Léon Rosenthal, Notre musée, l'art expliqué par les œuvres…

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XXII. — L'ART BAROQUE Ct. AnJenon. CARAVAGE. — La Mise au Tombeau. — Musée du Vatican, Rome, En 1582, Louis Carrache et ses cousins Augustin et Annibal, ouvrirent, i Bologne, une Académie, c'est-à-dire une école des Beaux- Arts. Les futurs artistes cessèrent d'être des apprentis pour devenir de» élèves. Ce système devait, par la suite, se généraliser. Les Carrache conseillaient l'étude de tous les maîtres, Raphaël, Michel- Ange, Titien et Corrége qu'ils admiraient particulièrement. A ce moment, Caravage, 1569-1609, révéla une peinture vigoureuse et triviale : il prenait ses modèles dans la rue et usait de violents contrastes d'ombre et de lumière. Les Carrache détestèrent ce naturalisme, mais il pénétra tout de même leur art, menacé, sans lui, de fadeur. Les Bolonais eurent peu d'accent personnel, mais une grande virtuosité; ils visèrent surtout à séduire et à étonner, couvrirent sans peine les plus vastes surfaces. Ils ornèrent les palais de faciles et sensuelles mythologies. Surtout ils peignirent, sur les tableaux d'autel et au plafond des églises construites par Vignole et ses disciples, pour répondre aux intentions de la Contre-Réforme et des Jésuites, des scènes pathétiques, martyrs, extases, visions célestes, gloire des élus. Bernin, 1598-1680, créa une sculpture vivante, sensuelle, tourmentée, emphatique. Ainsi, par le concours de Vignole (voir p. 44), des Carrache et de Bernin, se trouva constitué l'art baroque qui domina l'Europe au 17* siècle. La Communion de saint Jérôme fut peinte, en 1614, par DOMINIQUIN, élève des Carrache. Mise en œuvre, très étudiée, d'éléments tous connus. Composition ordonnée et claire, rôle des architectures et du paysage ; savante répartition des masses et des taches ; science : corps du saint, corps des anges, grandes draperies. Naturalisme pour saint Jérôme, la plupart des têtes. Grande convenance morale, avec une sobriété rare à cette époque : intérêt nouveau apporté à l'expression des physionomies. Œuvre admirée par Poussin. La Mise au tombeau caractérise CARAVAGE. Aucune transposition. Types et costumes empruntés à la réalité sans choix apparent. Rendu puissant de formes individuelles, caractère accentué par l'éclairage brutal. Une lamentation sur un cadavre, sans effort de spiritualité. Composition et gestes coniormes à l'esprit bolonais. Art de vigoureux et original ouvrier. BERNIN a sculpté, en 1620, l'Enlèvement de Proserpine. Virtuosité technique volontairement apparente. Statuaire vivante, qui ne cherche pas les formes et les contours purs, mais traduit des chairs palpitantes, se plait au mouvement ou au drame, gonfle les muscles, les draperies, souligne les expressions, accentue toute chose; complexité, fortes oppositions d'ombre et de lumière, les personnages enchevêtrés, lignes sinueuses, turbulence pittoresque; rien de statique ni d'architectural; goût emphatique et théâtral, d'accord avec l'esprit du 17 E sièc'e. Cl. An/lmon. BERNINI. — Enlèvement de Proserplne. Villa Borghtse, Rome.

KOSKNTHAL. — Notre Musée. OOMINIQUIN. - Lu Communion de saint Jérôme. - Vatican, Rome. Cl. Aiu/erson.

XXII. — L'ART BAROQUE<br />

Ct. AnJenon.<br />

CARAVAGE. — La Mise au Tombeau. — Musée du Vatican, Rome,<br />

En 1582, Louis Carrache et ses cousins Augustin et Annibal,<br />

ouvrirent, i Bologne, une Académie, c'est-à-dire une école des Beaux-<br />

Arts. Les futurs artistes cessèrent d'être des apprentis pour devenir<br />

de» élèves. Ce système devait, <strong>par</strong> la suite, se généraliser. Les<br />

Carrache conseillaient l'étude de tous <strong>les</strong> maîtres, Raphaël, Michel-<br />

Ange, Titien et Corrége qu'ils admiraient <strong>par</strong>ticulièrement. A ce<br />

moment, Caravage, 1569-1609, révéla une peinture vigoureuse et<br />

triviale : il prenait ses modè<strong>les</strong> dans la rue et usait de violents<br />

contrastes d'ombre et de lumière. Les Carrache détestèrent ce naturalisme,<br />

mais il pénétra tout de même leur art, menacé, sans lui,<br />

de fadeur. Les Bolonais eurent peu d'accent personnel, mais une<br />

grande virtuosité; ils visèrent surtout à séduire et à étonner,<br />

couvrirent sans peine <strong>les</strong> plus vastes surfaces. Ils ornèrent <strong>les</strong><br />

palais de faci<strong>les</strong> et sensuel<strong>les</strong> mythologies. Surtout ils peignirent, sur<br />

<strong>les</strong> tableaux d'autel et au plafond des églises construites <strong>par</strong> Vignole<br />

et ses discip<strong>les</strong>, pour répondre aux intentions de la Contre-Réforme<br />

et des Jésuites, des scènes pathétiques, martyrs, extases, visions<br />

cé<strong>les</strong>tes, gloire des élus. Bernin, 1598-1680, créa une sculpture<br />

vivante, sensuelle, tourmentée, emphatique. Ainsi, <strong>par</strong> le concours<br />

de Vignole (voir p. 44), des Carrache et de Bernin, se trouva<br />

constitué <strong>l'art</strong> baroque qui domina l'Europe au 17* siècle.<br />

La Communion de saint Jérôme fut peinte, en<br />

1614, <strong>par</strong> DOMINIQUIN, élève des Carrache. Mise en<br />

œuvre, très étudiée, d'éléments tous connus. Composition<br />

ordonnée et claire, rôle des architectures et du<br />

paysage ; savante ré<strong>par</strong>tition des masses et des taches ;<br />

science : corps du saint, corps des anges, grandes draperies.<br />

Naturalisme pour saint Jérôme, la plu<strong>par</strong>t des<br />

têtes. Grande convenance morale, avec une sobriété<br />

rare à cette époque : intérêt nouveau apporté à l'expression<br />

des physionomies. Œuvre admirée <strong>par</strong> Poussin.<br />

La Mise au tombeau caractérise CARAVAGE. Aucune<br />

transposition. Types et costumes empruntés à la<br />

réalité sans choix ap<strong>par</strong>ent. Rendu puissant de<br />

formes individuel<strong>les</strong>, caractère accentué <strong>par</strong> l'éclairage<br />

brutal. Une lamentation sur un cadavre, sans<br />

effort de spiritualité. Composition et gestes coniormes<br />

à l'esprit bolonais. Art de vigoureux et original ouvrier.<br />

BERNIN a sculpté, en 1620, l'Enlèvement de Proserpine.<br />

Virtuosité technique volontairement ap<strong>par</strong>ente.<br />

Statuaire vivante, qui ne cherche pas <strong>les</strong><br />

formes et <strong>les</strong> contours purs, mais traduit des chairs<br />

palpitantes, se plait au mouvement ou au drame,<br />

gonfle <strong>les</strong> musc<strong>les</strong>, <strong>les</strong> draperies, souligne <strong>les</strong> expressions,<br />

accentue toute chose; complexité, fortes oppositions<br />

d'ombre et de lumière, <strong>les</strong> personnages enchevêtrés,<br />

lignes sinueuses, turbulence pittoresque; rien<br />

de statique ni d'architectural; goût emphatique et<br />

théâtral, d'accord avec l'esprit du 17 E sièc'e.<br />

Cl. An/lmon.<br />

BERNINI. — Enlèvement de Proserplne.<br />

Villa Borghtse, Rome.

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