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<strong>PAHAD</strong> <strong>DAVID</strong><br />
La modestie et l’humilité permettent d’acquérir la Torah et d’attirer la Chékhinah<br />
« L’Eternel appela Moïse et lui dit ... Parle aux enfants d’Israël et dis-leur : Un homme d’entre vous qui<br />
offrira un sacrifice à l’Eternel, etc. » (Vayikra 1, 1-2).<br />
Nos Sages ont beaucoup parlé du petit aleph du mot vayikra. Par exemple, le Midrach (Yalkout Chimoni<br />
427) explique que Moïse a mérité d’être appelé par Dieu parce qu’il s’était fait petit et avait fui les honneurs,<br />
au moment où il a dit : « Je ne suis pas un orateur » (Exode 4, 10) (et je suis donc indigne de la mission<br />
que Tu veux me confier).<br />
La Torah, qui est la voie de la vie, nous enseigne dans cette parachah qu’il faut servir Dieu sans<br />
aucune réserve, comme nous l’avons expliqué à propos du verset « Si un homme d’entre vous (mi-kem,<br />
littéralement : de vous) offre un sacrifice à l’Eternel ». Il faut observer les commandements du Saint béni<br />
soit-Il jusqu’au don de soi absolu, être prêt même au martyre pour la Torah et les mitsvoth, et ne tenir<br />
compte que de l’honneur de Dieu, sans se soucier aucunement de son intérêt personnel. C’est ce que signifie<br />
« offrir un sacrifice à l’Eternel de soi-même », faire de soi un sacrifice, à ce moment-là il sera agréé comme<br />
« à l’Eternel ».<br />
C’est pourquoi la Torah commence ce livre par le mot vayikra écrit avec un petit aleph, qui a de plus la<br />
valeur numérique la plus faible de toutes les lettres : l’homme doit se comparer à lui. Il doit en outre être<br />
conscient que l’enthousiasme qui préside au début de son engagement doit s’accompagner d’une grande<br />
humilité et d’un effacement de soi. La Torah nous enseigne aussi qu’elle ne peut subsister et s’enraciner, elle<br />
qui s’appelle aleph dans le sens de « je t’enseignerai (aalephkha) la sagesse » (Job 33, 33), que chez celui<br />
qui se fait tout petit, car les Sages ont dit qu’elle ne se maintient que chez les humbles (Ta’anith 7a).<br />
Quant au mot vayikra dans son ensemble, il évoque le même sujet. La lettre vav représente l’homme qui<br />
se courbe et doit s’abaisser, car il n’a été créé que le sixième jour, à la fin de toute la Création, pour qu’il<br />
constate que tout existait déjà avant lui (Sanhédrin 38a), sans compter qu’il est poussière et cendre (« Tu<br />
es poussière et tu retourneras à la poussière » (Genèse 3, 19)). Il doit donc investir un travail énorme avant<br />
d’arriver à la véritable perfection.<br />
Les lettres du milieu, y k r, sont les mêmes qui forment le mot reyk (« vide »), allusion à la conscience<br />
que l’homme doit avoir de son inanité. Même s’il est grand en Torah, il lui sied d’avoir malgré tout le<br />
sentiment d’être complètement vide, comme s’il en était au tout début. Enfin le petit aleph, nous l’avons dit,<br />
désigne celui qui vient de commencer à étudier la Torah, car elle doit toujours être à ses yeux aussi neuve<br />
que le jour où elle a été donnée au mont Sinaï (Tan’houma Ki Tavo 1 sur verset 7, Vaet’hanan 6, 6, Rachi<br />
sur Ki Tavo 26, 16), comme s’il venait tout juste de la recevoir. A ce moment-là, il n’aura aucune raison de<br />
s’enorgueillir, puisqu’il n’a débuté qu’aujourd’hui... S’il se conduit véritablement ainsi, il méritera que la<br />
Torah vienne habiter son coeur, ainsi qu’il est écrit « Ta Torah est à l’intérieur de mes entrailles » (Téhilim<br />
49, 10). Radak explique que « l’intérieur de mes entrailles » veut dire « l’intérieur de mon coeur », car le<br />
coeur fait partie des entrailles. Toutes ces considérations mènent à la modestie et à l’humilité.<br />
Malheureusement, elle n’est pas la seule à se trouver dans le coeur de l’homme : le mauvais penchant<br />
aspire également à pénétrer en l’homme et à faire en lui sa demeure. Il est d’ailleurs dit qu’il repose dans le<br />
coeur, entre les deux ouvertures du coeur (Bérakhoth 61b, Soukah 52b). L’essentiel du combat de l’homme<br />
s’adresse donc à son mauvais penchant, et sa plus grande aspiration doit être que l’intérieur soit semblable<br />
à l’extérieur (Bérakhoth 28a, Chabath 16b, Yoma 72b). Nous savons en effet que vis-à-vis de l’extérieur,<br />
il est très facile de prendre des airs vertueux, d’accomplir de bonnes actions en public et de tromper ainsi<br />
tout le monde. Il arrive même parfois que l’homme se convainque lui-même qu’il est un grand Tsadik,<br />
alors qu’en réalité il n’y a dans son coeur ni Torah, ni crainte du Ciel, ni amour pour les créatures ni amour<br />
pour Dieu. Il ressemble au puits vide et sans eau dont parle la Torah (cf. Genèse 37, 24), qui certes ne<br />
contient pas d’eau, mais fourmille de serpents et de scorpions (Chabath 22 et Rachi). Qu’est-ce que cela<br />
signifie ? Les Sages ont dit (Bava Kama 17a, Béréchith Rabah 84, 16) que l’eau représente toujours la<br />
Torah, comme l’indique le verset : « Vous tous qui avez soif, allez vers l’eau » (Yéchaya 55, 1). Or le puits<br />
dont nous parlons, non seulement ne contient pas de paroles de Torah comparées à l’eau, mais est rempli<br />
de forces mauvaises, comparées aux serpents et aux scorpions (Pirkei de Rabbi Eliézer 13, Zohar I 35b,