Léon Rosenthal, Notre musée, l'art expliqué par les œuvres…

VII. - LA PEINTURE FLAMANDE : VAN EYCK, MEMLINC
Dans les premières années du 15" siècle, à Gand, les Irères
VAN EVCK, Hubert (1366-1426), et Jean (1390?-1441) trouvèrent
une mélhode pratique pour peindre à l'huile. Le retable de
l'Agneau mystique, achevé en 1432, fut la première et géniale
manifestation de cette découverte. La peinture en reçut un
éclat, une profondeur, une puissance que lui refusaient miniature,
fresque, variétés de peinture à l'eau. L'art flamand, déjà
prospère, sous les ducs de Bourgogne, en prit un magnifique et
immédiat développement.
La Vierge d'Autun a été peinte par Jean Van Eyck
pour Nicolas Rolin, chancelier de Bourgogne. Foi
absolue, recueillement calme, sans mysticisme, ni
élan. Pas de recherche de beauté, la Vierge aux traits
réguliers sans plus; Jésus, un bébé dru au ventre
gros; la figure du donateur, fouillée avec acuité.
Cl. Bulloi.
ROGER VAN DER WEYDEN. — Le Jugement dernier.
(panneau c:ntral) — Hospices de Beaune.
Fidélité réaliste, prosaïque. Désir de tout dire sans
curiosité mesquine : tout paraît intéressant et l'artiste
ne sait ni résumer, ni choisir. Précision de
miniaturiste et d'orfèvre. Précieux document sur
le costume, brocards, broderies; l'orfèvrerie, la couronne,
l'architecture, mélange de formes gothiques
et renaissantes. Le jardin aux fleurs et aux oiseaux
rares; la ville active, le pont fortifié... couleur riche,
sourde, exécution appliquée, serrée, tendue.
ROGER VAN DER WEYDEN (ou de la Pasture) (1399?-
1464) a peint, pour le même chancelier Rolin, entre
1443 et 1450, le célèbre polyptique du Jugement
dernier de Beaune. Ce fragment témoigne une conscience
analogue, l'esprit réaliste, un dessin un peu
anguleux, un sens nouveau de mouvement, d'expression,
de dramatique. Le premier des grands Flamands.
Roger, est allé en Italie en 1450.
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MEMLINC. — Le Mariage mystique de sainte Catherine.
Hôpital Saint-Jean. — Bruges.
MEMLINC, né, près de Mayence, vers 1430-+1494,
sans rien changer aux données antérieures, en modifie
l'esprit. Mariage mystique de sainte Catherine; suavité,
tendance mystique, sens du charme féminin,
adoucissement du type réel. Détente de la facture,
dessin moins ferme et moins accusé, couleur plus
légère. Impression de silence et de rêverie près de
ces saintes élégantes et aristocratiques, de cette
Vierge pensive, des deux saints Jean recueillis. De
l'ampleur et du charme, malgré l'analyse minutieuse
et la profusion des détails.