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<strong>PAHAD</strong> <strong>DAVID</strong><br />
parler. Il est d’ailleurs écrit : « [cesse de] vaquer à tes affaires et de prononcer des paroles » (Isaïe 58, 13),<br />
ce qui signifie que la façon de parler le Chabath ne doit pas être la même que pendant la semaine (Chabath<br />
113b, Vayikra Rabah 34, 15, Zohar II 63b). Pour l’homme, c’est un renouvellement considérable de ne<br />
pas travailler et de ne même pas prononcer de paroles futiles, mais au contraire d’utiliser sa bouche pour<br />
parler de Torah, en suivant l’injonction de faire de son Chabath un jour qui est entièrement de Torah (Tana<br />
Debei Eliahou Rabah 1). Dans ces conditions, il peut ressembler à son Créateur, et opérer des merveilles<br />
par sa bouche et sa parole comme au moment de la Création, puisque le tsaddik a le pouvoir d’annuler ce<br />
que Dieu décrète (Moed Katan 16b). Il est possible que ce soit la raison pour laquelle beaucoup de justes<br />
s’abstiennent de parler le Chabath (voir ce qu’écrit à ce propos le livre Chabath Hamalkah).<br />
Tout ce que nous avons dit jusqu’à présent va nous permettre de mieux comprendre notre parachah.<br />
Comme on le sait, la femme aide son mari à se renouveler chaque jour, ainsi que Chabath et Roch ‘Hodech,<br />
car ce sont des moments où elle-même se renouvelle tout particulièrement. De plus, la réussite du foyer<br />
repose essentiellement sur la femme, comme l’a dit Rabbi Akiba à ses disciples : « Ce qui est à moi et ce<br />
qui est à vous, est à elle » (Ketouboth 63a). Par conséquent elle ressemble à quelqu’un qui « sème » une<br />
mitsvah, car l’éducation est un acte d’ensemencement. Semer, cela signifie préparer à la mitsvah dans le<br />
cadre de la pureté familiale, en surveillant les enfants dans la sainteté (car s’il suffisait d’enfanter, il y en<br />
a beaucoup qui le font...). Le renouvellement de la sainteté de la maison au jour le jour est sa fécondité.<br />
C’est pourquoi il est écrit « Quand une femme devient féconde (« sème ») », sans que la grossesse soit du<br />
tout évoquée, car cela ne dépend nullement de la grossesse mais de la fécondité, du renouvellement de la<br />
sainteté chez la femme. En contrepartie, Dieu la récompense en lui donnant un fils, ce qui représente à la<br />
fois un changement (ne pas enfanter une fille comme elle-même) et un cadeau (ce fils apprendra la Torah<br />
et mettra les tefilin). En effet, dans une maison juive Il accorde une grande récompense, conformément<br />
aux actes humains et selon un calcul d’ensemble, car dès le mariage on assiste à un changement et un<br />
renouvellement quotidiens, alors qu’un foyer non-juif vit uniquement selon la nature, sans aucun renouveau.<br />
Les versets de la parachah convergent tous dans ce sens.<br />
Tout cela nous permet de comprendre le rapport entre la parachat Tazri’a et la parachat Metsor’a, qui se<br />
suivent dans la Torah. La lèpre vient comme on le sait en punition de la médisance et de l’orgueil (Arakhin<br />
17a). Nos Sages ont dit que le mot « lépreux », Metsor’a, évoque phonétiquement motsi r’a (« celui qui<br />
propage le mal ») (Arakhin 15b, Vayikra Rabah 15a). Un seul mot du médisant peut engendrer des milliers<br />
de mauvaises paroles, parce que chacun renchérit sur ce que vient de dire l’autre. Ainsi l’expression « Quand<br />
une femme devient féconde (« sème ») » renvoie au fait qu’en bavardant, la femme sème des médisances,<br />
et la lèpre la frappe, ainsi que son mari qui s’est laissé entraîner lui aussi à parler. En médisant de telle ou<br />
telle personne, elle peut faire de lui un homme nouveau (car ses fautes sont effacées (‘Hafets ‘Haïm 87)<br />
et il redevient comme un enfant qui vient de naître). C’est ce que signifie « elle met au monde un fils ».<br />
Elle devient alors impure pendant sept jours, ce qui signifie qu’elle peut abîmer toute sa vie, car les sept<br />
jours représentent les soixante-dix ans de la vie de l’homme (voir Psaumes 90, 10) [on peut trouver une<br />
allusion à ce sujet dans le fait que la valeur numérique de Tazri’a est la même que celle des mots zeh hou<br />
be-lachon ha-ra (« c’est par la médisance »)]. En revanche, si la femme fait attention à ce qu’elle dit, elle<br />
ne fera que du bien à Israël, en se renouvelant dans la pureté et la sainteté.<br />
Comment faut-il se conduire ?<br />
Le désir de se renouveler dans le service de Dieu dépend de la sainteté et de la pureté de la famille. En<br />
effet, la femme sème des mitsvoth, préparant ainsi la voie à la sainteté. On n’atteint la pureté que par<br />
le renouvellement, et aussi en s’abstenant de dire du mal d’autrui. Si l’on se garde de toute mauvaise<br />
parole, on peut arriver à la sainteté pendant toute la vie.<br />
Il nous instruit par les animaux de la terre et nous éclaire par les oiseaux du ciel<br />
Sur le verset : « Quand une femme devient féconde et met au monde un fils » (Lévitique 12, 2), Rachi<br />
rapporte le midrach suivant (Vayikra Rabah 14, 1) : « Rabbi Samlaï a dit : Pourquoi les lois concernant l’homme<br />
figurent-elles après les lois concernant les bêtes et les oiseaux (ci-dessus parachat Chemini) ? Parce que de<br />
même que la création de l’homme est postérieure à celle de la bête et de l’oiseau, les lois qui le concernent<br />
figurent après celles qui concernent les animaux. » On peut consulter à ce sujet l’ouvrage Nitfei Maïm.