27.06.2013 Views

Léon Rosenthal, Notre musée, l'art expliqué par les œuvres…

Léon Rosenthal, Notre musée, l'art expliqué par les œuvres…

Léon Rosenthal, Notre musée, l'art expliqué par les œuvres…

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

XX. — L'ARCHITECTURE DU XVI 1 SIÈCLE : SAINT-PIERRE DE ROME<br />

Sauf à Venise, qui en a tiré un <strong>par</strong>ti décoratif<br />

original, l'Italie n'avait adopté le gothique qu'à<br />

contre-cœur et elle en avait peu compris le caractère<br />

constructif. A <strong>par</strong>tir du 15 e siècle, elle a, <strong>par</strong> l'adaptation<br />

d'éléments critiques, élaboré un style qu'elle a,<br />

au 16 e siècle, imposé à l'Europe. C'est le style de la<br />

Renaissance : élimination de l'arc brisé et du décor<br />

inspiré directement <strong>par</strong> la flore ou la faune; — adoption<br />

de l'arc en plein cintre, de la voûte en berceau,<br />

de la coupole; — ordres classiques étudiés d'après<br />

<strong>les</strong> monuments romains; usage simultané de l'enta-<br />

Le Palais Farnise. — Rome.<br />

Cl. Andtnon,<br />

blement et de l'arcade, de la colonne et du pilier; —<br />

colonnes, pilastres, frontons, entablements utilisés<br />

comme éléments décoratifs; — décoration sculptée<br />

imitée des peintures et bas-reliefs antiques, d'abord<br />

exubérante (Italie du Nord : Chartreuse de Pavie)<br />

puis réduite ou éliminée. Besoin de symétrie, d'ordonnance<br />

claire et simple; la distribution intérieure et<br />

la commodité subordonnées à la beauté régulière<br />

des façades ou des cours monumenta<strong>les</strong>.<br />

Le Palais Farnèse a été érigé, à Rome, <strong>par</strong><br />

Antonio de San Gallo, architecte florentin et, après<br />

sa mort, 1546, achevé <strong>par</strong> Michel-Ange qui a dessiné<br />

la corniche. Façade <strong>par</strong>faitement simple et régulière :<br />

aucun accident sauf la porte monumentale et la<br />

grande baie à balcon au-dessus d'elle. Aucune<br />

sculpture décorative; seuls jouent <strong>les</strong> entablements<br />

qui soulignent <strong>les</strong> étages, <strong>les</strong> encadrements des<br />

fenêtres variés à chaque étage : linteaux, frontons<br />

triangulaires, frontons courbes, et le profil puissant,<br />

exactement à l'échelle, de la corniche. Pas de toit<br />

ap<strong>par</strong>ent sous le ciel italien : un grandiose cube de<br />

pierre, si nu que <strong>les</strong> écussons en prennent un extraordinaire<br />

relief. Les fenêtres étroites : prédominance<br />

des pleins sur <strong>les</strong> vides, contre l'excès de lumière et<br />

de chaleur. Bossages de la porte et des ang<strong>les</strong>, grillages<br />

du rez-de-chaussée qui rappellent <strong>les</strong> anciens<br />

palais forteresses.<br />

La coupole de Saint-Pierre de Rome ne décrit pas<br />

une courbe déterminée, mais une courbe de sentiment<br />

suggérée à MICHEL-ANGE <strong>par</strong> son génie. Puissante,<br />

sans lourdeur, <strong>par</strong> le rapport <strong>par</strong>fait entre la lanterne,<br />

la calotte, le tambour, elle n'a pas l'allure massive de<br />

force redoutable, du célèbre dôme construit, à Florence,<br />

<strong>par</strong> Brunel<strong>les</strong>chi. Elle s'élève, majestueuse, avec<br />

une autorité tranquille, au-dessus de la Ville qu'elle<br />

domine et protège; elle ajoute au prestige du siège<br />

de la catholicité. La façade, colossale sans grandeur,<br />

érigée <strong>par</strong> Maderna etBerninet la colonnade théâtrale,<br />

développée autour de la place, de 1655 à 1667, <strong>par</strong><br />

Bernin, la contrarient sans la diminuer.<br />

Construit pour l'ordre des Jésuites, en 1564, <strong>par</strong><br />

VIGNOLE 1507-1573, le Gésu demeure le type de<br />

VIONOLE. — Intérieur du Otsu. — Rome.<br />

Cl. Andmon.<br />

Péglise-salon destinée à attirer, à séduire, à éblouir<br />

<strong>les</strong> fidè<strong>les</strong>. Le style jésuite ou baroque, qui succède<br />

à la Renaissance, méprise la logique, la simplicité,<br />

multiplie courbes, volutes, accumule <strong>les</strong> ornements,<br />

placages de marbres polychromes, sculptures décoratives,<br />

bas-reliefs et statues, que viennent compléter<br />

des peintures pathétiques (voir p. 48). Les façades<br />

à frontons et à étages; le transept surmonté d'une<br />

coupole (voir p. 50). La construction <strong>par</strong>tout se<br />

dissimule sous le décor. Art tourmenté, surchargé,<br />

emphatique, dramatique, qui s'adresse au sentiment<br />

ou aux sens.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!