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PARACHAT CHEMINI<br />
cercle, où il a introduit une ligne droite qui ne se propage pas au point de remplir totalement l’espace,<br />
sinon il ne resterait aucune place à l’existence du monde (voir à ce propos Da’ath Outevounah du Ben Ich<br />
‘Haï, l’Introduction et le chapitre 1). Le corps est lui aussi limité par ce qu’il est capable de contenir, et sa<br />
capacité est en rapport avec la grandeur de l’âme.<br />
Da’ath Outevounah du Ram’hal (par. 72) s’exprime en ces termes : « Par sa nature et sa racine, l’âme est<br />
extrêmement grande, mais pour qu’elle puisse venir en un corps, Dieu diminue sa lumière et sa force, et<br />
n’en laisse que ce que le corps peut supporter en ce monde, comme la lune à qui il a été dit : « Réduis-toi »<br />
(‘Houline 60b), alors que dans l’avenir, « la lune brillera du même éclat que le soleil » (Isaïe 30, 26) ». Il<br />
est également écrit à propos de Moïse : « Tu l’as un peu diminué par rapport aux êtres divins » (Psaumes<br />
8, 6), ce qui signifie qu’il était limité, qu’on ne lui a pas totalement donné les cinquante portes de sainteté<br />
(Nédarim 38a). Ce sont des choses effrayantes !<br />
On comprend donc parfaitement pourquoi Dieu non seulement n’a pas estimé que Nadav et Avihou<br />
avaient péché, mais les a même considérés comme saints. Seulement à ce moment-là, on ne comprend<br />
plus pourquoi ils ont été punis !<br />
Leur faute principale a été de commettre un acte qui ne constituait pas un exemple à suivre pour les benei<br />
Israël. Tout tsaddik doit savoir que son comportement sert d’exemple aux générations suivantes. Ici, celui<br />
qui les aurait imités se serait rendu passible de mort, ce qui est contraire à la Torah, qui a été donnée pour<br />
qu’on en vive et non pour qu’on en meure, ainsi qu’il est écrit à propos des mitsvoth : « Que l’homme<br />
fera et par lesquels il vivra » (Lévitique 18, 5). Cela signifie qu’elles ne sont pas faites pour qu’il en meure<br />
(Yoma 85b, Sanhédrin 74a, Avodah Zarah 27b). Il est donc évident que de tels actes ne sont pas agréables<br />
à Dieu.<br />
Il existe néanmoins une façon appropriée de servir Dieu, qui est celle de la sanctification de Son Nom,<br />
par lequel on s’élève au niveau de la crainte du ciel. On y arrive en disant le keryat chema avec une grande<br />
attention, au point de sentir qu’on est prêt à mourir pour sanctifier le Nom de Dieu. Comme l’écrit l’auteur<br />
de Noam Elimélekh, l’homme doit imaginer qu’on le brûle et qu’on le torture pour la sanctification du<br />
Nom, en acceptant sa souffrance avec amour. En vérité, il n’y a pas de plus grand rapprochement de Dieu,<br />
surtout quand on s’attarde sur le mot « e’had » (« Un »). Ce recueillement fait mériter une longue vie,<br />
comme l’ont dit les Sages (Bérakhoth 13b, Zohar I 122b). Quand on fait attention à bien prononcer toutes<br />
les lettres du Chema, on verra son Guéhénom refroidi et le feu n’aura plus aucune prise (Ibid. 15b, Ibid.<br />
II 160b), parce qu’on aura donné sa vie pour sanctifier le Nom de Dieu et goûté au feu, or Dieu rétribue<br />
mesure pour mesure (Chabath 105b, Nédarim 32a), on méritera donc de ne pas connaître le feu du Guéhénom<br />
dans le monde à venir.<br />
Par conséquent le service de l’homme doit être calme et posé, dans un souci de ne pas provoquer la mort.<br />
L’homme n’a pas le droit de jeûner jusqu’à en mourir, même si c’est pour mieux se plonger dans l’étude de<br />
la Torah, mais au contraire rassembler ses forces pour servir Dieu. En ce qui concerne la mitsvah de donner<br />
sa vie, il y a d’autres façons de la réaliser, par exemple en disant le chema avec une grande concentration,<br />
ou en étant utile à la communauté, ce qui est une façon de sanctifier le nom de Dieu (Baba Kama 113a).<br />
C’est ce que nous disons dans le Birkath Hamazone (selon le texte sépharade) : « Fais-nous trouver<br />
notre subsistance (...) paisiblement et non dans la souffrance », à savoir une paix qui ne comporte pas de<br />
souffrance. En effet, quelqu’un peut être extrêmement riche et tirer satisfaction toute sa vie de sa richesse<br />
tout en étant malheureux parce qu’il en voudrait encore plus, ainsi qu’il est écrit : « celui qui a cent veut<br />
deux cents » (Kohélet Rabah 1, 34), (à propos du verset « Celui qui aime l’argent n’est jamais rassasié<br />
d’argent » (Ecclésiaste 5, 9)). Les Sages ont également dit « Plus on a de biens, plus on a de soucis »<br />
(Avoth 5, 7). Il peut aussi arriver que quelqu’un n’ait pas d’enfants, auquel cas toute sa richesse ne lui sert<br />
à rien. Quand Dieu a promis à Abraham une grande récompense (Genèse 15, 1, 3), il a répondu : « Que me<br />
donnerais-tu alors que je m’en vais sans descendance (...), car tu ne m’as pas donné d’enfants. »<br />
L’homme doit donc prier pour demander à Dieu de lui donner la tranquillité et l’abondance sans aucun<br />
des soucis qui pourraient l’accompagner, et que ce ne soit pas un « trésor gardé à ses possesseurs pour<br />
leur malheur » (Ecclésiaste 5, 12). La Hagadah de Pessa’h nous dit que « notre labeur » (Deutéronome<br />
26, 7) ce sont les enfants, ce qui signifie que tout le labeur de l’homme est en faveur de ses enfants. S’il<br />
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