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<strong>PAHAD</strong> <strong>DAVID</strong><br />
voulu montrer aux benei Israël la différence entre son immense richesse et leur pauvreté, afin de les briser<br />
moralement.<br />
A ce moment-là, les juifs ont été condamnés à la destruction, parce qu’ils avaient donné de la puissance<br />
à la kelipah et aux forces de l’ombre. C’est pourquoi la reine Esther, quand elle a entendu que Mardochée<br />
s’était revêtu d’un sac et de poussière, lui a envoyé demander par ‘Hatakh de quoi il s’agissait (mah zeh véal<br />
mah zeh) (Esther 4, 5). Cela signifie que pour annuler le décret, il leur fallait d’abord sortir du désespoir<br />
et de la mélancolie où ils étaient plongés, s’éveiller au repentir et se rattacher de nouveau à Dieu dont ils<br />
avaient dit autrefois : « C’est mon Dieu (zeh E-li) et je lui rends hommage » (Exode 15, 2). Ils devaient<br />
aussi accomplir à nouveau les Dix Paroles dont la Torah dit qu’elles étaient écrites des deux côtés (mi-zeh<br />
ou mi-zeh, Ibid. 32, 15), et de plus découvrir ce qui était caché dans leur intériorité, à savoir le mah (quoi),<br />
dont la valeur numérique est la même que celle de adam (« homme »), ainsi que celle du Tétragramme<br />
quand on écrit le détail de toutes les lettres (Zohar ‘Hadach Ruth 102b). Cela signifie qu’en se rattachant à<br />
la parcelle de divinité en eux au moyen de zeh (zeh E-li, c’est mon Dieu), ils pourraient s’éveiller de leur<br />
sommeil, et le salut arriverait. Ils mériteraient en outre une élévation spirituelle, évoquée par al mah zeh<br />
(la racine « al » signifie s’élever). En se rattachant au zeh et au al, ils s’élèveront et seront sauvés.<br />
Là-dessus, Mardochée lui a raconté et kol acher karahou (tout ce qui lui était arrivé) (Esther 4, 7). ACHeR<br />
est formé des mêmes lettres que ROCH (la tête), KaRahou peut être compris comme évoquant KeRiRout<br />
(le refroidissement). Cela signifie qu’il lui a mandé que les benei Israël étaient arrivés à un tel désespoir que<br />
leur tête et leur cerveau s’étaient complètement refroidis et qu’ils étaient loin de Dieu, tout cela ayant été<br />
provoqué par KaRaou, à cause du premier KaRaou, qu’on rencontre dans la Torah à propos d’Amalek. En<br />
effet, Haman était descendant d’Amalek, à propos de qui il est écrit : « ACHeR KaRekha badérekh (qui t’a<br />
surpris [ce qu’on peut traduire par « refroidi » dans l’interprétation des Sages] en chemin) » (Deutéronome<br />
25, 18). ACHeR, ce sont les lettres de ROCH (la tête), KaRekha est le même mot que KaRahou. Cette<br />
froideur (KeRirout) à conduit Israël à profiter du festin d’Assuérus.<br />
A ce moment-là, Esther lui a répondu : « Rassemble tous les juifs ... jeûnez pour moi et ne mangez ni ne<br />
buvez rien pendant trois jours et trois nuits; mes servantes et moi-même jeûnerons également, et alors je<br />
me présenterai devant le roi » (Esther 4, 16). Cela signifie : avant tout, tu dois rassembler tous les juifs pour<br />
qu’ils viennent écouter tes remontrances, que cela provoque en eux un réveil; alors seulement ils seront<br />
sauvés, car ils ne peuvent pas l’être avant d’être unis (Tan’houma Nitsavim 1, Yalkout Chimoni Amos<br />
549). Ce sont les reproches du juste qui leur seront plus utiles même que des actes. Sur le péché commis en<br />
jouissant du festin d’Assuérus, ils obtiendront le pardon en jeûnant, ce qui servira à annuler en eux la force<br />
du désir. En effet, l’homme doit réparer dans le domaine même où il a fauté, c’est ainsi qu’il s’éveille au<br />
repentir et peut renouer le lien initial avec le saint béni soit-Il. C’est cela « alors je me présenterai devant<br />
le roi », à savoir le Roi du monde.<br />
Nous apprenons de là la grandeur et l’importance du jeûne, qui diminue la graisse et le sang comme si<br />
l’on s’offrait en sacrifice sur l’autel (Bérakhoth 17a). Quand l’homme domine ses désirs et ses appétits<br />
matériels, la lumière de Dieu commence à briller en lui, et il la reçoit mieux que lorsque la matière vient<br />
faire obstacle entre celui qui envoie la lumière et celui qui la reçoit. De plus, à ce moment précis l’homme<br />
trouve la force de faire sortir de son coeur la sainteté cachée en lui et de la faire jaillir à l’extérieur, comme<br />
un roi qui brise toutes les barrières sans que rien ne puisse l’en empêcher (Pessa’him 110b). Il met alors<br />
en pièces ces barrières de pierre qui étaient devenues comme un rempart fortifié entre lui et l’Eternel.<br />
Mais tout cela n’est possible que quand l’homme est habité d’une grande humilité, et qu’il va vers<br />
Mardochée, à savoir le juste, pour entendre ses remontrances, étudier la Torah près de lui, et se laisser<br />
influencer par lui, qui est sans cesse relié à l’Eternel.<br />
Maintenant que nous en sommes arrivés là, nous allons pouvoir comprendre ce que signifie le verset « Ceci<br />
est la Torah de l’holocauste, c’est l’holocauste qui se consume sur le brasier de l’autel». Tout d’abord, il<br />
faut réparer le mah zeh, pour comprendre de quoi il retourne... à savoir : « ceci est la Torah de l’holocauste,<br />
c’est l’holocauste », l’élévation (cf. holocauste) ne provient que de l’effacement de soi et l’humilité. Quand<br />
l’homme se fait petit il commence à s’élever, comme il ressort de l’histoire de Rabbi Elazar ben Dourdaya,<br />
(Avodah Zarah 17b) qui a écouté les remontrances d’une prostituée. Il s’est effacé à ce point, ce qui lui a<br />
permis de s’élever jusqu’à « gagner son monde en un seul instant ».