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<strong>PAHAD</strong> <strong>DAVID</strong><br />
pures, et non entachées du désir des honneurs ou d’intérêt, comme le dit la Michnah : « Ne fais pas de la<br />
Torah une pioche pour creuser », et aussi « Celui qui utilise la couronne [de la Torah] à ses propres fins<br />
est appelé à disparaître » (Avoth 4, 7), car quiconque en tire un profit personnel met en danger sa propre<br />
existence.<br />
Par conséquent, on comprend parfaitement pourquoi c’est à propos de l’holocauste qu’il est question<br />
d’empressement, dans l’immédiat et pour toutes les générations, et pourquoi cet encouragement figure<br />
justement à propos de l’holocauste qui implique une perte financière : c’est que le mot holocauste (OLA)<br />
est de la même racine que le mot élévation (hitALOUt). Dans le même contexte figure un mem à la fois petit<br />
et ouvert, allusion au dévouement total et à l’humilité, au zèle et à l’étude acharnée de la Torah. Tout cela<br />
constitue une élévation, car c’est de cette façon qu’on arrive à exécuter les mitsvoth. De plus, on comprend<br />
pourquoi il est dit « Ordonne à Aaron » et non pas aux benei Israël : Aaron aimait la paix, poursuivait la<br />
paix, aimait les hommes et les rapprochait de la Torah (Avoth 1, 12); il exécutait avec empressement sa<br />
tâche de réconcilier les hommes entre eux (Avoth de Rabbi Nathan 12, 4, Zohar II 88a) de façon telle<br />
qu’ils ne retombent pas dans leur faute. Toute la Maison d’Israël apprenait de lui à se comporter en toutes<br />
circonstances avec empressement et dévouement. A moins de cela il y aurait eu un manque, surtout dans<br />
les mitsvoth entre l’homme et Dieu.<br />
Puisque nous en sommes arrivés là, cela va nous permettre de comprendre le lien entre la parachath Tsav<br />
et le Chabath Hagadol [car la plupart du temps, la parachath Tsav est lue à Chabath Hagadol], non sans<br />
avoir préalablement posé quelques questions.<br />
A. Pourquoi les Sages ont-ils appelé « Chabath Hagadol » le Chabath qui précède Pessa’h, alors qu’on<br />
sait bien que tous les Chabatoth de l’année sont saints et grands, ainsi que nous le chantons le Vendredi soir<br />
: « C’est un jour saint de son arrivée à son départ ». Qu’est-ce que ce Chabath-là a donc de particulier ?<br />
Certes, les Sages ont expliqué qu’en ce jour, il a été fait un miracle aux benei Israël, car ils n’ont pas hésité<br />
à attacher l’agneau au pied de leur lit, tout idole des Egyptiens qu’il était, et que ceux-ci ont eu beau grincer<br />
des dents à ce spectacle, ils ne leur ont fait aucun mal (Yalkout Chimoni Bo 191, 195). Mais il faut tout<br />
de même rappeler qu’en Egypte, les benei Israël ont vu des miracles tous les jours. Pourquoi donc ne pas<br />
avoir fixé un « grand dimanche », et ainsi de suite ?<br />
B. Il a été dit aux benei Israël : « Au dixième jour de ce mois, que chacun se procure un agneau » (Exode<br />
12, 3). Or ce jour était un Chabath. Pourquoi fallait-il donc le prendre précisément un Chabath ? Pourquoi<br />
en outre devait-ce être le dixième jour du mois [voir ce que disent à ce sujet Pessa’him 96a, Mekhilta sur<br />
ce passage, et Rachi sur Exode 12, 6, dont les propos sont très éclairants] ? Le miracle pouvait certainement<br />
avoir lieu n’importe quel jour !<br />
Essayons maintenant de répondre. On sait qu’en Egypte, les benei Israël étaient descendus jusqu’à la<br />
quarante-neuvième porte d’impureté (Zohar Yitro 39a) et avaient pratiqué l’idolâtrie (Chemoth Rabah 39a).<br />
Pour qu’ils puissent être sauvés, Dieu leur a donné l’occasion de gagner un mérite qu’Il leur compterait,<br />
et qui est la mitsvah de Chabath (en plus du sang du sacrifice de Pessa’h et de la circoncision). Ils ont dû<br />
l’observer au péril de leur vie, puisqu’ils devaient attacher l’agneau à leur lit, ce qui représentait un acte<br />
d’héroïsme à cause des Egyptiens. Ce mérite leur permettrait d’être sauvés. Et ce n’est pas pour rien qu’ils<br />
ont reçu l’ordre d’attacher l’agneau le dix du mois : c’est une allusion aux dix paroles qu’ils allaient recevoir<br />
au mont Sinaï. Ainsi, ils seraient protégés à la fois par le Chabath et par la Torah.<br />
C’est ce que Dieu voulait faire comprendre aux benei Israël : la Torah par le mérite de laquelle ils allaient<br />
être délivrés devait s’acquérir par un dévouement absolument sans limites. En l’absence de cette abnégation<br />
et de l’empressement nécessaire, il y aurait un tel manque qu’ils ne pourraient pas être sauvés. Il leur a<br />
donc donné le Chabath qu’il faut beaucoup de courage pour observer, et qui de plus est considéré comme<br />
aussi important que la totalité de la Torah et des mitsvoth (voir Bérakhoth 1, 5, Chemoth Rabah 25, 16,<br />
Zohar II 89a). Sa grandeur est par conséquent considérable, et le Chabath qui précède Pessa’h s’appelle<br />
Chabath Hagadol parce qu’il inclut la Torah toute entière.<br />
C’est pourquoi une grande abondance pour tous les Chabatoth de l’année découle pour chaque juif de<br />
ce Chabath particulier. Tout juif fait preuve de courage pour l’observer : il ferme sa boutique, risquant