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PARACHAT TAZRI'A<br />
Voilà qui demande à être éclairci. Dans le contexte de la Création, on peut comprendre pourquoi l’homme<br />
vient après la bête et l’oiseau, le sixième jour. La Guemara explique (Sanhédrin 38a) qu’il fallait qu’il trouve<br />
tout déjà préparé pour rentrer immédiatement dans le Chabath, dans la mitsvah ; il fallait aussi qu’on puisse<br />
lui dire au cas où il s’enorgueillirait : même un moustique a été créé avant toi ; et enfin éviter qu’on puisse<br />
penser qu’il avait participé à l’acte de la Création [car c’est uniquement celui qui témoigne de la Création<br />
en récitant « ce fut le sixième jour, et les cieux et la terre furent terminés » qui devient associé à l’œuvre<br />
de Dieu (Chabath 119b, Yalkout Chimoni Béréchith 16)]. Pour toutes ces raisons, il a été créé le sixième<br />
jour. Mais pourquoi ici les lois le concernant nous sont-elles données après les lois sur la bête ? Qu’est-ce<br />
que la Torah nous enseigne par là, et qu’est-ce que cela changerait si l’on parlait d’abord de l’homme et<br />
de sa lèpre, et ensuite seulement de la bête ?<br />
C’est que la Torah nous enjoint de cette façon d’apprendre quelques principes de base des animaux<br />
domestiques et sauvages, comme il est écrit : « Il nous instruit par les animaux de la terre et nous éclaire<br />
par les oiseaux du ciel » (Job 35, 11). Je vais expliquer cette notion point par point.<br />
1. Le simple fait de l’existence des bêtes et des oiseaux prouve la présence de Dieu, qui leur donne à tous leur<br />
subsistance, ainsi qu’il est écrit : « Il donne sa subsistance à la bête, aux petits des corbeaux qui l’appellent »<br />
(Psaumes 147, 9) ; à plus forte raison nourrit-Il donc l’homme, qui est l’œuvre de ses mains (Kohélet Rabah 3,<br />
14). C’est pourquoi on trouve toujours des bêtes et des oiseaux à côté des hommes : ils ont pour mission de<br />
lui rappeler sans cesse que si Dieu pourvoit à leurs besoins, Il s’occupe aussi de l’homme.<br />
2. On peut également apprendre d’eux l’importance du don de soi, car ils manifestent un dévouement<br />
extraordinaire, par exemple les grenouilles en Egypte qui ont pénétré partout, y compris dans des fours<br />
brûlants, pour obéir aux ordres de Dieu (Pessa’him 53b, Midrach Tan’houma 28, 2). On trouve le même<br />
comportement chez ‘Hanania, Mishaël et Azaria, qui chez Nabuchodonosor ont donné leur vie pour sanctifier<br />
le Nom de Dieu, car ils ont fait un raisonnement a fortiori sur la base de la conduite des grenouilles. Au<br />
moment de la sortie d’Egypte, la Torah dit aussi des chiens : « Pour tous les benei Israël, pas un chien<br />
n’aboiera » (Exode 11, 7). Comment est-il donc possible que les benei Israël entrent et sortent des maisons<br />
des Egyptiens (cf. Chemoth Rabah 14, 3) sans qu’aucun chien ne bronche ? C’est qu’ils ont bien sûr compris<br />
et perçu que c’était la volonté de Dieu, et ils Lui ont obéi par dévouement. De plus, le Zohar (II 68b)<br />
affirme que le serpent, quand il sort, ne le fait qu’envoyé par Dieu, car lui aussi se conduit avec loyauté.<br />
Au moment où le prophète Elie a sacrifié un taureau à Dieu et un deuxième au Ba’al, au mont Carmel (I<br />
Rois 18, 23), quand le taureau du Ba’al a protesté qu’il ne voulait pas y aller (Yalkout Chimoni Ibid. 214),<br />
Elie lui a dit : « De même que le Nom de Dieu est sanctifié par cet autre taureau, il est aussi sanctifié par<br />
toi », et il a alors consenti, par abnégation. Tout homme peut et doit apprendre des bêtes et des oiseaux ce<br />
don de soi, pour s’en inspirer, et s’efforcer constamment de sanctifier le Nom de Dieu.<br />
3. Il y a également beaucoup de qualités à apprendre des animaux, comme l’ont dit les Sages (Erouvin<br />
100b) : « Si la Torah n’avait pas été donnée, nous apprendrions le vol de la fourmi, les relations interdites<br />
de la colombe, la pudeur du chat, la décence du coq, etc. »<br />
Par conséquent l’enseignement est clair. Quand l’homme s’enorgueillit, on peut lui dire : « Même<br />
un moustique a été créé avant toi » (s’il ne le comprend pas de lui-même on ne le lui dit pas, car on ne<br />
s’adresse à lui que pour qu’il en tire une leçon). De la même façon, l’homme doit apprendre des bêtes à se<br />
conduire avec don de soi, car leur dévouement va jusqu’à accepter de servir de sacrifice à sa place. Sinon,<br />
quand l’homme commet une faute, pourquoi la bête serait-elle sacrifiée pour lui ? C’est uniquement de<br />
l’abnégation.<br />
Le Ramban a écrit sur les sacrifices (Lévitique 1, 9, voir également Bérakhoth 17a) qu’au moment où l’on<br />
égorge la bête, l’homme doit penser que tout ce qu’on lui fait, c’est à lui qu’on aurait dû le faire, car tout<br />
le but du sacrifice est que l’homme fasse retour sur lui-même. Mais le Rambam estime (Moré Nevoukhim<br />
3, 46) que les sacrifices nous enseignent uniquement à ne pas nous conduire comme les non-juifs, qui<br />
croyaient en différentes sortes d’animaux (voir Chemoth Rabah 11, 4). D’après lui, il s’agit seulement<br />
d’enseigner à l’homme à ne pas s’attacher au matérialisme ni à ses désirs.<br />
L’homme apprend donc de l’animal que Dieu veille constamment, qu’il n’y a pas lieu de s’enorgueillir,<br />
et aussi qu’il faut se donner sans compter. L’animal lui enseigne aussi qu’il n’y a pas lieu de fauter, puisque<br />
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