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PARACHAT CHEMINI<br />
Ce que nous avons dit jusqu’à présent va nous permettre de comprendre qu’il en va de même pour Nadav<br />
et Avihou. « Ils apportèrent devant Dieu un feu étranger qu’Il ne leur avait pas ordonné » (Lévitique 10, 1)<br />
signifie que le service de tout homme consiste à tuer son moi et à l’apporter en sacrifice, même en ce qui<br />
touche des sujets que la Torah ne mentionne pas. « Voici la chose qu’a ordonnée l’Eternel, accomplissez-la<br />
et la gloire du Seigneur vous apparaîtra », à ce moment-là même ce qui n’est pas écrit deviendra aussi clair<br />
qu’un ordre et on l’exécutera. De quoi s’agit-il ? De se sanctifier dans ce qui est permis (Yébamoth 20a),<br />
ce qui est la voie de la grande piété. Mais tout cela n’est possible que le huitième jour, quand on se trouve<br />
au-dessus de la nature et des calculs humains, car il faut un travail considérable pour s’effacer soi-même<br />
et combattre ses défauts au point d’exécuter même ce qui n’a pas été ordonné, jusqu’à donner sa vie par<br />
amour de Dieu. Le roi Salomon dit : « Tout le travail de l’homme est dans sa bouche » (Ecclésiaste 6, 7),<br />
et c’est dans ce domaine qu’il doit s’investir. A ce propos, dans la parachat Chemini, le Zohar (III, 27a)<br />
écrit qu’Aaron avait reçu l’ordre d’apporter un veau pour réparer la faute du Veau d’Or (or le veau est fils<br />
de la vache, et il évoque la dimension du huit, car on ne peut pas le sacrifier avant le huitième jour), afin<br />
que cet acte accompli en bas éveille un acte en haut. C’est cela « accomplissez-la » : l’acte d’Aaron aide<br />
les benei Israël à être accomplis en tout, dans la bouche et le cœur, pour atteindre la perfection.<br />
Ce que nous venons de dire explique parfaitement l’expression : « Tout le travail de l’homme est dans<br />
sa bouche ». Dans sa bouche littéralement, car la bouche de l’homme témoigne qu’il est bon, droit et<br />
craignant Dieu, alors que son cœur est loin de donner la même assurance : il a une chose dans la bouche et<br />
une autre dans le cœur (Pessa’him 113b). Or ce n’est pas ainsi que doit se comporter celui qui veut monter<br />
à la maison du Seigneur, bien au contraire. « Voici la chose qu’a ordonnée l’Eternel », il s’agit d’extirper<br />
le mauvais penchant du cœur, pour que le cœur soit lui aussi bon et droit devant Dieu, en accord avec la<br />
bouche (Teroumoth 83 8, Pessa’him 63a). C’est précisément cela qu’a écrit le Admor d’Alexander sur le<br />
sujet qui nous occupe, dans Ysma’h Israël :<br />
« Ce passage de Torath Cohanim (« Faites sortir de vos coeurs ce mauvais penchant, etc. »), signifie :<br />
« Vous devez tous avoir les mêmes intentions et la même crainte du ciel », car il est écrit auparavant « toute<br />
la communauté s’est rapprochée », et aussi « aujourd’hui Dieu va se montrer à vous ». On voit donc que les<br />
benei Israël s’étaient rapprochés de Dieu avec un attachement extraordinaire et une concentration intense,<br />
c’est pourquoi Moïse leur a dit que toute la faute du Veau d’Or était due à un manque de foi, parce qu’il leur<br />
manquait un jour de la lumière de la face de Moïse, comme l’a écrit le Rabbi de Varka en ce qui concerne<br />
la vache rousse (voir ce qui est écrit dans Bemidbar Rabah 19, 4 : « Vienne la mère, et elle enlèvera les<br />
saletés faites par son fils »). Ils devaient donc éviter de se comporter hautainement, car quand la lumière<br />
leur manquait, ils en arrivaient à des erreurs graves. Il fallait faire la chose qu’avait ordonnée Dieu, avec<br />
une foi simple et parfaite, comme un ordre du Seigneur inscrit dans le cœur.<br />
Le principal est donc d’obéir à un ordre, et non de donner les apparences de la sagesse tout en ayant<br />
l’intention de n’en faire qu’à sa tête. Ce sujet est également traité par le Admor de Gour dans Beit Israël<br />
sur notre parachah (Année 5711, chapitre 3) : « Le texte ne précise pas quelle est la chose ordonnée par<br />
Dieu, mais spécifie à propos de Nadav et Avihou qu’ils ont fait quelque chose qui ne leur avait pas été<br />
ordonné.<br />
Le Sefat Emet au nom du ‘Hidouchei Harim y voit matière à un raisonnement a fortiori : Si eux qui<br />
étaient saints et ont agi par amour pour Dieu, en faisant simplement quelque chose dont ils n’avaient<br />
pas reçu l’ordre, ont atteint un tel niveau, à plus forte raison celui qui obéit à un ordre de Dieu sans en<br />
connaître la raison a une grande importance à Ses yeux. Si Moïse leur a dit : « Voici la chose qu’a ordonnée<br />
l’Eternel », c’est parce que celui qui sert Dieu se trouve dans l’ombre au début, il ne ressent rien. Il doit<br />
avant tout se raffermir, et ensuite « la gloire du Seigneur vous apparaîtra ». La même chose s’applique au<br />
verset « Approche-toi de l’autel » (Lévitique 9, 7). Aaron ne voyait pas la lumière à cause de la faute du<br />
Veau d’Or, alors Moïse lui a dit de s’approcher sans y prêter attention. C’est un enseignement pour toutes<br />
les générations. En effet il y a véritablement une sainteté cachée chez les benei Israël, mais l’obscurité<br />
est grande, et c’est seulement en recevant un ordre qu’ils vont pouvoir s’approcher. Le principal est de se<br />
comporter avec modestie, comme Aaron qui avait honte [Moïse lui a dit : Pourquoi as-tu honte, c’est pour<br />
cela que tu as été choisi (Torath Cohanim Chemini), à cause de ta modestie]. Les benei Israël ont obéi, et<br />
tout le peuple a vu, a poussé des cris de joie et s’est prosterné (Lévitique 9, 24), tout cela grâce à sa retenue.<br />
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