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1 - Notes du mont Royal

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CHANT XXII. 305<br />

loisible de nous échapper, quand même" Apollon prosterné devant<br />

le maître de l'égide s'efforcerait encore de le sauver. Arrête-toi<br />

donc et reprends haleine. Je vais l'aborder pour lui persuader de<br />

te combattre. »<br />

Ainsi parle Minerve. Achille obéit et se réjouit en son coeur.<br />

Il-s'arrête et s'appuie sur sa javeline à pointe d'airain. Soudain<br />

la déesse le quitte et va trouver le divin Hector. Empruntant les<br />

traits et la voix infatigable de Déiphobe, elle se place à ses côtes<br />

• et lui adresse rapidement ces paroles :<br />

« 0 mon frère, le fougueux Achille te presse cruellement en<br />

te poursuivant de toute la légèreté de ses pieds, devant la ville de<br />

Priam; mais crois-moi, cesse de fuir; tenons tête à ce héros, et<br />

nous le repousserons. »<br />

« Déiphobe, répond le grand Hector, tu as toujours été pour<br />

moi le plus chéri des frères qui doivent le jour à Priam et à l'auguste<br />

Hécube. Désormais en mon esprit je t'honorerai plus encore,<br />

toi qui, à la vue de mes dangers, ne crains pas pour me<br />

défendre de sortir des murs, où tous les autres Troyens se tiennent<br />

renfermés. »<br />

« Frère, reprend Minerve, mon père et ma vénérable mère,<br />

et autour d'eux mes compagnons, m'ont tour à tour supplié, en<br />

embrassant mes genoux, de rester auprès d'eux (tant ils sont tous<br />

frappés de terreur) ; mais mon âme était torturée d'une affliction<br />

violente. Maintenant combattons avec ardeur, n'épargnons point<br />

les traits, sachons si Achille doit nous faire périr et s'enorgueillir<br />

de nos dépouilles sanglantes, ou s'il doit être dompté par ton javelot.<br />

»<br />

Elle dit, et, pour le mieux tromper, elle s'élance en avant ; les<br />

deux héros, marchant l'un contre l'autre, se sont bientôt rapprochés<br />

; le grand Hector, le premier, parle en ces termes :<br />

« Je ne chercherai plus comme naguère à t'éviter, ô Achille !<br />

trois fois devant la divine ville de Priam, j'ai hésité à braver ton<br />

effort. Maintenant mon âme m'ordonne de te tenir tête, je vais<br />

périr ou triompher de toi. Mais, crois-moi, prenons à témoin les<br />

dieux, infaillibles gardiens des traités. Si Jupiter m'accorde la<br />

victoire, si je t'arrache la vie, loin de t'aceabler d'outrages, après<br />

avoir enlevé tes nobles armes, ô Achille, je rendrai ton corps aux<br />

Argiens; fais-moi une semblable promesse. »<br />

« Ah, répond Achille en lui jetant un regard terrible, Hector,<br />

que parles-tu de traités après m'avoir causé une ineffaçable douleur!<br />

Est-il entre les hommes et les lions un pacte sincère? Les<br />

loups et les agneaux peuvent-ils sympathiser? Non, non, sans<br />

cesse ils désirent leur ruine mutuelle. De même entre nous une

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