27.06.2013 Views

Léon Rosenthal, Notre musée, l'art expliqué par les œuvres…

Léon Rosenthal, Notre musée, l'art expliqué par les œuvres…

Léon Rosenthal, Notre musée, l'art expliqué par les œuvres…

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Sous le Second Empire, de jeunes peintres, comme jadis leurs<br />

aines de la génération romantique, éprouvèrent le besoin d'un<br />

renouveau artistique. L'éclectisme académique et neutre qu'enseignait<br />

l'École des Beaux-Arts, <strong>les</strong> leçons d'Ingres, leur <strong>par</strong>aissaient<br />

MANET. — Olympia. — Musée du Louvre.<br />

froids et stéri<strong>les</strong>. Le Roulantime ne répondait plus à leurs préoccupations.<br />

Ils étaient frappéj <strong>par</strong> la vigueur et la sincérité de<br />

Courbet, mais l'atmosphère du Second Empire, <strong>les</strong> laissait étrangers<br />

aux aspirations qui avaient déterminé le Réalisme. Différents<br />

de tempérament et de tendance, ils s'accordaient pour attribuer<br />

moins d'importance aux sujets qu'à la façon de <strong>les</strong> traduire. Ils<br />

cherchèrent, avant tout des moyens d'expression nouveaux et<br />

libres. Le Salon des Refusés de 18(33 montra l'ampleur du mouvement.<br />

La bataille était engagée. Déjà Manet s'était fait connaître.<br />

MANET (1832-1883) ne s'intéresse ni aux idées, ni aux<br />

sentiments; pur artiste, il peint ce qui s'offre à ses regards et<br />

se propose de traduire <strong>les</strong> spectac<strong>les</strong> non tels qu'ils peuvent être<br />

réellement, mais tels qu'ils lui ap<strong>par</strong>aissent, déformés, imprécis,<br />

sans souci de correction, de science anatomique ou perspective,<br />

avec le seul désir de sincérité. Indépendant des traditions, il a des<br />

affinités avec <strong>les</strong> maîtres espagnols. Comme eux, il emploie, au<br />

lieu des tons ambrés empruntés aux Bolonais ou à Rembrandt, des<br />

gris cendre et des noirs charbonneux. Son pinceau, <strong>par</strong>fois brutal,<br />

est <strong>par</strong>fois d'une subtilité très raffinée. Les contemporains,<br />

ont été scandalisés <strong>par</strong> cet art qui <strong>les</strong> déroutait.<br />

Olympia. 1865. Non une Vénus (Giorgione), ou<br />

une Odalisque (Ingres), mais un vulgaire modèle<br />

<strong>par</strong>isien; non un type de <strong>par</strong>faite beauté, mais un<br />

corps jeune, une tête inexpressive. Scène sans signification.<br />

Arrangement de peintre : orchestration de<br />

chairs sur des notes claires : châ<strong>les</strong>, drap, oreillers,<br />

papier, fleurs, costume de la négresse et, en contraste<br />

violent, un chat noir, la tête de la négresse à<br />

peine distincts du fond. Expression des matières :<br />

chairs, étoffes, papier..., modelé du corps <strong>par</strong> valeurs<br />

très délicates, sans ombres conventionnel<strong>les</strong>. Morccau<br />

de maîtrise, innocent du scandale qu'il a<br />

suscité.<br />

Au Balcon, 1869. Un instantané sans composition<br />

ap<strong>par</strong>ente. Pas de sujet : un groupe indifférent,<br />

surpris en une minute banale. L'intérêt vient de<br />

LIV. — MANET<br />

Cl. liMIat.<br />

l'acuité de la vision, la mise en page imprévue,<br />

le caractère de ces airs de tête, ces coiffures, ces costumes,<br />

ces gestes où s'exprime la vie moderne, celle<br />

qui se transforme sans cesse, qu'on n'a pas encore<br />

vue, qui sera modifiée demain. Contraste entre la<br />

pleine lumière sur le balcon et l'intérieur de la pièce<br />

où l'œil ébloui devine, à peine, un jeune domestique,<br />

utit assiette accrochée et une toile. Notation sommaire,<br />

franche, suggestive : elle réclame la sympathie<br />

et la collaboration du spectateur. Des morceaux<br />

nuancés : la robe blanche, <strong>les</strong> hortensias. Une figure<br />

d'une intensité admirable : la jeune femme noire,<br />

Berthe Morisot, peintre elle-même de grand talent.<br />

Manet a repris le problème du plein air et, surtout après 1870'<br />

guidé <strong>par</strong> <strong>les</strong> estampes japonaises, appuyé <strong>par</strong> <strong>les</strong> recherches <strong>par</strong>allè<strong>les</strong><br />

de Claude Monct.il a tenté, <strong>par</strong> la suppression de tout modelé,<br />

la dis<strong>par</strong>ition des tons neutres et des ombres noires, en • débarbouillant<br />

sa palette ». en juxtaposant des taches véhémentes,<br />

vibrantes, claires, de donner l'illusion de la vive lumière.<br />

Le Linge, 1876. La photographie ne rend pas l'aspect<br />

du tableau; elle exagère encore le caractère sommaire<br />

de la notation. Il faut imaginer <strong>les</strong> fleurs,<br />

MANET. — Le Linge.<br />

Cl. Uullot.<br />

roses, œillets, géraniums, <strong>les</strong> arbres verts, le linge<br />

éclatant, la mère à contre-jour dans une pénombre<br />

lumineuse, le bébé, silhouette claire lin peu roide.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!