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<strong>PAHAD</strong> <strong>DAVID</strong><br />
ces deux vieillards vont-ils mourir afin que moi et toi dirigions cette génération » (Sanhédrin 52a, Yalkout<br />
Chimoni 261), ou encore parce qu’ils ont enseigné la halakhah devant leur maître Moïse (Erouvin 63a),<br />
sans compter qu’ils sont entrés dans le Temple en état d’ivresse (Yalkout Chimoni Chemini 554, Zohar III<br />
39a). De nombreuses autres raisons ont été données de leur mort.<br />
Nous voyons de tout cela que même au moment où l’homme donne sa vie pour Dieu, il doit faire son<br />
examen de conscience et s’ériger des barrières qui l’empêchent d’en arriver à ce qui pourrait être considéré<br />
comme un feu étranger, car un mal peut résulter même d’une bonne chose. La Torah témoigne que Nadav<br />
et Avihou ont donné leur vie par amour pour Dieu, raison pour laquelle ils ne se sont pas mariés, préférant<br />
être libres à tout moment de tout investir en faveur des benei Israël. Ils avaient donc une puissance énorme,<br />
et s’ils disaient « afin que moi et toi dirigions cette génération », c’est parce qu’ils estimaient en avoir la<br />
force tout autant que Moïse et Aaron. N’oublions pas en effet que selon nos Sages (Zohar III 56b, Torath<br />
Cohanim Ibid.), ils avaient la même importance qu’eux, car il faut énormément de dévouement pour diriger<br />
un peuple entier, et qui plus est un peuple qui ne cesse de trouver des prétextes à se plaindre. Seulement<br />
même à cela il y a des limites, et dans leur précipitation ils ont été conduits à approcher un feu étranger dont<br />
ils n’avaient pas reçu l’ordre. Or les Sages nous ont enjoint de ne pas être exagérément parfaits (Bemidbar<br />
Rabah 21, 6, Kohélet Rabah 7, 33), et d’ailleurs leur intégrité ne les autorisait pas pour autant à enseigner<br />
la halakhah devant leurs maîtres .<br />
Pourquoi ont-ils approché un feu étranger ? C’est que dans l’intensité de leur enthousiasme et de leur<br />
attachement à Dieu, ils n’ont pas su attendre qu’un feu descende du ciel. C’est également la raison pour<br />
laquelle ils ont regardé Dieu : ils voulaient se rapprocher de Lui le plus possible, au point qu’Il en a Lui-<br />
Même témoigné en disant « Je me sanctifierai par mes proches ». Mais ils suivaient une voie que les benei<br />
Israël auraient été incapables de supporter, et comme de leur côté ils ne pouvaient pas se mettre au niveau<br />
des benei Israël, il y avait un manque d’équilibre. Il leur est donc reproché de ne pas avoir assez réfléchi<br />
dans leur démarche.<br />
Or ce n’était pas le cas de Moïse et Aaron, qui ont conduit la génération en accord avec son propre niveau,<br />
en se penchant vers le peuple, comme dans l’expression « Va, descends » (d’après Exode 32, 7). C’est<br />
pourquoi Dieu a ordonné à Moïse de dire à Aaron « qu’il n’entre pas à tout moment dans le Sanctuaire »<br />
(Lévitique 16, 2), afin qu’il n’en arrive pas à des sommets spirituels qui risqueraient de l’élever au-dessus<br />
du niveau des benei Israël. Il suffisait donc qu’il rentre dans le Saint des Saints une fois par an, après de<br />
nombreux préparatifs, un examen de conscience approfondi, et uniquement avec la permission des benei<br />
Israël qui le déléguaient, ainsi que la suite des versets nous le rapporte.<br />
Il n’en reste pas moins que la Torah témoigne sur Nadav et Avihou : « Je me sanctifierai par mes proches »,<br />
ce que Rachi explique en disant : « par mes élus », à savoir qu’ils étaient vraiment choisis par Dieu à cause<br />
de leur exemplaire abnégation. De plus, il est écrit : « Vos frères, toute la maison d’Israël, pleureront ceux<br />
qu’a brûlés le Seigneur » (Lévitique 10, 6), c’est-à-dire que tous les benei Israël ont reçu l’ordre de prendre<br />
leur deuil, eu égard à leur grandeur spirituelle. On évoque également leur mort tous les ans à Kippour, afin<br />
qu’à chaque génération ils expient pour les benei Israël.<br />
Voilà qui est tout à fait stupéfiant ! Cela nous montre à quel point il faut se garder de provoquer le moindre<br />
tort, et combien il faut tout peser attentivement, même quand on sert Dieu de tout son coeur. Car Nadav et<br />
Avihou n’ont pas été punis immédiatement pour avoir mal parlé de Moïse et Aaron, non plus que pour ne<br />
s’être pas mariés et n’avoir pas eu d’enfants, non plus que pour avoir regardé la Chekhinah, non plus que<br />
pour avoir enseigné la halakhah devant leur maître. Mais ils ont été frappés sur le champ quand ils sont<br />
entrés dans le Sanctuaire en état d’ivresse en apportant un feu étranger qui ne leur avait pas été ordonné.<br />
Cela signifie qu’ils ont été punis de leur ferveur extrême envers Dieu... même dans ce cas on doit peser ses<br />
actes avec la plus grande attention, et s’ils l’avaient fait ils n’en seraient jamais arrivés à tout ce qu’on leur<br />
reproche, car ils auraient compris qu’on ne doit pas se conduire ainsi si c’est contre la volonté de Dieu.<br />
D’après ce que nous avons dit jusqu’à présent, nous allons pouvoir répondre à la question de savoir<br />
pourquoi la Torah s’est interrompue au milieu de l’histoire de Nadav et Avihou avec Tazri’a et Metsor’a,<br />
qui n’ont apparemment aucun rapport avec ce sujet.