Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
PARACHAT BEHAR<br />
Par conséquent, si quelqu’un avait le malheur de se voir privé d’une terre qui lui vient en héritage de ses<br />
ancêtres, parce qu’il a dû la vendre à cause d’une dette qu’il avait ou pour toute autre raison, il aura une<br />
grande douleur de ne plus pouvoir accomplir les mitsvoth qui dépendent de la terre, et gardera même peutêtre<br />
rancune à d’autres, ce qui entraînera le contraire de l’unité entre les benei Israël, au point d’empêcher<br />
qu’ils accomplissent la Torah. Il est vrai qu’elle a été donnée dans le désert, avant l’entrée en Erets-Israël et<br />
avant que les benei Israël possèdent des terres (voir Kidouchin 37b), mais par la suite, quand ils entreront<br />
dans le pays, ce risque de perdre des terres peut entraîner des dissensions.<br />
C’est pourquoi les benei Israël ont reçu la mitsvah de chemittah, et précisément au mont Sinaï, où l’Eternel<br />
leur a révélé ce secret qui leur permettrait de continuer à vivre dans l’unité même s’ils en venaient à perdre<br />
leur terre. Comment cela ? A cause de la notion : « Six années tu sèmeras ton champ (...) et la septième<br />
année sera un Chabath complet pour la terre » (Lévitique 25, 3-4). C’est pour cela que le juif doit se rappeler<br />
ce grand rassemblement du six Sivan où la Torah a été donnée, quand tout le monde était uni comme un<br />
seul homme avec un seul cœur, et dont la conséquence est qu’il faut continuer à vivre dans l’unité même<br />
une fois installé dans le pays. Alors on travaillera pendant six ans pour renforcer l’unité avec le prochain<br />
la septième année, entièrement destinée aux benei Israël, et ils vivront une véritable unité, qui évoque le<br />
septième millénaire (voir Avodah Zarah 9a, Sanhédrin 97a).<br />
L’Eternel connaît le fond du cœur de tout homme, et sait qu’il ne lui est pas facile d’ouvrir son champ<br />
à tout le monde la septième année, au bénéfice de tous ceux qui n’ont pas la chance de posséder une<br />
terre, en particulier l’étranger, l’esclave, etc. Il doit donc vraiment travailler à se perfectionner pendant<br />
six ans d’affilée pour que la septième année il ait des sentiments favorables envers chacun, et que tous<br />
ressentent véritablement l’unité. On peut en prendre pour exemple un homme qui travaille tous les jours<br />
de la semaine : quand arrive le Chabath, il a une sensation de liberté et de repos, alors que s’il se reposait<br />
pendant toute la semaine, le Chabath il ne ressentirait ni repos ni élévation dans la Torah. Celui qui ne se<br />
repose que le septième jour sent bien que l’Eternel l’a choisi et sanctifié, et aussi qu’il s’accompagne d’une<br />
âme supplémentaire (Beitsah 16a).<br />
Dieu a sanctifié la septième année de la même façon que le Chabath... et si le Chabath nous nous souhaitons<br />
mutuellement « Chabath chalom » en signe d’unité, toute la semaine étant comme une préparation à ce<br />
sentiment d’union, de la même façon la septième année il faut ressentir la liberté et l’unité, non seulement<br />
en paroles, mais en mettant ses biens de tout cœur à la disposition de tous, afin que chacun ressente la<br />
véritable liberté, même ceux qui n’ont pas la chance de posséder une terre.<br />
De plus, les années de chemittah précèdent le jubilé, où chacun doit rendre la terre à son propriétaire<br />
initial, ainsi qu’il est écrit : « Chacun de vous rentrera dans son bien (...), pendant cette année de jubilé vous<br />
rentrerez chacun dans votre possession » (Lévitique 25, 10, 13). Or il est difficile à l’homme de rendre à ses<br />
premiers propriétaires une terre qu’il a achetée, car il se dit à ce moment-là qu’il aurait mieux valu ne pas<br />
l’acheter du tout et investir l’argent dans autre chose. Mais celui qui s’habitue une fois tous les sept ans à<br />
mettre ses biens à la disposition de tout passant et à donner à tout le monde la permission d’entrer pourra<br />
accomplir la mitsvah du jubilé avec la même perfection et rendre la terre à ses premiers propriétaires, afin<br />
qu’eux aussi puissent ressentir la véritable liberté dont ils ont été privés pendant toutes ces années.<br />
L’Eternel a révélé ce secret à Moïse et aux benei Israël au mont Sinaï, pour qu’il demeurent unis, et tout<br />
particulièrement au moment de la fête de Chavouoth où nous célébrons le don de la Torah (moment où<br />
est lue la parachat Béhar). Il faut être prêt à travailler sur les quarante-huit qualités par lesquelles la Torah<br />
s’acquiert (Avoth 6, 5), dont la plupart concernent les rapports des hommes entre eux, et qui recouvre le même<br />
enseignement que le décompte du Omer, entre Pessa’h et Chavouoth : quarante-huit jours correspondant à<br />
quarante-huit qualités, le dernier jour étant le quarante-neuvième pour réviser le tout, comme l’écrit Rabbi<br />
Israël Salanter. Ainsi on peut arriver à la perfection le cinquantième jour, jour du don de la Torah, dans<br />
toutes les qualités, d’ailleurs le mot midah (« qualité ») a la valeur numérique de quarante-neuf.<br />
J’ai aussi pensé ajouter que le mot Yovel (« jubilé ») a la valeur numérique de quarante-huit, c’est-à-dire<br />
que pendant quarante-huit ans l’homme apprend comment acquérir un cœur bon pour pouvoir rendre la<br />
terre à ses propriétaires initiaux. Il doit en effet se rappeler qu’il n’est pas son propre maître mais qu’il<br />
est comparé à un esclave, ainsi qu’il est écrit : « Car les benei Israël sont mes serviteurs » (Lévitique 25,<br />
153