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<strong>PAHAD</strong> <strong>DAVID</strong><br />
Jérusalem (Bérakhoth 6b). L’homme devrait donc avoir lui-même le choix de la mitsvah qu’il préfère,<br />
manifester sa générosité envers les morts ou envers les vivants.<br />
On peut dire très simplement que le vivant est toujours là même une fois que le moment de la mitsvah<br />
est passé, et que si on ne le réjouit pas maintenant on pourra toujours le faire demain ou plus tard, alors<br />
que si l’on ne va pas maintenant dans la maison du deuil, « ce qui est tordu ne peut pas être redressé et ce<br />
qui manque ne peut entrer en compte » (Ecclésiaste 1, 15), à savoir qu’il sera trop tard, car par la suite la<br />
personne ne sera plus en deuil. Il vaut donc mieux aller dans la maison du deuil que dans celle du festin.<br />
(Cette explication figure dans le commentaire de Rachi sur le verset de l’Ecclésiaste, où il écrit : « Car<br />
c’est la fin de tout homme : la mort est la fin de tous les jours de l’homme, et si on ne lui manifeste pas de<br />
générosité maintenant, on ne le pourra plus par la suite, alors que si l’on est invité à la maison du festin et<br />
qu’on n’y va pas, on peut toujours dire : « Tu auras un fils et je me réjouirai avec toi, ton fils se mariera<br />
et je viendrai » »). C’est une explication qui suit le sens des mots, mais le roi Salomon a mis dans cette<br />
phrase une intention plus profonde.<br />
Il veut nous donner la leçon suivante. L’homme a été créé pour pouvoir vivre en ce monde dans le bien<br />
et l’amour avec les créatures, donc avec Dieu, puisque : « Celui dont les créatures sont satisfaites, D ; est<br />
satisfait de lui » (Avoth 3, 10), ou encore : « Tu trouveras faveur et bon vouloir aux yeux de Dieu et des<br />
hommes » (Proverbes 3, 4). Nos Sages ont beaucoup parlé de ce point dans leurs explications sur le verset<br />
« Tu aimeras l’Eternel ton Dieu » (Deutéronome 4, 2) en disant : « Efforce-toi que le Nom du Ciel soit<br />
aimé à cause de toi. Etudie la Torah écrite et la Torah orale, attache-toi aux Talmidei ‘hakhamim, mène<br />
tes affaires avec honnêteté et conduis-toi agréablement avec les gens, afin qu’on dise de toi : heureux son<br />
père qui lui a enseigné la Torah, heureux son maître qui lui a enseigné la Torah, voyez comment Untel qui<br />
a étudié la Torah se conduit bien et agréablement, c’est de lui que l’Ecriture dit : « Il m’a dit : tu es mon<br />
serviteur, Israël, c’est par toi que je me couvre de gloire » (Isaïe 49, 3) ».<br />
Comment donc parvient-on à vivre en paix et dans l’agrément avec les autres et avec Dieu ?<br />
Pour cela, il faut se rappeler le jour de la mort. Nous prendrons alors conscience que nous ne sommes rien,<br />
une vanité des vanités sur terre, et que nous finirons par mourir, car « la fin de tout homme est la mort »<br />
(Bérakhoth 17a). De cette façon, nous aurons sans cesse à l’esprit un repentir total, selon le conseil des<br />
Sages : « Repens-toi un jour avant ta mort » (Avoth 2, 10), et de crainte de mourir demain, on passera toute<br />
sa vie en repentir. Comment rend-on ce souvenir présent ? Le roi Salomon dans sa sagesse nous enseigne<br />
la voie à suivre et les actes à accomplir. Lorsque nous observons la mitsvah de consoler l’endeuillé et<br />
que nous voyons les enfants du défunt dans leur peine, nous envisageons de nous repentir et le jour de la<br />
mort se présente à notre esprit, car c’est l’essentiel de l’homme, et à ce moment-là nous pouvons en tirer<br />
la leçon. Alors que dans la maison du festin (quoique là aussi, on puisse se rappeler le jour de la mort, si<br />
on réfléchit à la nature de la joie des jeunes époux, qui savent qu’ils vont engendrer des fils et des filles,<br />
et qu’une génération chasse l’autre... comme le dit Alcheikh sur le verset qui nous occupe), la grande<br />
joie fait en général oublier le principal, à savoir que nous sommes venus au monde pour le perfectionner<br />
avant de disparaître. C’est pourquoi le roi Salomon a préféré la maison du deuil à celle du festin : dans la<br />
maison du deuil, on envisagera de se repentir et on se rappellera le jour de la mort, ensuite on pourra aller<br />
à la maison du festin, car l’influence du premier lieu nous y accompagnera, et nous serons récompensés<br />
des deux mitsvoth à la fois.<br />
Mais même si l’homme se souvient du jour de la mort et envisage de se repentir, comment peut-il savoir<br />
qu’il fait effectivement ce que Dieu attend de lui ?<br />
Il est déjà question de ce point au début de Bérakhoth (5a) : « La marche à suivre est d’exciter son bon<br />
penchant contre son mauvais penchant. Si on le surmonte, parfait, sinon qu’on étudie la Torah. Si on le<br />
surmonte, parfait, sinon qu’on lise le Chema. Si on le surmonte, parfait, sinon qu’on lui rappelle le jour de<br />
la mort. » Cela signifie que pour l’essentiel, le souvenir du jour de la mort vient par l’étude de la Torah (et<br />
le Chema, qui est le fait d’accepter le joug du Royaume de Dieu). En commençant directement par cette<br />
étude, on aura le souvenir de la mort sans cesse gravé dans le cœur et on se gardera toujours de fauter, car<br />
ces trois choses n’en font qu’une : par l’acceptation du joug du Royaume des Cieux et la Torah, on obtient<br />
de se souvenir toujours du jour de la mort.