27.06.2013 Views

1 - Notes du mont Royal

1 - Notes du mont Royal

1 - Notes du mont Royal

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

236 ILIADE.<br />

Oui, tu as plongé ses parents dans un deuil profond, et sa jeune<br />

épouse pleure son veuvage dans la chambre de son court hyménée.<br />

Puissé-je adoucir la douleur de ces infortunés en leur portant<br />

ta tête et tes armes, en les déposant devant Panthos et la<br />

noble Phrontis. Mais c'est trop longtemps suspendre le combat ;<br />

nous allons éprouver si je manque de vertu, si tu es inaccessible<br />

à la terreur. »<br />

A ces mots, il frappe le bouclier d'Atride; mais l'airain ne peut<br />

le rompre, et la pointe s'émousse sur ses lames épaisses. Ménélas<br />

ensuite, en invoquant Jupiter, fond le javelot à la main sur Euphorbe<br />

qui recule; il l'atteint au-dessous <strong>du</strong> menton; et, confiant<br />

dans la force de son bras, il appuie sur le cou délicat, que l'airain<br />

à l'instant traverse. Le Dardanien expire en tombant, et sur lui<br />

ses armes retentissent ; le sang ruisselle sur ses cheveux beaux<br />

comme ceux des Grâces, et sur ses tresses que retiennent l'or et<br />

l'argent. Tel un jeune plant d'olivier que le laboureur élève en<br />

un lieu solitaire, arrosé par une source abondante, gracieux, plein<br />

de sève, caressé par le souffle des vents, s'enorgueillit de fleurs<br />

d'une blancheur éclatante, quand soudain accourt la tempête qui<br />

l'enveloppe de«es-tourbillons, le déracine etl'étend sur les sillons<br />

fertiles : Tel le belliqueux fils de Panthos tombe.sous les coups de<br />

Ménélas, qui le dépouille de ses armes.<br />

Tels contre un lion nourri dans les <strong>mont</strong>agnes, fier de sa force,<br />

qui fond sur des génisses, enlève la reine <strong>du</strong> troupeau, brise de<br />

ses dents terribles le cou de sa proie, la déchire et hume le sang<br />

et les viscères, les chiens et les pâtres poussent de loin de grands<br />

cris sans oser l'attaquer, car la pâle terreur les retient : ainsi,<br />

parmi les Troyens, nul ne se sent l'audace d'attaquer le glorieux<br />

Ménélas. Alors Atride aurait enlevé facilement les nobles armes<br />

<strong>du</strong> fils de Panthos, si Phébus ne lui eût porté envie. Ce dieu<br />

excite Hector, égal au fougueux Mars; il emprunte les traits de<br />

Mentes, chef des Ciconiens, et s'adressant au fils de Priam il lui<br />

adresse ces paroles rapides :<br />

«t Hector, où cours-tu dans ce moment funeste? Pourquoi poursuivre<br />

vainement les coursiers d'Achille? il n'est point donné à<br />

d'autres mortels qu'au héros né d'une déesse de les dompter, de<br />

les soumettre au joug. Cependant Ménélas défend le corps de Patrocle<br />

; il vient de tuer Euphorbe et d'éteindre son impétueuse<br />

vaillance! »<br />

Il dit, et s'unit à la foule; une «ombre douleur enveloppe les<br />

sens d'Hector. Le héros porte ses regards sur les lignes et voit tout<br />

à la fois le roi grec détachant les armes d'Euphorbe; celui-ci<br />

éten<strong>du</strong> sur la poussière, et le sang coulant à flots de sa blessure

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!