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<strong>PAHAD</strong> <strong>DAVID</strong><br />
humilité du mont Sinaï, et étant devenu le plus humble de tous les hommes de la terre (Nombres 12, 3),<br />
il était le seul par qui la Torah puisse être donnée à Israël, car la Torah ne subsiste que chez celui qui est<br />
rempli de modestie (Ta’anith 7a), et chez celui qui s’abaisse (Derekh Erets Zoutah 8).<br />
Il faut donc deux choses pour accéder aux cinquante portes de la sainteté : étudier la Torah en se tuant<br />
pour elle, et être rempli d’humilité. Or on sait que même le roi Salomon n’y est pas parvenu, tant c’est<br />
difficile : comment donc un homme ordinaire le pourrait-il ? C’est qu’en tout homme il y a une étincelle<br />
de Moïse, qui est presque arrivé à la cinquantième porte de sainteté (voir Nédarim 38a), ainsi qu’il est<br />
écrit : « Moïse s’étend sur toutes les générations » (Tikounei Zohar 69, 114a), par conséquent tout homme<br />
peut arriver au moins à un niveau qui lui sera compté comme s’il avait atteint la cinquantième porte de la<br />
sainteté, au moyen de l’étincelle de Moïse qui est en lui. Il goûtera ainsi à toutes les cinquante sortes de<br />
sainteté que contient cette étincelle.<br />
Cela permet d’expliquer pourquoi le verset dit « saints » (kedochim) au pluriel : c’est une allusion au<br />
mot kadoch Y-M, car les lettres Yod et Mem ont ensemble la valeur numérique de cinquante, évocation des<br />
cinquante portes de sainteté auxquelles l’homme doit arriver par la Torah, les mitsvoth et les bonnes actions.<br />
Ces lettres font également allusion aux dix (Yod) Commandements que Dieu a données au mont Sinaï, et à<br />
la Torah qui a été donnée en quarante (Mem) jours. Ce n’est pas par hasard que les parachioth A’harei Mot<br />
et Kedochim sont reliées. Si l’on se rappelle que le deuxième principe est l’humilité et l’effacement de soi,<br />
alors que le premier est de se tuer pour la Torah, on comprend que c’est cela A’HaRei Mot : le mot A’harei<br />
est de la même racine que A’HaRon (dernier), ce qui désigne la modestie et l’effacement, dans l’esprit de<br />
la michnah qui enseigne : « Mieux vaut être le dernier parmi les lions que le premier parmi les renards »<br />
(Avoth 4, 14). Quand on se conduit modestement avec les autres, on arrive à la « mort », qui est de se tuer<br />
soi-même pour acquérir la Torah, et on atteint une sainteté (Kedochim) et une pureté considérables.<br />
Tout cela se trouve en allusion dans l’ordre donné aux benei Israël de manger à Pessa’h de la matsah, le pain<br />
de pauvreté, et ceci au moment précis où l’homme a une sensation de liberté, où il doit se conduire comme<br />
un fils de roi (voir Pessa’him 99b), dans une élévation extraordinaire, car comme on le sait, à Pessa’h on<br />
décore sa maison et sa table avec ce qu’on possède de plus beau, selon les instructions du Choul’han Aroukh<br />
(Ora’h ‘Haïm 472, 2). Mais par ailleurs on doit manger le pain de pauvreté (Deutéronome 16, 3), tout cela<br />
pour que l’homme, même entouré de luxe et de plaisirs, brise son cœur et mange le sacrifice de Pessa’h<br />
avec la matsah et les herbes amères (Exode 12, 8), afin de ressentir l’effacement et l’abaissement.<br />
Ce n’est pas par hasard que nous avons reçu l’ordre de vérifier le ‘hamets et le levain avant Pessa’h<br />
dans tous les trous et toutes les fentes (Pessa’him 2a). Nous avons déjà dit que le levain représente les<br />
péchés graves (Bérakhoth 17a) : le levain qui est dans la pâte (le mauvais penchant) empêche l’homme<br />
de progresser. Les trous et les fentes sont les petits péchés dont on ne s’aperçoit pas. Après avoir tout<br />
soigneusement vérifié, on peut arriver à l’annulation, alors que si le cœur reste orgueilleux, rien n’aura la<br />
moindre utilité. Après la vérification vient l’annulation de soi devant le Ciel, à l’image de ce qui est dit :<br />
« selon la loi stricte de la Torah, il suffit de l’annulation » (Pessa’him 4b).<br />
Quant à la matsah, le fait qu’elle est difficile à manger et ne se digère pas vite est une allusion à l’humilité,<br />
car même si l’on travaille pour l’acquérir, il faut un effort considérable accompagné de beaucoup d’amertume<br />
pour atteindre un réel niveau en ce domaine.<br />
Voici une histoire personnelle. Il y a quelques années, j’ai beaucoup travaillé à nettoyer la maison pour<br />
Pessa’h, j’ai vérifié le ‘hamets plusieurs fois, en faisant attention au moindre petit détail, ce nettoyage de<br />
fond m’a pris plusieurs nuits, jusqu’à la veille de Pessa’h. Ce soir-là, quand je suis rentré de la synagogue,<br />
j’ai monté avec difficulté mes cinq étages car j’étais très fatigué de ce travail épuisant que j’avais fait avec<br />
joie. Mais dès que je suis arrivé à la maison et que je l’ai vue claire et toute brillante de l’éclat de la fête,<br />
j’ai eu un sentiment de sainteté tel que je ne l’avais jamais ressenti de ma vie.<br />
Je me suis donc dit que tout ce que j’avais fait de mes mains en l’honneur de Pessa’h valait la peine, ne<br />
fût-ce que pour ressentir pendant quelques minutes un goût du monde à venir... Et au moment où j’ai vu<br />
le plateau de matsoth, je me suis dit : toute la nature de cette fête, c’est la matsah et les herbes amères, au<br />
point que les Sages ont dit : « Quiconque n’a pas dit ces trois choses à Pessa’h n’a pas accompli son devoir »<br />
(Pessa’him 116b), car elles représentent le souvenir même des tortures et de l’amertume que les Egyptiens