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<strong>PAHAD</strong> <strong>DAVID</strong><br />
nos Sages : « L’homme doit toujours se comporter envers les paroles de Torah en bœuf pour le joug et en<br />
âne pour le faix » (Avodah Zarah 8b), car c’est pour cela qu’il a été créé. De même, il faut accomplir les<br />
mitsvoth dans la joie, comme on exécute les ordres d’un roi, qu’on n’a aucune possibilité d’éluder ; elles<br />
n’ont pas été données pour qu’on en jouisse mais pour qu’on en porte le joug (Erouvin 31a, Yérouchalmi<br />
fin de Teroumoth), car elles sont le but de la création de l’homme.<br />
Mais il faut encore expliquer pourquoi la Torah n’a pas écrit « Si vous marchez dans ma Torah et si<br />
vous gardez mes mitsvoth, etc. ». Alors, on saurait qu’il est question l’étude. Pourquoi a-t-elle écrit « Mes<br />
statuts » ?<br />
On peut encore s’interroger sur ce qui suit : « Je donnerai Vos pluies en leur temps, et la terre donnera<br />
ses récoltes » (Lévitique 26., 4). Comment peut-on établir un lien entre l’étude de la Torah, la pratique des<br />
mitsvoth, et le fait que les pluies soient données en leur temps ? Il existe de nombreux endroits où non<br />
seulement personne n’étudie, mais où il n’y a même pas un soupçon de Torah et encore moins de mitsvoth,<br />
et pourtant on voit que les pluies tombent en abondance. Comment est-ce possible ?<br />
Essayons d’expliquer tout cela au mieux. Comme on le sait, l’homme a été créé corporel et rempli de<br />
désirs. En dehors de l’âme qui est en lui, il n’est lié qu’à la terre dont il provient, comme le souligne le<br />
verset : « Car tu es poussière et tu retourneras à la poussière » (Genèse 3, 19). Mais le but de son existence<br />
en ce monde est de transformer toutes les forces matérielles qui sont en lui en spiritualité, au point que même<br />
ses désirs deviennent uniquement un moyen de servir Dieu avec enthousiasme. Or il est bien évident qu’un<br />
ignorant ne peut pas être pieux (Avoth 2, 5, Avoth Derabbi Nathan 26, 3, Zohar III, 222b), car un homme<br />
charnel ne peut pas transformer sa racine matérielle de façon à ce que ses 248 membres et 365 tendons<br />
deviennent entièrement consacrés à Dieu, comme l’âme qui est en lui pour Le servir dans la joie.<br />
Mais à partir du moment où il s’investit dans l’étude de la Torah et des mitsvoth sans ménager ses efforts,<br />
et dans la joie, il se transforme radicalement, et devient semblable à un « homme de Dieu » (Deutéronome<br />
33, 1) : de simple homme qu’il était, il s’attache à Dieu, même si cela doit lui valoir de nombreux tourments,<br />
car Dieu lui a donné la terre pour en faire un Ciel, ainsi que l’explique le Rav de Kotzk sur le verset : « La<br />
terre Il l’a donnée aux hommes » (Psaumes 115, 16), pour en faire un Ciel.<br />
De plus, l’homme doit aussi prêter une grande attention aux mitsvoth même faciles, car il est dit : « Cours<br />
vers une mitsvah facile comme vers une mitsvah difficile » (Avoth 4, 2). C’est pour cela que la Torah ne<br />
spécifie pas la récompense de chaque mitsvah : « Tu ne connais pas la récompense des mitsvoth » (Avoth<br />
2, 1), « Il n’y a pas de récompense pour les mitsvoth en ce monde » (Kidouchin 39b), ou encore : « la<br />
récompense d’une mitsvah est une autre mitsvah » (Avoth 4, 2, Tana Debei Eliahou Rabah 15). Tout cela<br />
est destiné à ce que les mitsvoth, même en apparence insignifiantes, soient considérées par l’homme comme<br />
d’une grande importance.<br />
On peut dire par conséquent que c’est la raison pour laquelle l’étude de la Torah s’appelle « statut », car<br />
s’il était écrit « si vous marchez dans Ma Torah », l’homme s’occuperait de Torah en décidant lui-même<br />
ce qui lui paraît important, et où il convient de mettre tout son effort, et ce qui lui paraît plus négligeable,<br />
qu’il aurait tendance à ne pas travailler assez, c’est pourquoi l’étude de la Torah dans son intégralité, qu’elle<br />
paraisse plus ou moins importante, s’appelle « Mes statuts », sans aucune distinction, et sans préciser ce<br />
qui est essentiel ou moins important, en donnant la même valeur à tout, pour que l’homme mette son effort<br />
de la même façon dans tout, sans aucune exception.<br />
Cette idée se trouve en allusion dans les mots suivants : « IM Bé’houkotaY telekhou véeT » (« Si vous<br />
marchez dans Mes statuts et si »). En prenant la dernière lettre de chaque mot, on obtient le mot Yamout,<br />
« il mourra », ce qui rappelle « Adam ki YAMOUT baohel » (« quand un homme meurt dans la tente)<br />
(Nombres 19, 14), verset qu’on applique souvent à l’étude de la Torah, car la Torah ne se maintient que<br />
chez celui qui se tue pour elle (Bérakhoth 63b, Chabath 63b), à savoir qu’on doit se tuer en travaillant aussi<br />
bien ce qui paraît accessoire que ce qui semble capital.<br />
Par conséquent nous comprendrons parfaitement la signification du verset : « Je donnerai vos pluies<br />
en leur temps » (Lévitique 26-, 4). Quand quelqu’un est capable de ne plus faire de différence entre une<br />
mitsvah importante ou moins importante et accomplit les plus insignifiantes avec la même attention que si<br />
elles étaient essentielles, s’il investit autant d’effort dans l’étude d’un sujet facile que dans celle d’un sujet