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Léon Rosenthal, Notre musée, l'art expliqué par les œuvres…

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XLIV. — GROS ET PRUDHON<br />

Si fort qu'ait été l'ascendant de David, quelques artistes s'y<br />

sont en <strong>par</strong>tie dérobés, soit attachés aux esthétiques périmées, soit<br />

incapab<strong>les</strong> de cette roideur héroïque. Un seul s'est opposé <strong>par</strong> la<br />

puissance d'un génie original. Prudhon (1753-1823) est un poète,<br />

tendre, délicat, ému; sa vision est enveloppée et plastique, sa<br />

technique synthétique avec morbidezza. On l'a souvent, non sans<br />

justesse, rapproché de Corrége.<br />

Fervent de l'antiquité, elle n'évoque pour lui<br />

qu'images charmantes, jeunesse, joie, amour. Il se<br />

prodigue en allégories aimab<strong>les</strong>. Cette nymphe prête<br />

à se baigner et qui se mire dans l'eau, l'amour qui<br />

l'accompagne, le bois où ils sont isolés n'ont rien<br />

d'artificiel, d'archéologique; c'est, avec un sens classique<br />

subtil, le frémissement de la vie. Dessin sur<br />

papier teinté, au fusain avec rehauts de craie, méthode<br />

réprouvée <strong>par</strong> David qui, sur papier blanc, réclamait<br />

<strong>les</strong> indications précises du crayon. Les formes sont<br />

suggérées <strong>par</strong> masses baignées de lumière : <strong>les</strong> contours<br />

non arrêtés : unité, mouvement, couleur.<br />

L'impératrice Joséphine à la Malmaison, 1805.<br />

L'inquiétude, la solitude, la mélancolie modernes.<br />

Grâce abandonnée de cette attitude rare. Intensité<br />

PRUDHON. — Nymphe el amours.<br />

Cl. PuUox.<br />

CI. Ballot.<br />

PRUDHON. — /.'impératrice Joséphine à la Malmaison.<br />

Muser du Louvre.<br />

d'expression de cette femme non belle mais séduisante,<br />

intelligente, à l'extraordinaire destinée. Le<br />

paysage aux grands arbres, aux verdures profondes,<br />

associé intimement, comme orchestration à la rêverie.<br />

Dessin souple, grands <strong>par</strong>tis; peinture grasse sur<br />

pré<strong>par</strong>ation en camaieu. Joie sensuelle de peintre<br />

étrangère au jansénisme davidien.<br />

GROS (1771-1835) a voulu être le plus respectueux<br />

disciple de David, mais la force de son tempérament<br />

et <strong>les</strong> circonstances ont fait de lui le plus efficace<br />

précurseur de la peinture moderne. Attaché<br />

à la fortune de Bona<strong>par</strong>te, il le peint visitant <strong>les</strong><br />

Pestiférés de Jaffa, 1804. C'est la réalité, comme pour<br />

David, mais singulièrement colorée et dont le génie<br />

fougueux de <strong>l'art</strong>iste s'em<strong>par</strong>e avec une allégresse<br />

picturale. Scène vivante, dramatique : <strong>les</strong> morts, <strong>les</strong><br />

mourants, le sang-froid de Bona<strong>par</strong>te; pittoresque:<br />

<strong>les</strong> uniformes, <strong>les</strong> costumes, <strong>les</strong> types de races orienta<strong>les</strong>,<br />

l'architecture musulmane- et, surtout, le soleil<br />

ardent, la lumière de l'Orient. Dessin d'une ampleur<br />

un peu lâche, exécution enlevée avec une verve colorée,<br />

un peu grosse, non sans souvenirs de Rubens.

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