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<strong>PAHAD</strong> <strong>DAVID</strong><br />
lui fait la volonté de l’Eternel. C’est pourquoi ce qui le concerne est écrit avant ce qui concerne l’homme,<br />
dans les sacrifices, pour montrer à ce dernier à quel point ils se donnent en se laissant sacrifier à sa place.<br />
C’est aussi pour cela qu’ils ont été créés avant l’homme, pour être prêts à être sacrifiés s’il péchait, afin<br />
qu’il puisse continuer à vivre, car le monde a été créé essentiellement pour l’homme (Chabath 30b). Le<br />
Midrach dit encore que le mot Béréchith (habituellement traduit par « Au commencement) signifie : pour<br />
Israël, qui s’appelle réchith (« les prémices ») (Béréchith Rabah 1, 4), donc le monde a été créé pour le<br />
peuple d’Israël.<br />
C’est absolument stupéfiant. S’il n’y avait pas de sacrifices, ou si l’homme avait été créé avant la bête, et<br />
qu’il ait à ce moment-là fauté, il aurait encouru la mort. En réfléchissant à cela, on comprend parfaitement<br />
pourquoi il n’a pas été créé avant. Il fallait qu’il voie toute la création, afin qu’en constatant que tout était<br />
là en sa faveur, il ne puisse plus s’enorgueillir et que cela lui enseigne les voies du repentir.<br />
En effet, Dieu connaît la nature de l’homme, qui est de s’enorgueillir. C’est ce qui risque de lui arriver<br />
s’il voit toute la création, car il s’imaginera être quelque chose, c’est pourquoi il a été créé en dernier : à<br />
ce moment-là on pourra lui dire que même un moustique a été créé avant lui. Il apprendra en outre des<br />
animaux le don de soi et la bienséance. Et bien qu’il soit plus facile à la bête de se maîtriser, puisqu’elle<br />
n’a pas du tout de mauvais penchant, contrairement à l’homme, celui-ci peut également y arriver, car la<br />
Torah lui a été donnée pour lutter contre le mauvais penchant. Dans les termes de la Guemara : « J’ai créé<br />
le mauvais penchant, et j’ai créé la Torah comme antidote » (Kidouchin 30b, Baba Batra 16a).<br />
D’après ce que nous avons dit jusqu’ici, nous allons comprendre l’ordre que Dieu a donné aux benei<br />
Israël au moment de la sortie d’Egypte : « Le dix de ce mois-ci, prenez chacun un agneau par famille, un<br />
agneau par maison » (Exode 12, 3). De plus, Il a ordonné de l’attacher au pied du lit devant les Egyptiens,<br />
et de l’égorger ensuite, toujours aux yeux des Egyptiens, qui observent le tout sans rien faire (Zohar I 256a,<br />
III 251a), or comme on le sait, l’agneau était le dieu des Egyptiens (Chemoth Rabah 11, 4). Les Sages ont<br />
même traité cet épisode de miracle, et c’est l’une des raisons pour lesquelles ce Chabath s’appelle « Chabath<br />
Hagadol » (« le grand Chabath »).<br />
Tout cela s’éclaire à la lumière de l’opinion du Rambam et du Ramban sur la raison des sacrifices.<br />
D’après le Rambam, Dieu voulait que les benei Israël sortent de leurs concepts égyptiens. Nous avons dit<br />
que ces idolâtres prenaient la bête pour un dieu et l’adoraient, or ici ils sont obligés de constater que ce<br />
n’est qu’une bête en qui il n’y a aucune divinité, puisqu’on l’attache au pied du lit. Il faut donc adorer Dieu<br />
seul. De plus, en l’égorgeant, les benei Israël donnent le coup de grâce à la notion que la bête peut être<br />
une idole, car leur cœur n’abrite aucune des croyances des Egyptiens. C’est d’ailleurs également la raison<br />
pour laquelle Dieu leur a ordonné de prendre du sang et de le mettre sur les montants et le linteau de leurs<br />
portes (Exode 12, 7), en signe qu’ils ne portent aucun intérêt au sang de la bête (qui symbolise sa vitalité<br />
divine), et ne croient qu’en l’Eternel. Cet acte de foi leur vaudra le salut, car Dieu passera par-dessus la<br />
porte et ne permettra pas à l’ange destructeur de venir frapper (Ibid. 12, 23), les benei Israël ayant fait la<br />
preuve qu’ils ne croient pas dans les divinités des païens mais uniquement en Dieu.<br />
Et si l’on suit l’avis du Ramban, on peut dire que tout le but est de faire remonter les benei Israël de<br />
leur impureté, c’est-à-dire que le fait d’attacher l’agneau enseigne à l’homme de toujours rester attaché au<br />
service de Dieu en se donnant de son mieux, comme cet agneau qu’on s’apprête à égorger pour l’honneur<br />
de Dieu. L’acte en question montre en outre que cet animal qui est un dieu pour les Egyptiens n’est là en<br />
réalité que pour guérir l’homme et le servir (Tana Debei Eliahou Rabah 1). Ainsi les benei Israël mériteront<br />
la rédemption, car ils ont courageusement attaché l’agneau, sans craindre les Egyptiens, si bien que ces<br />
derniers ne pourront leur faire aucun mal.<br />
Il se dégage de tout cela l’enseignement que quand l’homme fait une mitsvah sans aucune réserve, il finira<br />
par être sauvé et on lui fera un miracle. Mais c’est à condition toutefois que son engagement soit total, sans<br />
espoir de miracle, car « Quiconque donne sa vie en croyant qu’on lui fera un miracle n’en verra aucun »<br />
(Sifra Vayikra 22, 32). Il ne doit agir que pour sanctifier le Nom de Dieu. C’est d’ailleurs pourquoi Dieu a<br />
ordonné de mettre du sang sur les montants et le linteau : le sang fait allusion à la chaleur du corps quand il<br />
accomplit une mitsvah avec désintéressement, si bien que cette mitsvah enseigne aux benei Israël à se conduire<br />
valeureusement, sans craindre les Egyptiens. On apprend tout cela des lois qui concernent les bêtes.