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1 - Notes du mont Royal

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CHANT XXII. 301<br />

feux. Le vieillard gémit, se frappe la tête, lève les bras au ciel,<br />

pousse des cris lamentables et implore son fils bien-aimé. Hector,<br />

cependant, enflammé <strong>du</strong> désir de combattre Achille, reste inébranlable<br />

devant les portes. Le déplorable vieillard étend vers<br />

lui ses mains, et s'écrie :<br />

« Hector, cher enfant, seul, loin des autres combattants, n'attends<br />

pas ce guerrier farouche ; bientôt, dompté par le fils de Pelée,<br />

tu recevrais la mort : car sa force surpasse la tienne. Infortuné!<br />

que n'es-tu cher aux immortels autant qu'à moi; ah!<br />

comme les chiens et les vautours dévoreraient son cadavre;'sans<br />

doute le chagrin cuisant sortirait de mon sein. N'est-ce pas Achille<br />

qui m'a privé de mes fils si nombreux, si vaillants, en les immolant<br />

ou en les faisant vendre dans les îles lointaines. Hélas!<br />

aujourd'hui encore, parmi les Troyens réfugiés dans nos murs,<br />

mes regards cherchent en vain mes deux fils, Lycaon et Pôlydore,<br />

que m'a donnés la plus exquise des femmes, la belle Laothoa ;<br />

s'ils sont vivants entre des mains ennemies, nous les délivrerons<br />

à prix d'or et d'airain ; nos demeures renferment encore les nombreux<br />

trésors offerts à sa fille par le célèbre Altès. S'ils ont succombé,<br />

s'ils sont descen<strong>du</strong>s aux demeures de Pluton, à nous l'affliction,<br />

à sa mère et à moi qui les avons engendrés. Mais, ô<br />

Hector ! tu adouciras les peines de mes peuples, si fu échappes<br />

au bras d'Achille. Rentre dans nos demeures, ô mon cher fils,<br />

pour le salut des Troyens et des Trôyennes; ne dorme pas tant<br />

de gloire au fils de Pelée ; ne tranche point toi-même le fil de ta<br />

vie ; aie pitié de ton malheureux père, crois à sa longue expérience.<br />

Infortuné ! le fils de Saturne, sur le seuil de la vieillesse,<br />

me voue au sort le plus cruel, et veut me rendre témoin des plus<br />

horribles misères : mes fils immolés, mes filles captives, leurs<br />

couches nuptiales renversées, leurs tendres enfants précipités à<br />

terre au milieu d'un affreux tumulte, enfin mes brus entraînées<br />

par les mains outrageantes des Grecs. Pour combler ces malheurs,<br />

moi-même, devant mes portiques, lorsqu'un trait d'airain m'aura<br />

privé de la vie, je serai traîné par les chiens que dans mon palais<br />

ma main a nourris ; et, après avoir dévoré mes chairs, abreuvés<br />

de mon sang, saisis de rage, ils expireront devant ces portes,<br />

dont ils étaient les fidèles gardiens. Qu'un jeune guerrier, dans<br />

les batailles, soit déchiré par l'airain aigu, il expire et, quoique<br />

mort, il apparaît encore brillant de beauté. Mais que des chiens<br />

souillent la tête blanchie, la barbe blanchie, la pudeur d'un<br />

vieillard, ah ! c'est pour les infortunés mortels l'objet le plus digne<br />

de pitié. »<br />

Telles sont les prières <strong>du</strong> vieillard. Cependant de ses deux mains

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