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<strong>PAHAD</strong> <strong>DAVID</strong><br />
qui couvre la voix d’Esaü. Or cette voix qui s’élève des synagogues et des lieux d’étude a le pouvoir de<br />
fermer la bouche aux accusateurs non seulement le jour de Kippour, mais aussi tous les jours de l’année.<br />
On peut faire la même analyse du mot Pessa’h, qui se décompose en PeH SaH (« la bouche qui parle »).<br />
Cela signifie que lorsque les juifs racontent les merveilles de la sortie d’Egypte, ils font taire la voix d’Esaü<br />
l’accusateur, qui est pourtant extrêmement puissante. Ajoutons en outre que Pessah est formé des initiales<br />
de PaH SaH (« filet parlant »), ce qui veut dire qu’en racontant les histoires en question, nous dominons la<br />
kelipah qui ressemble à un filet parlant, image évoquée par le verset « Notre âme a été sauvée du filet des<br />
oiseleurs, le filet s’est rompu, et nous nous sommes échappés » (Psaumes 124, 7).<br />
Tout ceci doit nous enseigner la gravité de la négligence dans l’étude de la Torah et le tort qu’elle peut<br />
causer, car elle permet aux accusateurs d’ouvrir la bouche, et alors seul Dieu dans Sa miséricorde peut les<br />
faire taire. Il le fait le jour de Kippour, mais en attendant les dommages sont grands, c’est pourquoi il est<br />
clair que pendant toute l’année, il est interdit de négliger d’avoir la Torah en bouche.<br />
Nous comprenons à présent pourquoi Moïse a choisi de descendre avec les deuxièmes tables le jour de<br />
Kippour et non un autre : il voulait montrer aux benei Israël que seule la force de la Torah peut fermer la<br />
bouche aux accusateurs, et ceci le jour de Kippour (au moyen du cadeau corrupteur), de façon à ce que<br />
l’ange tutélaire d’Esaü s’abaisse devant la sainteté. Moïse leur a également annoncé que la faute du Veau<br />
d’Or leur avait été pardonnée, et a fait une allusion au fait que par le repentir et la Torah, Dieu ferme la<br />
bouche aux accusateurs avec ce cadeau corrupteur. Quelle merveille que cet amour de Dieu pour Israël !<br />
On peut encore ajouter à ce propos que le mot « Kippour » est fait des mêmes lettres que PI RaKH (« ma<br />
bouche est tendre »), ce qui signifie que le repentir et l’abaissement des benei Israël le jour de Kippour<br />
les rendent tendres aux yeux de Dieu, et aussi qu’ils affinent leur bouche par le jeûne et les prières, ainsi<br />
qu’il est dit : « le service du cœur, c’est la prière » (Ta’anith 2b, Pirkei Derabbi Eliezer 16). Cette conduite<br />
provoque un éveil d’en haut, si bien que Dieu fait taire la bouche (« PeH ») qui parle (« SaH ») pour accuser<br />
les benei Israël, ce qui nous montre jusqu’où va la force de ce jour, pour qu’il ait le pouvoir de faire tout<br />
pardonner !<br />
C’est la raison pour laquelle Moïse est monté au ciel pendant le mois d’Elloul, entièrement placé sous<br />
le signe de la stricte justice. Il s’y est consacré à l’étude et à la prière, a révisé ce qu’il avait étudié la fois<br />
précédente pour faire taire les accusateurs au moyen de sa Torah, et a aussi ajouté les deux jours de Roch<br />
Hachanah, où Dieu passe du trône de la justice au trône de la miséricorde. A ce moment-là il a atteint le<br />
niveau de LeV (« cœur », mot dont la valeur numérique est trente-deux, ce qui évoque les trente jours du<br />
mois d’Elloul et les deux jours de Roch Hachanah), car Dieu désire le cœur (Sanhédrin 106b, Zohar II<br />
165b), et on peut appliquer à ce jour le verset « O Dieu, crée pour moi un cœur pur » (Psaumes 51, 12).<br />
D’un côté on a donc LeV, et de l’autre LI (valeur numérique : quarante, à savoir les quarante jours du don<br />
de la Torah (Mena’hoth 99b)). Ensemble, ces deux mots ont une valeur numérique de soixante-douze, ce<br />
qui évoque le Nom sacré de soixante-douze lettres. Pendant les huit jours qui séparent Roch Hachanah de<br />
Kippour, Moïse s’est élevé au niveau du huit, au-dessus de la nature (cf. Lévitique 9, 1), et à ce momentlà,<br />
le jour de Kippour il a mérité le pardon pour tous les benei Israël, ainsi que Dieu le lui a dit : « J’ai<br />
pardonné selon tes paroles » (voir Rachi sur Deutéronome 9, 18).<br />
Il était donc important qu’il reste sur la montagne quarante jours et quarante nuits cette fois-là également<br />
(Deutéronome 10, 10), car par son influence sur les benei Israël il les a élevés avec lui jusque dans la<br />
sphère supérieure. De plus, quarante jours et quarante nuits font ensemble quatre-vingts. La lettre qui a<br />
cette valeur numérique est le PeH (mot qui signifie également « la bouche »). Cela veut dire que par ce<br />
séjour sur la montagne, Moïse a réparé ce qui avait trait à la voix, la voix de la Torah qui sort de la bouche<br />
(« PeH »), et a donné pour ainsi dire du pouvoir à Dieu, en réduisant l’écorce d’impureté au point de la<br />
neutraliser totalement.<br />
Dans le même ordre d’idées, examinons les quarante jours de pardon qui séparent le premier Elloul de<br />
Kippour. Comme on le sait, Moïse avait déjà passé quarante jours sur la montagne une première fois, du<br />
18 Tamouz jusqu’à Roch ‘Hodech Elloul, et c’était une période où Dieu était en colère. On trouve une<br />
allusion à cette colère dans ce qu’écrit le Maguid Mécharim du Rav Yossef Caro (ainsi que dans le Séfer<br />
Hayétsirah) : les mois de Tamouz et Av sont des mois rigoureux, et ensuite vient Elloul, c’est pourquoi tous