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PARACHAT EMOR<br />
la tombe et que les lèvres remuent. Par conséquent, quand les gens viennent prier sur les tombes des<br />
tsaddikim, la sainteté qui reste dans leur corps à cause de toutes les mitsvoth accomplies pendant leur vie<br />
constitue un mérite pour l’homme vivant. C’est cela « mettre en garde les grands à propos des petits »,<br />
mettre en garde les justes à propos des petits, afin qu’ils intercèdent et prient pour eux, qu’il reste en eux<br />
une trace, et qu’ils ne se rendent pas impurs dans leur peuple, car ils doivent veiller sur l’âme de vie que<br />
le Saint béni soit-Il leur a insufflée. Alors ils ne rendront pas impurs, comme dans l’histoire du prophète<br />
Elie évoquée ci-dessus.<br />
On peut aussi expliquer que le Saint béni soit-Il a dit à Moïse de prévenir les benei Israël que lorsqu’ils<br />
verront des « grands », à savoir la grandeur de Dieu, il est évident qu’ils doivent se faire « petits » et s’abaisser<br />
devant Lui. Le Rambam a écrit que quand l’homme perçoit la grandeur du Créateur à travers l’univers qu’Il<br />
a créé, il en vient nécessairement à se sentir petit et à s’abaisser lui-même (Hilkhoth Yessodoth Hatorah<br />
ch. 2, et autres). Alors son cœur se remplit de fierté dans les voies de l’Eternel et il s’élève, sans rester<br />
mesquin comme il était auparavant. C’est une interpellation qui s’adresse à tous de prendre conscience<br />
de la grandeur du Créateur, et d’atteindre la grandeur des êtres spirituels, afin de rester saint même après<br />
la mort et de ne pas se rendre impur dans son peuple. C’est une mise en garde non seulement pour les<br />
grands mais aussi pour les petits, car tous peuvent s’élever, dans l’esprit de ce qui est écrit : « Afin de ne<br />
pas repousser à jamais celui qui est banni de Sa présence » (II Samuel 14, 14).<br />
Tout ce que nous avons dit jusqu’à présent permet de répondre aux questions que pose le Admor de<br />
Satmar sur notre parachah. Sur le verset : « Dis aux cohanim et tu leur diras » (Lévitique 21, 1), le Zohar<br />
(III, 88b) écrit qu’il faut leur dire dans un murmure, car de même que le service des cohanim se passe en<br />
murmurant, ce qu’on leur dit doit être un murmure. Et le Rabbi de Satmar demande : nous savons que<br />
tout se passait à haute voix, comme il est écrit à propos du mont Garizim et du mont Hébal : « Les lévites<br />
prendront la parole et diront à haute voix » (Deutéronome 27, 14). Pourquoi donc ici faut-il murmurer ?<br />
Quel secret veut-on cacher ? D’ailleurs on traite des lois concernant l’impureté chez les cohanim, ces lois<br />
ne sont pas un secret et n’ont pas à être murmurées, et Dieu parle à haute voix, ainsi qu’il est écrit : « Je<br />
n’ai pas parlé dans le secret » (Isaïe 45, 19).<br />
Le Rabbi de Satmar pose encore une autre question. Sur ce verset, les Sages ont expliqué qu’il est écrit :<br />
« Les paroles de Dieu sont des paroles pures » (Psaumes 12, 7), car les paroles d’un roi humain ne sont ni<br />
pures ni sûres, alors que celles de Dieu sont pures. Pourquoi ? Parce qu’il est écrit : « L’Eternel Dieu est<br />
vérité, Lui seul est un Dieu vivant et un roi éternel » (Jérémie 10, 10), c’est pourquoi on peut faire confiance<br />
à Ses paroles (Vayikra Rabah 26, 1). On ne comprend pas ce que vient faire ici cette explication, alors que<br />
notre passage traite des lois de l’impureté engendrée par un mort chez les cohanim. Pourquoi est-ce à ce<br />
propos qu’il faut dire que Dieu est éternel ? Toute la Torah n’est-elle pas éternelle ?<br />
Ces deux questions trouvent leur réponse dans notre développement précédent, car ici la Torah enjoint à<br />
tout le monde de se conduire avec humilité et effacement, sans s’enorgueillir et sans compter sur le mérite<br />
des pères. Ainsi tous les actes seront accomplis dans la sainteté, car seules les paroles de l’homme humble<br />
sont entendues, et en toute discrétion, comme dans le verset : « Les paroles des sages se font entendre<br />
dans la douceur » (Ecclésiaste 9, 17). C’est pourquoi le Saint béni soit-Il a demandé à ce qu’ici tout soit<br />
murmuré, doucement et humblement, puisque c’est ici qu’on prévient les cohanim, c’est-à-dire les benei<br />
Torah, d’avoir à se comporter doucement et humblement, auquel cas ils feront attention aux petits comme<br />
aux grands, aux mitsvoth légères comme aux plus graves, et ils ne se rendront pas impurs dans leur peuple.<br />
C’est uniquement pour leur père et leur mère, à savoir quand il s’agit du service de Dieu, qu’ils pourront<br />
se rendre impur et laisser leur cœur se gonfler dans les voies de Dieu.<br />
Par conséquent, on comprend parfaitement le thème des « paroles pures » : le Saint béni soit-Il donne<br />
aux benei Israël le conseil de parler purement comme Lui, ce qui les rendra semblables à Lui, au point que<br />
s’Il édicte un décret, lui, le juste, pourra l’annuler (Moed Katan 16b, Tan’houma Vayéra 19), par la force<br />
de la pureté de son langage et de son investissement dans la Torah de l’Eternel. Sans les conseils de Dieu,<br />
même si quelqu’un est roi, ses paroles ne sont pas pures et pas du tout fiables, car il est appelé à dormir<br />
sans se relever. Mais jusque dans sa mort, le juste reste comme vivant, et le Saint béni soit-Il continue à<br />
respecter ses actes et ses paroles, si bien que toutes les lois qui sortent de la bouche du juste pour rendre<br />
quelque chose pur ou impur restent « des paroles pures », parce qu’il les a prononcées en murmurant,<br />
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