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1 - Notes du mont Royal

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CHANT XI. •- 1S1<br />

Il dit, puis il dépouille le fils de Paeon. Cependant Alexandre, l'époux<br />

delà blonde Hélène, appuyé sur la colonne <strong>du</strong> tombeau d'Ilos,<br />

tend son arc contre le fils de Tydée. Diomède arrachait <strong>du</strong><br />

corps d'Agastrophe sa cuirasse éclatante, son bouclier, son casque<br />

pesant, lorsque Paris fit plier son arc flexible. La flèche vole, et ce<br />

n'est point un vain trait; elle traverse les phalanges <strong>du</strong> pied droit,<br />

et s'enfonce dans la terre. Paris ne peut retenir un rire de joie, et,<br />

sortant de son embuscade, il s'écrie en se glorifiant :<br />

« Tu es blessé; je ne t'ai point lancé une flèche inutile ; que ne<br />

s'est-elle plongée dans'tes flancs ! tu périrais, et les Troyens alors<br />

respireraient, eux qui te redoutent comme les chèvres timides redoutent<br />

un lion. »<br />

« Archer insolent, répond sans s'émouvoir le fort Diomède, trop<br />

fier, de ton adresse ; vil sé<strong>du</strong>cteur! Que ne fais-tu face à face avec<br />

moi l'épreuve de nos armes? Tu verrais l'utilité de ton arc et de<br />

tes traits nombreux ; tu m'as effleuré le pied, et te voilà gonflé<br />

d'une vaine gloire : s'inquiète-t-on de la blessure que fait une faible<br />

femme ou un enfant étourdi? Ressent-on les coups d'un guerrier<br />

méprisable et sans vigueur? Mes traits à moi s'ont plus mordants.<br />

Malheur à celui qui reçoit leurs moindres atteintes ! à l'instant il<br />

perd la vie ; sa jeune épouse se déchire lé visage, ses enfants sont<br />

orphelins; son sang rougit la terre, et la corruption le consume,<br />

«lus entouré d'oiseaux de proie que de femmes. » Comme il dit<br />

ces mots, Ulysse accourt et se place devant lui. Alors il se baisse<br />

et arrache de son pied le trait aigu; au même moment, sa blessure<br />

lui cause d'intolérables souffrances. 11 <strong>mont</strong>e sur son char et<br />

ordonne à l'écuyer de le con<strong>du</strong>ire vers les vaisseaux ; car son cœur<br />

est accablé. Ulysse est resté seul. Personne parmi les Grecs ne le<br />

seconde ; tous ont pris la fuite. 11 gémit et entretient ainsi son magnanime<br />

cœur : •<br />

« Hélas ! que faire? Trembler devant cette multitude et la fuir!<br />

Ah!.ce serait trop de douleurs; mais n'est-il pas plus déplorable<br />

de succomber ici sans secours ? car le fils de Saturne a mis en fuite<br />

les autres Grecs. 0 mon cœur! pourquoi délibérer? Ne sais-jepas<br />

que le lâche seul s'éloigne <strong>du</strong> péril? Le vaillant guerrier n'a qu'un<br />

devoir : c'est de combattre avec constance, soit qu'il frappe, soit<br />

qu'il reçoive lés coups de' l'ennemi. »<br />

Tandis qu'il roule ses pensées en son esprit et en son âme, les<br />

lignes des Troyens, armés de boucliers, marchent sur lui, l'entourent,<br />

et renferment au milieu d'elles leur fléau. Ainsi, lorsque des<br />

jeunes hommes et des chiens chassent <strong>du</strong> sanglier au plus profond<br />

de.la forêt, la bête furieuse se retourne en aiguisant, dans ses mâchoires<br />

obliques, ses blanches défenses; mais les chasseurs l'en-

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