Léon Rosenthal, Notre musée, l'art expliqué par les œuvres…

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GROS. — Les Pestiférés de Jaffa. — Musée du Louvre. Cl. Uvy-Neurdem.

XLV. — GOYA, TURNER, CONSTABLE A l'aube du 19" siècle, des artistes précurseurs ont donné l'exemple des audaces et annoncé les sentiments de l'époque contemporaine. Parmi eux Goya, Turner et, avec un génie plus tempéré, Constable. JtWi ' Cl. Anitfrson. GOYA. — La Famille de Charles IV. — Musée du Prado, Madrid. Goya (1746-1828), dans l'Espagne assoupie, a manifesté un génie ardent et complexe : imagination exaltée, étrange parfois et mystérieuse, mais aussi vision directe des scènes populaires, de la réalité colorée; traduction spontanée, fougueuse, incorrecte, brutale tour à tour et très nuancée. La Famills de Charles IV, campée librement, portraits intenses de personnages solennels et médiocres, figure terrible de la reine, on dirait d'un réquisitoire involontaire. Tradition nationale de vérité, souvenir de Velasquez admiré; mais ni netteté, ni sûreté apparente par besoin de dire trop de choses. TURNER, anglais (1775-1851), magicien de la lumière, émule de Claude Lorrain qu'il admirait. Étranger à la mesure, à l'esprit classique français, entraîné, sans partage, par un lyrisme poussé, à la fin, jusqu'à la frénésie. Toutes choses dissoutes dans l'atmosphère lumineuse : ni contours, ni volumes accusés; des taches orchestrées avec désir de rendre l'impalpable, de suggérer l'inexprimable : vent, fumée, bruit, chaleur, mouvement. Parfois Turner nous livre des sensations pures, parfois des évocations d'histoire, d'art traduites en féeries magnifiques : ainsi Ulysse qui raille Polyphème auquel il vient d'échapper devient le sujet d'une toile où est célébrée la gloire du soleil couchant sur la mer. Drame sensible de lumières et d'ombres, masses réelles et fantastiques : rochers, navires, le Cyclope, irradiés, diaprés comme des gemmes, mirage de l'eau incandescente, éblouissemrnt du soleil qui darde, à travers le ciel immense, ses rayons triomphants. Ce n'est plus la traduction d'un spectacle observé, mais un effort pour communiquer par des équivalences, des transpositions, des hyperboles, des déformations, les impressions géniales d'une vision exaspérée. Comparer ces hyperboles romantiques avec les compositions graves et sereines de Claude Lorrain; l'évocation de la Fable par Turner avec l'interprétation de l'antiquité par Delacroix. CONSTABLE (1776-1837), anglais lui aussi, est un artiste réfléchi, scrupuleux, proche des Hollandais dont il a la modestie, la probité, le souci de perfection. Comme eux, il célèbre la terre natale, satisfait d'une chaumière, d'un champ de blé; comme eux, il accepte les données naturelles, sans leur imposer une ordonnance arbitraire. Mais sa vision est beaucoup plus complexe, ni calme, ni simple : il v?ut fixer les aspects fugitifs du ciel, le frémissement des feuillages, faire deviner, dans le tapis d'une prairie, dans l'ondulation d'un champ de blé, la part de chaque herbe, de chaque tige. De là, des notations complexes, pressées, savoureuses, des taches par équivalence que l'œil doit interpréter. Cl. Hithlnente. CONSTABLE. — Le Champ de Bit. — National Qallery, Londres.

GROS. — Les Pestiférés de Jaffa. — Musée du Louvre.<br />

Cl. Uvy-Neurdem.

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