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1 - Notes du mont Royal

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CHANT IX. 125<br />

cain ses porcs succulents. Le vin <strong>du</strong> vieillard coula, de ses grands<br />

vases de terre, à pleines coupes. Durant neuf nuits ils dormirent<br />

autour de moi, et chacun à son tour veillait pour me garder, l.o<br />

feu ne s'éteignait jamais ; l'un se tenait sous le portique de la cour<br />

bien fermée; un autre dans le vestibule, devant les portes de la<br />

chambre nuptiale. Mais lorsque la dixième nuit eut éten<strong>du</strong> sur<br />

moi ses ténèbres, je brisai les portes solidement ajustées de la<br />

chambre nuptiale; je sortis; je franchis, sans peine, le mur de<br />

la cour ; j'échappai aux regards des esclaves et des gardes. Ju<br />

m'enfuis au loin, au travers de la vaste Hellade, et j'arrivai dans<br />

la Phthie, mère féconde des troupeaux, auprès <strong>du</strong> roi Pelée. Il<br />

m'accueillit avec bienveillance, et me chérit autant qu'un père<br />

aime un fils unique, né dans ses vieux jours au sein de vastes<br />

domaines. Il me donna do grandes richesses et un peuple nombreux.<br />

Je régnai sur les Dolopes à l'extrémité de la Phthie. Cel<br />

amour, je te l'ai ren<strong>du</strong>, Achille, semblable aux dieux; je t'ai fait<br />

ce que tu es ; toi-même tu ne voulais pas sans moi assister au<br />

festin ; tu refusais de prendre ta nourriture, à moins qu'assis sur<br />

mes genbux tu ne reçusses, de ma main, le vin et les mets. Combien<br />

de fois tu as arrosé, sur mon sein, mes vêtements, des breuvages<br />

que tu rejetais dans tes caprices d'enfant! Que n'ai-je point<br />

souffert pour toi? quelles fatigues n'ai-je point en<strong>du</strong>rées? car ju<br />

n'avais pas de fils, ô divin Achille, et je te traitais comme un fils,<br />

afin qu'un jour tu détournasses de moi les amers outrages.<br />

« O mon enfant, dompte ta grande âme! 11 est indigne de toi de<br />

<strong>mont</strong>rer un cœur sans miséricorde. Les dieux eux-mêmes ne sont<br />

pas inflexibles, eux qui prévalent par la vertu, l'honneur et la<br />

force. Le suppliant, lors même qu'il a failli ou transgressé leurs<br />

ordres, les fléchit par les sacrifices, les vœux, les libations et le<br />

fumet des victimes. Les Prières aussi sont filles de Jupiter : boiteuses,<br />

ridées, l'œil incertain, elles marchent, pleines de sollicitude,<br />

sur les pas de l'injurieuse Até, qui l'emporte sur elles par<br />

la force et par la légèreté de ses pieds infatigables. Até les devance,<br />

parcourt toute la terre, et accable de maux les humains;<br />

les Prières la suivent pour réparer ses ravages. Celui qui, à leur<br />

approche, révère ces filles de Jupiter, elles le protègent, elles<br />

exaucent ses vœux. Hais malheur au téméraire qui les repousse<br />

et les chasse avec <strong>du</strong>reté : elles re<strong>mont</strong>ent alors vers le fils c'e<br />

Saturne; elles le conjurent de faire poursuivre par Até cet homme<br />

superbe, pour que la cruelle déesse le frappe et lepunisse.<br />

«Achille, accorde aux filles de Jupiter le respect qui fléchit<br />

l'esprit des sages héros. Si le fils d'Atrée ne t'apportait point *'e<br />

présents, s'il -n'en promettait point pour l'avenir, s'il persévérait<br />

il.

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