <strong>du</strong>rant un long mois avec son navire, il est retenu, loin<br />

d'une épouse chérie, par les tempêtes de l'hiver et les flots courroucés<br />

; les Grecs, qui déjà neuf fois ont vu, sur ces bords, l'année<br />

terminer son cours, peuvent aussi s'affliger près de leur<br />

flotte. Comment les en blâmer? Mais il n'y a pas moins de honte<br />

à partir sans butin qu'à languir ici plus longtemps. O mes amis,<br />

encore quelques jours de constance; sachons si Calchasestou<br />

non un devin digne de foi. Vous n'ignorez pas en votre esprit ce<br />

que je vais vous rappeler ; vous en avez tous été témoins, vous

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