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1 - Notes du mont Royal

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124 ILIADE.<br />

ma douce patrie, je renonce à l'espoir d'une noble renommée,<br />

mais je dois jouir d'une heureuse vieillesse, longtemps hors de<br />

l'atteinte des traits de la mort. Oui, j'exhorte les autres Grecs à<br />

voguer vers leurs demeures. Jamais vous ne verrez le dernier<br />

jour de la ville escarpée de Priam. Jupiter lui-même au-dessus<br />

d'elle étend les mains, et c'est lui qui a exalté le courage de ses<br />

guerriers. Allez donc rejoindre les chefs des Grecs, rapportez -<br />

leur ce message (car telle est la récompense des anciens). Ils<br />

chercheront, en leur esprit, un plan plus efficace pour sauver la<br />

flotte et l'armée. Je persiste dans ma colère, et le moyen de salut<br />

qu'ils ont imaginé leur échappe. Phénix reste auprès de moi ; demain<br />

il me suivra dans notre douce patrie, si tel est son désir,<br />

car je ne veux point le contraindre. »<br />

11 dit. Les héros gardent un morne silence, consternés de ce<br />

discours et de la <strong>du</strong>reté de ce relus ; enfin, le vénérable Phénix<br />

prend la parole, fondant en larmes, tant il craint pour les vaisseaux<br />

des Grecs :<br />

« Si vraiment, noble Achille, ton retour est arrêté dans ton esprit,<br />

si tu refuses d'éloigner de la flotte le feu dévorant, si la colère<br />

à ce point est tombée en ton âme, comment, mon cher fils,<br />

pourrais-je seul, en ces lieux, rester loin de toi? C'est à moi que<br />

t'a confié le vénérable Pelée, le jour où de ]a. Phthie il t'envoya<br />

près d'Agamemnon, jeune encore, ignorant la guerre inexorable<br />

et les luttes de l'agora, où se signalent encore les héros. Ton père<br />

voulut que je fusse ton maître en l'art de discourir, et que, par<br />

mon exemple, je t'enseignasse les combats. Rester ici loin de toi,<br />

mon cher enfant, je ne le voudrais pas, lors même que Dieu me<br />

promettrait de me délivrer <strong>du</strong> fardeau de la vieillesse, de me ramener<br />

à la fleur de mes années, de me rendre tel que j'étais<br />

lorsque jadis je m'enfuis de l'Hellade aux belles femmes, chassé<br />

par l'indignation de mon père Amyntor, fils d'Ormène. J'excitai<br />

son courroux à cause de sa blonde captive, qu'il aimait, au mépris<br />

de son épouse ma mère. Celle-ci toujours me conjurait de sé<strong>du</strong>ire<br />

sa rivale, afin qu'elle haït le vieillard. Je lui obéis; j'accomplis<br />

ses désirs. Mon père s'en aperçut, prononça de nombreuses imprécations,<br />

et demanda aux cruelles Furies que jamais, sur ses ge- j<br />

noux, il ne caressât un fils né de moi. Hélas 1 les dieux, le Jupiter<br />

infernal, la terrible Proserpine, devaient accomplir sa<br />

malédiction. Dès lors mon âme ne put souffrir que je demeurasse<br />

plus longtemps dans les palais d'un père irrité. Cependant ses<br />

amis, ses parents, accoururent <strong>du</strong> voisinage, et me retinrent malgré<br />

moi. Mais ils demandèrent beaucoup ; ils égorgèrent ses grasses<br />

brebis, ses bœufs suDerbes, et passèrent dans la flamme de Yul-

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