Léon Rosenthal, Notre musée, l'art expliqué par les œuvres…

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nrjr s. t. T T J II. — DE PIERREFONDS AU CHATEAU DE CHAMBORD •* wW5 ^ m . a Ct IMy-NtmétUt. Le Château de Pierrefonds. A défaut du Louvre de Charles V, le Château de Pierrefonds, construit pour Louis d'Orléans, 1390- 1420, ruiné par Richelieu, restauré totalement par Viollet-Le Duc à partir de 1858, nous donne idée d'une grande résidence princière aux 14 e et 15 e siècles. C'est encore une forteresse, perchée sur une colline, protégée par des pentes abruptes, des fossés; l'accès défendu par des ouvrages avancés (barbacane), pontlevis, porte savamment fortifiée. De hautes et épaisses murailles percées de rares meurtrières, dominées par des mâchicoulis, flanquées de grosses tours d'angle, enveloppent une enceinte quadrangulaire. Tout l'appareil défensif du Moyen Age, perfectionné encore contre la menace nouvelle du canon. Mais, à l'intérieur de cette masse hautaine, où s'affirme la puissance et dont s'impose le prestige, le donjon, Cour de Pierrefonds. Cl. Ltvy-Neurdetn les appartements, l'escalier d'honneur révèlent un besoin nouveau, sinon de confort, au moins de vie large et fastueuse : dégagements commodes, grandes salles, largement éclairées par de vastes baies, où se donneront des réceptions analogues à celles du duc de Berry, après les grandes chasses auxquelles invite la forêt prochaine. Ce besoin de bien-être trouvera à se satisfaire après les guerres d'Italie. L'unification de la France, l'absolutisme royal rendent inutiles ou interdisent les châteaux forts, Incapables, d'ailleurs, de résister aux progrés de l'artillerie. Les anciens châteaux sont aménagés : percement des fenêtres, transformation des mâchicoulis en galeries, comblement des fossés, addition de bâtiments de plaisance. Les nouveaux châteaux s'établissent, pour la commodité, dans les plaines, prés des fleuves, surtout dans la région de la l-oire, aimée alors pour sa douceur. Chambord, construit pour François I er à partir de 1519, sans doute sur les plans et modèles de Dominique de Cortone, le Boccador, achevé au 17 e siècle, garde encore, avec une ampleur particulière, les plans et les dispositions des châteaux forts. Comme à Pierrefonds, grande enceinte quadrangulaire flanquée de grosses tours. Le château proprement dit, en forme de donjon carré, flanqué aussi de tours, tangent en son milieu à la façade nord (celle que montre la planche); entouré de fossés, comblés seulement au 18 e siècle. Mais il est en plaine près du Cosson, paisible miroir où il se reflète. Tours et courtines sont largement percées de baies nombreuses. Le mur central est tout ajouré. Les mâchicoulis ont disparu et sont devenus des balustrades. Une terrasse couvre le château; d'autres régnaient, avant l'intervention de Mansart, sur les courtines. De là, on pouvait suivre de loin les grandes chasses royales. Les murailles sont presque nues, à peine décorées d'entablements et de pilastres. Cette sobriété fait valoir la richesse prodiguée sur les toits. Un décor, dont les éléments sont tous empruntés à l'Italie, surtout à la Lombardie, mais manié avec une exubérante et originale fantaisie, — monogramme royal, salamandre emblématique, plaques d'ardoise fine, adaptation ingénieuse de la polychromie italienne, — s'applique à des éléments constructifs mis en valeur : lucarnes, cheminées, lanterne audessus du célèbre escalier central à double révolution. Cette décoration, de style nouveau, s'associe à des parties de construction ancienne : lucarnes de type gothique (comme celles du palais de Jacques Cœur, p. 11, cf. celles de la tour dr. plus récentes et à fronton classique), fenêtres à meneaux, symétrie imparfaite. Partout, dans le programme, dans l'exécution, deux esprits se juxtaposent ou se pénètrent.

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II. — DE PIERREFONDS AU CHATEAU DE CHAMBORD<br />

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Ct IMy-NtmétUt.<br />

Le Château de Pierrefonds.<br />

A défaut du Louvre de Char<strong>les</strong> V, le Château de<br />

Pierrefonds, construit pour Louis d'Orléans, 1390-<br />

1420, ruiné <strong>par</strong> Richelieu, restauré totalement <strong>par</strong><br />

Viollet-Le Duc à <strong>par</strong>tir de 1858, nous donne idée<br />

d'une grande résidence princière aux 14 e et 15 e sièc<strong>les</strong>.<br />

C'est encore une forteresse, perchée sur une colline,<br />

protégée <strong>par</strong> des pentes abruptes, des fossés; l'accès<br />

défendu <strong>par</strong> des ouvrages avancés (barbacane), pontlevis,<br />

porte savamment fortifiée. De hautes et épaisses<br />

murail<strong>les</strong> percées de rares meurtrières, dominées<br />

<strong>par</strong> des mâchicoulis, flanquées de grosses tours<br />

d'angle, enveloppent une enceinte quadrangulaire.<br />

Tout l'ap<strong>par</strong>eil défensif du Moyen Age, perfectionné<br />

encore contre la menace nouvelle du canon. Mais, à<br />

l'intérieur de cette masse hautaine, où s'affirme la<br />

puissance et dont s'impose le prestige, le donjon,<br />

Cour de Pierrefonds.<br />

Cl. Ltvy-Neurdetn<br />

<strong>les</strong> ap<strong>par</strong>tements, l'escalier d'honneur révèlent un<br />

besoin nouveau, sinon de confort, au moins de vie<br />

large et fastueuse : dégagements commodes, grandes<br />

sal<strong>les</strong>, largement éclairées <strong>par</strong> de vastes baies, où se<br />

donneront des réceptions analogues à cel<strong>les</strong> du duc<br />

de Berry, après <strong>les</strong> grandes chasses auxquel<strong>les</strong> invite<br />

la forêt prochaine.<br />

Ce besoin de bien-être trouvera à se satisfaire après <strong>les</strong> guerres<br />

d'Italie. L'unification de la France, l'absolutisme royal rendent<br />

inuti<strong>les</strong> ou interdisent <strong>les</strong> châteaux forts, Incapab<strong>les</strong>, d'ailleurs,<br />

de résister aux progrés de <strong>l'art</strong>illerie. Les anciens châteaux sont<br />

aménagés : percement des fenêtres, transformation des mâchicoulis<br />

en galeries, comblement des fossés, addition de bâtiments de plaisance.<br />

Les nouveaux châteaux s'établissent, pour la commodité,<br />

dans <strong>les</strong> plaines, prés des fleuves, surtout dans la région de la l-oire,<br />

aimée alors pour sa douceur.<br />

Chambord, construit pour François I er à <strong>par</strong>tir<br />

de 1519, sans doute sur <strong>les</strong> plans et modè<strong>les</strong> de Dominique<br />

de Cortone, le Boccador, achevé au 17 e siècle,<br />

garde encore, avec une ampleur <strong>par</strong>ticulière, <strong>les</strong> plans<br />

et <strong>les</strong> dispositions des châteaux forts. Comme<br />

à Pierrefonds, grande enceinte quadrangulaire flanquée<br />

de grosses tours. Le château proprement dit,<br />

en forme de donjon carré, flanqué aussi de tours,<br />

tangent en son milieu à la façade nord (celle que<br />

montre la planche); entouré de fossés, comblés seulement<br />

au 18 e siècle. Mais il est en plaine près du<br />

Cosson, paisible miroir où il se reflète. Tours et courtines<br />

sont largement percées de baies nombreuses.<br />

Le mur central est tout ajouré. Les mâchicoulis ont<br />

dis<strong>par</strong>u et sont devenus des balustrades. Une terrasse<br />

couvre le château; d'autres régnaient, avant<br />

l'intervention de Mansart, sur <strong>les</strong> courtines. De là,<br />

on pouvait suivre de loin <strong>les</strong> grandes chasses roya<strong>les</strong>.<br />

Les murail<strong>les</strong> sont presque nues, à peine décorées<br />

d'entablements et de pilastres. Cette sobriété fait<br />

valoir la richesse prodiguée sur <strong>les</strong> toits. Un décor,<br />

dont <strong>les</strong> éléments sont tous empruntés à l'Italie,<br />

surtout à la Lombardie, mais manié avec une exubérante<br />

et originale fantaisie, — monogramme<br />

royal, salamandre emblématique, plaques d'ardoise<br />

fine, adaptation ingénieuse de la polychromie italienne,<br />

— s'applique à des éléments constructifs<br />

mis en valeur : lucarnes, cheminées, lanterne audessus<br />

du célèbre escalier central à double révolution.<br />

Cette décoration, de style nouveau, s'associe<br />

à des <strong>par</strong>ties de construction ancienne : lucarnes de<br />

type gothique (comme cel<strong>les</strong> du palais de Jacques<br />

Cœur, p. 11, cf. cel<strong>les</strong> de la tour dr. plus récentes et<br />

à fronton classique), fenêtres à meneaux, symétrie<br />

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deux esprits se juxtaposent ou se pénètrent.

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