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PARACHAT AHAREI MOT<br />
précédente, puisque le jour Dieu lui apprenait la Torah écrite et la nuit la Torah orale (Chemoth Rabah<br />
fin de Michpatim, Tan’houma Tissa 28). Fallait-il donc recommencer à tout étudier ? Et pourquoi est-il<br />
redescendu le jour de Kippour plutôt que tout autre jour ? (à ce propos, voir Rachi sur Deutéronome 9, 18<br />
et autres commentateurs).<br />
Pour expliquer tout cela, voyons en introduction ce que disent les Sages (Béréchith Rabah 65, 20, Peti’hah<br />
de Eikha Rabah 2) à propos du verset « La voix est la voix de Jacob et les mains sont les mains d’Esaü »<br />
(Genèse 27, 22), à savoir qu’au moment où la voix de Jacob se fait entendre dans les lieux de prière et<br />
d’étude, les mains d’Esaü n’ont aucun pouvoir. Sur le verset « Quand tu gémiras, tu t’affranchiras de son<br />
joug » (Ibid. 27, 40), ils ont également dit (Béréchith Rabah 67, 7, Rachi et Yonathan Ibid.) que la bénédiction<br />
d’Isaac à Esaü signifiait que lorsque Jacob s’affranchirait du joug de la Torah, il pourrait le vaincre.<br />
Cette bénédiction est donc le fondement de toute l’existence de Jacob et du peuple d’Israël pour toutes les<br />
générations, car le monde entier n’existe que par le mérite de la présence de la Chekhinah et de l’étude de<br />
la Torah. Quand la Chekhinah ne réside pas en bas, le monde ne peut plus subsister, or elle n’est là que par<br />
le mérite de la Torah, qui « donne de la force à Dieu » (d’après Psaumes 68, 35), par conséquent sans Torah<br />
le monde ne peut se maintenir à l’existence, ainsi qu’il est écrit : « Si mon alliance avec le jour et la nuit<br />
cessait de subsister, Je n’aurais pas fixé de lois au ciel et à la terre » (Jérémie 33, 25), ce qui est interprété<br />
comme signifiant : sans la Torah, le ciel et la terre ne pourraient subsister (Pessa’him 68b, Nédarim 32a).<br />
Pour le Zohar (I 185a), « Tout se tient par l’existence de la Torah, et le monde ne continue à exister que par<br />
la Torah ». La Torah est l’existence des êtres supérieurs et des êtres inférieurs, et même au cas où le monde<br />
continuerait peut-être à exister, malgré tout sans elle la main d’Esaü détiendrait le pouvoir.<br />
C’est l’allusion qu’a faite Isaac à Jacob : ou bien la voix de la Torah se fera entendre, ou bien c’est<br />
malheureusement la voix d’Esaü qui se fera entendre. Par conséquent, l’arme principale de Jacob contre<br />
Esaü est la Torah qui est le but de toute la Création, et au moyen de laquelle l’homme peut influer sur tous<br />
les mondes avec une puissance extraordinaire pour la sanctification du Nom de Dieu.<br />
On comprend donc parfaitement pourquoi à Kippour on tente de corrompre l’ange tutélaire d’Esaü et non<br />
un autre : c’est que la cause profonde de toutes les fautes est la négligence dans l’étude de la Torah, et que<br />
lorsque la voix de Jacob ne se fait pas entendre, la voix et la main d’Esaü y gagnent la puissance de faire<br />
du mal et d’attaquer les benei Israël le jour de Kippour, ce terrible jour où ils sont jugés sur la négligence<br />
dans l’étude de la Torah. La voix d’Esaü accuse, or on ne peut pas modifier les parole d’Isaac, et la justice<br />
doit suivre son cours. C’est pourquoi on suborne l’ange d’Esaü avec un bouc, qui est choisi par le cohen<br />
gadol. Celui-ci lui impose les mains et prononce sur lui le Nom de Dieu. Cela donne au Satan une nourriture<br />
considérable qui l’incite à se taire et à renoncer à présenter les paquets de fautes dont il avait l’intention<br />
d’accuser les benei Israël. De plus, pour obtenir ce présent il est également disposé à juger favorablement<br />
les benei Israël et à prendre leur défense (Pirkei Derabbi Eliezer 46). S’il n’a absolument pas la permission<br />
d’accuser le jour de Kippour (Yoma 20a, Nédarim 32b), c’est parce qu’il a reçu cet immense cadeau et<br />
qu’il jouit de ce bouc.<br />
Cela reste vrai de nos jours, où il n’y a plus de Temple et où l’on n’envoie plus le bouc à Azazel : on<br />
continue à lire ce passage le jour de Kippour, pour que cela nous soit considéré comme si nous l’avions<br />
suborné par ce cadeau, comme dans l’expression « nos lèvres remplaceront les taureaux » (Osée 14, 3).<br />
Notre prière opère elle aussi une expiation, étant donné qu’elle remplace les sacrifices (Bérakhoth 26b,<br />
Zohar II, 20b), tout cela pour le faire taire afin qu’il n’accuse pas les benei Israël. C’est pourquoi nous<br />
évoquons tout le service de Kippour dans la prière : elle s’appelle un service, et elle a les mêmes effets<br />
(Sifri Ekev 11, 13).<br />
Nous pouvons maintenant analyser le mot Azazel, dont la valeur numérique se décompose en AZ et HoL<br />
(« insolent » et « profane »), ce qui signifie qu’au lieu de le laisser accuser les benei Israël dans son insolence<br />
(AZouth), Dieu le domine, le fait taire et le rend profane (HouLin) par le cadeau corrupteur qu’il reçoit. De<br />
plus, le mot LaAzazel (« pour Azazel ») a la même valeur numérique que AZ et SaH, ce qui constitue une<br />
allusion au Satan qui parle (SaH) continuellement pour accuser les benei Israël, sans aucune honte. Mais<br />
le jour de Kippour Dieu le fait taire et le rend profane (HouLin) et sujet de dérision dans tous les mondes,<br />
au point qu’il se voit repoussé du domaine de l’Eternel, tout cela par l’importance de l’étude de la Torah,<br />
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