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<strong>PAHAD</strong> <strong>DAVID</strong><br />
Aaron et à ses fils ce qui suit » (Lévitique 6, 2) : Tsav est un mot qu’on emploie pour stimuler celui à qui<br />
l’on s’adresse, ce qui est particulièrement nécessaire là où existe un risque de perte (Torath Cohanim 6, 1),<br />
ce qui est le cas puisque l’holocauste est entièrement consumé pour Dieu. Il l’a également encouragé à<br />
enlever la cendre de l’autel, ainsi qu’il est écrit : « Il enlèvera sur l’autel la cendre de l’holocauste consumé<br />
par le feu » (Ibid. 6, 3), pour qu’il ne s’enorgueillisse pas, allusion au fait que ce travail de nettoyage qui<br />
obligeait le cohen à enlever ses vêtements pour en mettre de plus simples afin de ne pas se salir (Chabath<br />
114a, Yoma 23b), provoquait par là même une élévation.<br />
C’est précisément ce danger de l’orgueil que redoutait Aaron, surtout après avoir porté les huit splendides<br />
vêtements du Grand Prêtre. Même le nettoyage des cendres avec des vêtements plus simples risquait de ne<br />
pas vraiment provenir de l’amour de la mitsvah, et par conséquent ce serait pour lui une sorte d’humilité<br />
qui recouvrirait en réalité une façon de se sentir supérieur aux autres.<br />
C’est pourquoi Dieu a dit à Moïse d’attirer Aaron par des paroles en lui disant : « Voici la Torah [règle]<br />
de l’holocauste », car en accomplissant les mitsvoth avec empressement on se rapproche de Dieu. Dans le<br />
même ordre d’idées, le zèle incite à accomplir les mitsvoth le plus tôt possible (Pessa’him 4a, Tan’houma<br />
Pessikta Zouta Vayéra 22). C’est ainsi qu’on arrive à la pureté, à la sainteté, à la résurrection des morts et à<br />
l’esprit saint (Avodah Zarah 20b). De plus, le nettoyage des cendres, qui comporte un élément d’abaissement,<br />
mène à l’humilité et non à l’orgueil. Dans ce contexte, il n’y a pas lieu de craindre d’en venir à se gonfler<br />
d’importance, car le zèle conduit à l’effacement de soi et à une grande humilité envers Dieu, et c’est<br />
précisément par ce biais qu’on se rapproche davantage de l’Eternel et qu’on arrive au but ultime.<br />
Nous comprenons donc mieux à présent pourquoi Dieu a ordonné de rassembler les benei Israël afin<br />
qu’ils contemplent Aaron et ses fils dans leur rôle de prêtres : cela leur enseignera l’humilité et l’effacement<br />
à travers le service des cohanim, lorsqu’ils constateront que même après tous les honneurs dont Dieu a<br />
investi Aaron, ce n’est pas de lui-même qu’il est fier mais du fait qu’il a un rôle saint, et qu’il en ramène<br />
tout l’honneur à l’Eternel.<br />
En réfléchissant, la même idée nous aidera aussi à comprendre d’autres points de notre parachah. Un<br />
immense miracle a été fait à Aaron de n’avoir été la cause d’aucun incident, car l’huile d’onction d’Aaron<br />
devait servir à toutes les générations. En effet, les benei Israël se sont inspirés du comportement humble<br />
et effacé des cohanim, dont la sainteté d’Aaron, que rien n’est venu ternir, était un exemple parfait. C’est<br />
pourquoi Moïse a oint Aaron de l’huile d’onction, allusion au fait que l’huile surnage sur l’eau ainsi que sur<br />
tous les autres liquides (Chemoth Rabah 36, 1). Par ailleurs, l’onction (mechi’hah) fait allusion à l’Oint du<br />
Seigneur (Machia’h). Bref, le service du cohen doit être exécuté avec célérité et surnager immédiatement<br />
comme l’huile, ce qui évoque le Machia’h. Mais en même temps, Aaron a apporté un taureau expiatoire,<br />
allusion au fait que personne n’est exempt de péché (« il n’y a aucun juste sur terre qui ne fasse que le<br />
bien sans jamais fauter » (Ecclésiaste 7, 20)), même ce cohen qui est l’oint du Seigneur. Quand il verra le<br />
taureau expiatoire, le Grand Prêtre n’en viendra pas à s’enorgueillir, et même s’il n’a rien à se reprocher,<br />
cela l’incite à l’effacement et à l’humilité devant Dieu.<br />
Il apporte en outre deux béliers et un panier de matsoth, pour signaler que bien qu’il soit unique et<br />
n’ait pas son pareil, puisque lui seul rentre dans le saint des saints, il a néanmoins besoin d’un sacrifice<br />
supplémentaire car le mauvais penchant est très fort et cherche à le faire trébucher, lui le plus grand tsadik.<br />
Nos Sages ont enseigné que « quiconque est plus grand que son prochain a un mauvais penchant plus<br />
puissant que lui » (Soukah 52a). Il est également possible que ces deux béliers fassent allusion aux deux<br />
Temples où ont servi les cohanim, ainsi que le panier de matsoth, car les matsoth, nourriture fine et qui ne<br />
se gonfle pas, font allusion à l’humilité.<br />
C’est donc pour éviter à Aaron de risquer de s’enorgueillir que la Torah a prévu tout ce cérémonial, car<br />
un bon début devait assurer une bonne suite pour toutes les générations. Nous voyons là un très grand<br />
principe, à savoir que tout dépend du début, de la même façon que le corps dépend de la tête (Erouvin<br />
41a, Sotah 48b). Dans les termes de Rabbi Elazar Harokea’h : « La ferveur n’est jamais aussi forte qu’à<br />
ses débuts », car lorsque le juste montre la voie droite dès l’abord à ceux qui écoutent son enseignement,<br />
il y a une suite solide pour toutes les générations ultérieures.