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<strong>PAHAD</strong> <strong>DAVID</strong><br />
car ils sont au niveau du huit (chemini), au-dessus de la nature. Le monde ne subsiste en effet que par<br />
le mérite de la Torah et du service de Dieu, ainsi qu’il est écrit : « Si mon alliance avec le jour et la nuit<br />
cessait de subsister, Je n’aurais pas fixé de lois au ciel et à la terre » (Jérémie 33, 25), ce que les Sages ont<br />
interprété ainsi : Sans la Torah, le ciel et la terre n’existeraient pas (Nédarim 32a). Cette intervention de<br />
l’homme est plus importante que le chant des étoiles. Il est écrit : « Tous les fils de Dieu poussaient des<br />
cris de joie », ce sont les benei Israël, les enfants de l’Eternel [rappelons-nous que : « Vous êtes des fils<br />
pour l’Eternel votre Dieu » (Deutéronome 14, 1)]. Par leur prière, ils attirent une abondance de grâce et de<br />
générosité sur le monde entier, et ils sont au niveau du huit (chemini) en ce qu’ils maintiennent le monde<br />
entier à l’existence.<br />
Si notre démarche est exacte, cela doit nous permettre de comprendre le Midrach (Midrach Pliah 70)<br />
sur le verset « Et Aaron se tut » (Lévitique 10, 3) : « Qu’aurait-il pu dire ? Il aurait eu lieu de se plaindre<br />
à propos de la circoncision ». Cela demande à être expliqué : quel rapport y a-t-il entre la mitsvah de la<br />
circoncision et la mort des deux fils d’Aaron ? C’est tout à fait clair d’après ce que nous venons de dire :<br />
par la circoncision, le bébé arrive à la sainteté du huit (chemini), qui est au-dessus de la nature. C’est ce<br />
qui est arrivé aux deux fils d’Aaron, qui le huitième jour ont atteint une sainteté considérable, dépassant le<br />
niveau naturel. Certes, ils ont cherché à honorer Dieu en offrant un feu qui ne leur avait pas été ordonné<br />
(Ibid. 10, 1), mais c’est parce qu’ils aspiraient profondément à se rapprocher. Et c’est là-dessus qu’Aaron<br />
aurait pu protester, en arguant du fait que ses fils étaient arrivés au niveau qu’atteint l’enfant le huitième<br />
jour, au moment où on le circoncit. Et pourtant, « Aaron se tut », il n’a protesté ni contre Dieu ni contre<br />
Ses décisions.<br />
Au bout du compte, nous voyons que l’essentiel du service réside dans le zèle mis à accomplir les<br />
mitsvoth et à étudier la Torah. Cette idée permet de mieux comprendre le verset : « Voici la chose qu’a<br />
ordonnée l’Eternel, accomplissez-la et la gloire du Seigneur vous apparaîtra » (Lévitique 9, 6). En effet,<br />
beaucoup de commentateurs se sont déjà posé la question de savoir quelle était cette chose ordonnée par<br />
l’Eternel, ce que le verset ne précise nullement. Peut-être peut-on supposer que Moïse a dit aux benei Israël :<br />
« Pourquoi vous tenez-vous là sans rien faire ? Déjà au moment du don de la Torah, quand vous avez dit<br />
« Nous ferons et nous écouterons » (Exode 24, 7), vous n’avez rien fait en fin de compte de tout ce que<br />
vous aviez dit ni de tout ce que vous aviez entendu ! » C’était une sorte de reproche qu’il leur adressait<br />
avant que la présence divine ne repose sur eux le huitième jour (Torath Cohanim, Séder Olam 7), afin de<br />
leur briser le cœur et qu’ils se repentent rapidement.<br />
Dans : « Cette chose qu’a ordonnée l’Eternel, accomplissez-la », l’accent est mis sur l’accomplissement,<br />
car « Ce n’est pas l’étude qui est l’essentiel mais l’action » (Avoth 1, 17, Zohar III 218b, 278b). Par<br />
ailleurs, le mot « a ordonnée » (tsiva) évoque également la diligence, puisque les Sages ont dit que le mot<br />
tsav (« ordonne ») est employé pour inciter au zèle (Torath Cohanim Tsav 6, 2). Par conséquent, il faut<br />
lutter contre le mauvais penchant dans ces deux domaines, l’action et l’empressement, sans se contenter<br />
de rester là où l’on est, afin d’éviter de ressembler à ces gens qui entendent des remontrances sans du tout<br />
mettre en action ce qu’ils entendent, parce qu’ils ne manifestent aucun empressement immédiatement<br />
après avoir entendu les reproches. Plus tard, le mauvais penchant a déjà eu le temps de pénétrer en eux et<br />
de les déranger.<br />
C’est cela que dit Moïse : « Voici la chose qu’a ordonnée l’Eternel, accomplissez-la », il ne suffit pas<br />
d’être là sans bouger, « le temps est venu d’agir pour l’Eternel, on a violé Ta Torah » (Psaumes 119, 126),<br />
à savoir qu’il faut agir pour l’Eternel, sans quoi on aura violé Sa Torah, car le mauvais penchant sera venu<br />
déranger l’homme dans son service. Par conséquent l’homme doit toujours se dépêcher d’agir au service<br />
de Dieu.<br />
S’il parvient à acquérir cet empressement, il arrivera au niveau du « huit », au-dessus de la nature, ce<br />
qui provoque une grande souffrance aux forces de l’ombre et du mal. Dans le cas contraire, cette grande<br />
souffrance sera celle de l’homme lui-même. Ces notions permettent de comprendre ce qui est écrit au début<br />
de la parachah (Lévitique 9, 1-2) : « Quand on fut (VaYéHi) au huitième jour, Moïse appela Aaron... et il<br />
dit à Aaron : prends un veau adulte, etc. ». Cela demande explication, car nous savons que l’expression<br />
VaYéHi indique toujours un événement triste (Méguilah 10, Vayikra Rabah 11, 7), comme il ressort du<br />
verset : « Il arriva (VaYéHi) à l’époque où gouvernaient les Juges qu’il y eut une famine dans le pays »