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Léon Rosenthal, Notre musée, l'art expliqué par les œuvres…

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Mille» n'est ni théoricien ni polémiste. Courbet (1819-1877),<br />

a aimé le bruit et le scandale. Ami de Proudhon, qui l'a représenté<br />

comme le peintre du socialisme, il n'y a, en réalité, pas de déclamation<br />

sociale dans son œuvre. Réaliste de tempérament, il a<br />

tort de condamner l'imagination, mais il a raison de proclamer<br />

l'intérêt pictural de son temps. Il a, à un haut degré, le sentiment<br />

de la vie physiologique, de la nature, s'exprime avec puissance et,<br />

malgré des vulgarités, avec soup<strong>les</strong>se; formé au Louvre.au contact<br />

des maitres. c'est un magnifique exécutant.<br />

L'Enterrement à Ornans, 1849. Un enterrement<br />

de village : mort anonyme, scène banale. Mais ce<br />

village est celui de <strong>l'art</strong>iste et c'est avec amour<br />

qu'il le célèbre. Le site est sévère : sous le ciel funèbre,<br />

l'horizon fermé <strong>par</strong> des falaises d'une grande allure;<br />

cadre en harmonie avec le sujet. L'ordonnance a<br />

été imposée <strong>par</strong> <strong>les</strong> usages, protocole villageois dont<br />

<strong>l'art</strong>iste sait tirer <strong>par</strong>ti. A droite <strong>les</strong> femmes vêtues<br />

de noir. Coiffes et mouchoirs et le chien, au premier<br />

plan, diversifient cette grande tache sombre.<br />

Au centre, deux vieux qui ont gardé le costume du<br />

siècle dernier et, <strong>par</strong> contraste, <strong>les</strong> notab<strong>les</strong> en<br />

redingote, très dignes. Derrière le fossoyeur agenouillé,<br />

en manches de chemises, notes blanches<br />

mises en valeur, deux bedeaux aux trognes rougeaudes.<br />

Le curé, ses acolytes. Enfin le groupe des<br />

porteurs aux larges chapeaux. Le drap mortuaire,<br />

<strong>les</strong> enfants de chœur et <strong>les</strong> sacristains forment<br />

masse claire répondant au frac d'un des vieux et<br />

COURBET. — La Rencontre. — Musée de Montpellier.<br />

au chien. Tous <strong>les</strong> acteurs de la scène sont des<br />

portraits. Il en est de gracieux. La plu<strong>par</strong>t sont<br />

rudes, vigoureux, accentués. Intensité de vision,<br />

puissance de la traduction, convenance. Rien d'anec-<br />

LU. - COURBET<br />

dotique ni de mesquin. Composition pleine, dense;<br />

unité. Cf., pour l'inspiration et l'exécution, Franz<br />

Hais, pour l'ordonnance, Velasquez.<br />

COURBET. — La Remise des Chevreuils. — Mutée du Louvre.<br />

Les contemporains furent choqués <strong>par</strong> cette véracité sans ménagement,<br />

odieuse aux classiques et & laquelle <strong>les</strong> mirages romantiques<br />

n'avalent pas pré<strong>par</strong>é. Nous reprochons, A présent, 1 l'Enterrement<br />

sa tonalité sombre, l'absence de sentiment de plein air.<br />

Courbet a cherché à réaliser le plein air. La Renconcontre,<br />

1854, surnommée, <strong>par</strong> plaisanterie « Bonjour,<br />

monsieur Courbet », est un effort en ce sens; réussite<br />

incomplète. Les silhouettes, restent modelées selon<br />

l'optique de l'atelier : étrangères à l'ambiance,<br />

définies <strong>par</strong> un dessin trop arrêté. Les ombres<br />

portées sur le sol sont trop dures. Ce n'en est pas<br />

moins une solide peinture. Sujet dont nul ne se<br />

choquerait plus aujourd'hui. Courbet, son attirail<br />

de paysagiste sur le dos, s'est donné une<br />

allure conquérante, avec une complaisance que l'on<br />

a raillée. Il semble accueillir, non sans condescendance,<br />

<strong>les</strong> hommages de son mécène, Bruyas.<br />

L'attitude de respect quasi religieux du domestique<br />

a aussi prêté à rire.<br />

A côté des œuvres qui choquaient <strong>les</strong> susceptibilités du Second<br />

Empire, Courbet peignait des pages qui ne prétalent à aucune controverse<br />

: paysages, marines, d'un sentiment sincère et profond.<br />

La Remise des Chevreuils, 1866 : impression de<br />

fraîcheur, de solitude. Allures gracieuses des bêtes,<br />

beauté de leur robe. Peinture claire, plus juste de<br />

tons que <strong>les</strong> paysages romantiques. Pinceau d'une<br />

soup<strong>les</strong>se extraordinaire auquel Courbet a substitué,<br />

pour <strong>les</strong> rochers et pour certaines indications de<br />

masses, l'usage systématique du couteau à palette.

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