27.06.2013 Views

1 - Notes du mont Royal

1 - Notes du mont Royal

1 - Notes du mont Royal

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

6 ILIADE.<br />

lui seul, elle saisit sa blonde chevelure ; personne dans l'assemblée<br />

ne l'aperçoit. Achille, frappé de stupeur, se retourne et reconnaît<br />

Minerve, dont les yeux brillent d'un éclat terrible ; aussitôt<br />

il lui adresse ces rapides paroles :<br />

« Pourquoi venir en ces lieux, fille <strong>du</strong> dieu qui porte l'égide ?<br />

Est-ce pour être témoin des outrages d'Agamemnon, fils d'Àtrée ?<br />

mais, je te le prédis, et mes pressentiments doivent s'accomplir,<br />

bientôt, sans doute, son orgueil lui fera perdre la vie. »<br />

La déesse aux yeux d'azur répond en ces termes : « Je descends<br />

des cieux pour adoucir ta colère : puissé-je te fléchir !<br />

C'est la blanche Junon qui m'envoie, car elle a pour vous deux<br />

le même amour, la même sollicitude. Crois-moi, mets fin à cette<br />

querelle; que ta forte main laisse reposer ton glaive. Outrage<br />

Atride en paroles comme elles te viendront à l'esprit; car, je te<br />

le prédis, et ma promesse s'accomplira : un jour viendra où, en<br />

expiation de cette offense, tu recevras trois fois autant de présents<br />

précieux. Modère-toi donc et obéis-nous. »<br />

Le fougueux Achille répond à Minerve en ces termes : « 0<br />

déesse, je dois me soumettre à vos ordres, quoiqu'en mon âme je<br />

sois violemment courroucé : c'est le parti le plus sage; et les<br />

dieux se plaisent à exaucer le héros qui leur obéit. »<br />

A ces mots, docile à la voix de Minerve, il appuie sft main pesante<br />

sur la poignée d'argent, et repousse dans le fourreau son<br />

redoutable glaive. La déesse re<strong>mont</strong>e à l'Olympe, et se mêle,<br />

dans le palais <strong>du</strong> dieu qui porte l'égide, aux autres divinités.<br />

Achille cependant recommence à injurier Atride ; car il n'a pas<br />

encore maîtrisé sa colère.<br />

« Roi pesant d'ivresse, s'écrie-t-il, tu as l'œil hardi d'un dogue<br />

et le cœur d'un cerf; jamais ton âme ne t'a inspiré l'audace de<br />

t'armer pour les batailles parmi les Grecs, ou de te placer en<br />

embuscade avec les plus vaillants héros. De tels exploits te semblent<br />

la mort. Certes, il est plus facile, au milieu <strong>du</strong> vaste camp,<br />

de ravir les trésors de ceux qui osent te contredire. 0 roi, tu dévores<br />

le peuple parce que tu règnes sur des lâches ; mais, Atride,<br />

c'est là ton dernier outrage. Je te le prédis ; j'en fais le serment<br />

solennel : oui, par ce sceptre, qui ne doit ni fleurir, ni pro<strong>du</strong>ire<br />

de rejetons, ni se couvrir de feuillage, depuis que, dans les <strong>mont</strong>agnes,<br />

il a été séparé <strong>du</strong> tronc, et que l'airain l'a dépouillé de<br />

ses feuilles et de son écorce; par ce sceptre que maintenant<br />

tiennent entre leurs mains, lorsqu'ils rendent la justice, les fils<br />

de la Grèce, gardiens des coutumes dictées par Jupiter, je jure,<br />

et mon serment est inviolable, je jure qu'un jour tons les Grecs<br />

regretteront amèrement Achille, et, malgré ta douleur, tu ne

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!