Hommage a M. Henri Omont - Bibliothèque numérique de l'école ...

HOMMAGE
A
M. HENRI OMONT
26 JANVIER 1933
I)ISCOUBS DE M. ALFRED COVILLE
I EMIiFIE DE I;INSrI-rUT
li
Document

HOMMAGE A M. HENRI OMONT
• L'allocution suivante a été prononcée par M. Alfred
Couille, le 26 manier 1933, dans le vestibule d'honneur de la
Bibliothèque nationale, au nom des souscripteurs à la médaille
ci ii la Bibliographie offertes à M. Jienri Oinont.
MON CHER CONFRÈRE ET AMI,
La tâche qui m'est confiée aujourd'hui et que ma fidèle
affection considère comme un grand honneur, n'en est pas
moins, par votre lait, singulièrement complexe. Vous avez
tant travaillé ici ou ailleurs, avec une compétence si variée,
vous avez rendu tant de services à l'érudition et aux érudits,
vous avez semé partout tant d'amitiés et de reconnaissance,
que la seule énumération de ceux qui désirent
vous apporter aujourd'hui leur I érnoiguage de sympathie,
d'admiration ou de gratitude, suffirait à remplir le message
que je suis chargé de vous apporter en leur nom, s'il devait
être tout à fait conforme à votre préférence, car vous ne
cachez pas que vous n'aimez guère les longs discours, surtout
quand il s'agit de vous-même. Il faut cependant vous
résigner et accepter nos hommages tels, que je dois vous
les présenter, puisque ce fut déjà pour tous un véritable
sacrifice de céder à votre désir et de laisser à nu seul le
soin, en vous remettant médaille et Bibliographie, de vous
exprimer notre commune pensée. Et si c'est moi qui fus

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choisi ainsi pour être l'interprète de tous, c'est que, hasard
ou excès de bienveillance, je me suis trouvé et me trouve
encore, à une ou deux exceptions près, mêlé ou associé à
toutes les organisations ou compagnies savantes dont vous
êtes l'honneur et dont vous représentez les meilleures tradi-
tions. Dans cet ensemble, vous serez, je pense, d'accord
avec moi, si je mets en première ligne la Normandie, l'École
des chartes, la Bibliothèque nationale et l'Institut de France.
Vous avez conservé un culte filial pour la Normandie
- permettez-moi de dire notre Normandie - et son admi-
rable passé. Vous lui devez vos origines personnelles et
quelques-unes de vos éminentes qualités. Quand on ouvre
votre Bibliographie, û la première page, le premier numéro
- qui date de 1878 - c'est un catalogue de manuscrits
d'une bibliothèque normande, celle de Conches. C'est à
Évreux que vous avez passé votre enfance et votre adoles-
cence. C'est près de Conches que vous venez chaque année
chercher un repos bien mérité, si tant est que vous vous
donniez jamais de vrais loisirs. C'est la terre normande
qui garde tes vôtres, ceux qui sont partis pleins dannées
et ceux qui, hélasi vous ont quitté bien avant l'heure.
Notre amitié est trop discrète pour insister; mais elle aussi
elle se souvient. C'est encore à la Normandie que vous
devez votre maître Léopold Delisle, dont vous avez si heu-
reusement et si utilement suivi les traces. Comme lui et
après lui, vous avez apporté votre précieuse contribution
à la Société des Antiquaires de Normandie, à la Société de
l'Histoire de Normandie, à la Société libre de l'Eure, aux
Académies de Rouen et de Caen, et quel est le Normand,
épris du passé de sa province, qui ne vous doive quelque

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chose? A l'École des chartes, tous ceux qui se tournent
vers l'histoire normande, ont la - bonne fortune d'avoir vos
conseils et vos érudites et judicieuses critiques. Cette fidélité
si éprouvée à votre petite patrie marque déjà un des
traits essentiels de votre caractère, l'attachement - attachement
sans défaillance - à tout ce qui est de votre tradition
et de votre devoir.
De la Normandie, du Lycée d'Évreux, vous êtes venu
directement à l'École des chartes. Cette école vous n'en
l'ôtes pas seulement l'élève au fond de votre coeur, si je
puis dire, vous ne l'avez jamais quittée. Dans votre domaine
préféré, le déchiffrement, l'attribution, la critique et le
classement des manuscrits, vous en avez personnifié l'esprit -
et la méthode. Je me souviens encore de l'impression que
vous me files, à moi qui n'avais encore que trois mois
d'école, lors de la soutenance de votre thèse : c'était dans
le vieil hôtel de la rue des Francs-Bourgeois, dans cette
bizarre enceinte ovale où les élèves étaient séparés du
public par une haute palissade; vous étiez un long jeune
homme mince, en redingote noire, avec des lunettes d'or,
l'air doux et très sérieux. Bien au-dessus de vous, au centre
d'une table rectangulaire, était assis un assez gros monsieur-barbu,
tassé sur lui-même, qui , regardait de près et
parlait avec une prudente précision, mais chez qui l'on sentait
un fond de sympathie pour le patient avec lequel il
discutait, c'était Léopold Delisle. Vous parliez tous deux
sur un sujet délicat et austère, la ponctuation des manuscrits.
Ni l'un ni l'autre ne voulait se compromettre dans
des affirmations téméraires. Mais on devinait de part et
d'autre une grande inclination pour les mêmes choses et

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pour le jeune de sûres promesses d'avenir. Vàus les avez
largement tenues ROUF l'tole des chartes et pour la Société
de l'École des chartes. A l'École, vous êtes revenu connue
chargé du cours de Bibliographie pendant un semestre,
puis définitivement comme membre du Conseil de perfec-
tionnernent, il y a vingt-cinq ans, comme président de cc
Conseil depuis douze ans. Vous êtes ainsi devenu pour la
direction de l'École le conseiller de tous les jours, todété
et prudent:, bienveillant aussi mais après réflexion -
aux idées nouvelles. La Société de l'École des chartes ne H
vous doit pas moins; vous avez été son président, vous
présidez encore son comité de publication. Depuis bien des
.années vous avez pris la charge de la Bibliothèque de
l'École des chartes, vous en suivez la rédaction et l'im-
pression avec un zèle, uneattention impeccables, un tou-
chant désintéressement, et c'est grâce à vous que ce pério-
dique, après trois quarts de .iècle d'existence, reste au
premier rang des publications savantes du monde entier
consacrées à l'histoire et aux sciences auxiliaires du Moyen
âge. Aussi votre nom est-il l'objet (l'un très grand respect,
et jouit-il d'une autorité unique dans notre petite société
chartiste. Et si nous cherchons quelque consolation égoïste
à votre départ de la Bibliothèque nationale, nous la trou-
vons dans l'espoir que vous pourrez désormais donner
encore plus de temps et de sollicitude à nos études, à notre
école, à notre Bibliothèque.
De l'École des chartes; vous êtes passé directement
encore au Département des manuscrits de la Bibliothèque
nationale. C'est dans cette maison que s'est passée toute
votre vie de fonctionnaire et de savant. Que de bien on

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peut faire en un demi-siècle sans changer de place, quand
oti est comme vous un homme de devoir et de science!
J'eusse bien préféré que M. l'Administrateur général lui-
même, au nom de tous ceux qui à la Bibliothèque furent
vos collègues et vos collaborateurs, qui vous ont vu au
travail matin et soir, rappelât votre oeuvre si étendue et si
profonde et cependant, par la faute de votre réserve, si
mal •connue
de ceux-là même qui en bénéficient chaque
jour dans -leurs recherches. Grâce aux indications de
MM. Lauer, Bondois et Van-Moé, permettez-moi de rappe-
ler l'essentiel de ce que vous avez fait. Lorsque vous arri-
viez au Département des manuscrits, il était bien difficile
pour le commun des érudits, philologues et historiens, de
s'y reconnaître. Les anciens catalogues manuscrits étaient
peu accessibles; d'un maniement compliqué. On ne trouvait
comme catalogues imprimés que les pesants in-folios du
fonds latin et du fonds grée publiés au milieu du xviii 1 siè-
de et les trois premiers volumes in-quarto de l'ancien
fonds français. Léopold Delisle avait entrepris un catalo-
gue général du fonds latin faisant suite au catalogue de
1 744, qu'il poursuiyit du n° 8.823 au no 18.613, et com-
mencé lé catalogue (les nouvelles acquisitions latines. Mais
il constatait la nécessité d'un nouveau catalogue général
complet de ce fonds latin si riche et si mal connu, travail
• qui s'est organisé et se poursuit sous votre direction. Des
manuscrits grecs, dont on sait l'inestimable valeur, on ne
connaissait guère que les plus célèbres. Le catalogue du
fonds français imprimé seulement jusqu'au ho 6.170 avait
té conçu dans de telles proportions qu'il eût fallu plu-
sieurs générations d'hommes pour l'achever. Les manu-

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scrits français de Saint-Germain-des-Prés, des anciens
petits fonds étaient à peine répertoriés. Les efforts précédents
de classement mal conçus avaient apporté plus de
trouble que d'ordre. Un autre que vous se fflt sans doute
découragé en présence de la tâche accumulée : résolument,
sans arrière-pensée personnelle, vous avez entrepris et
mené à bien, avec quelques collaborateurs dévoués, le
classement et l'inventaire jusqu'au n n 33.264 de cette masse
redoutable, lâche prodigieuse pour qui connaît les difficultés
et tes délicatesses de telles opérations. Et le résultat
fut celui que l'on espérait, la rédaction de catalogues sinipIes,
très clairs, aisément maniables, faisant immédiatement
connaître ce que contient l'ensemble des collections.
Ce travail vous l'avez poursuivi sans trêve comme bibliothécaire,
comme conservateur-adjoint; il vous désignait
sans concurrence possible pour être conservateur dès 1899,
il y a trente-deux ans. Et malgré la charge de la direction
de ce département oit il y a tant de choses à ordonner, à
vérifier, à surveiller au dedans et au dehors, tant de gens
à recevoir et tant de conseils et de réponses à donner, vous
avez toujours persévéré dans votre entreprise, puisqu'en
1932 vous poussiez le catalogue imprimé des nouvelles
acquisitions françaises jusqu'au n 0 23.648. Quoi de plus
éloquent que cette énumération et ces chiffres
Mais vous n'avez pas été uniquement un admirable
bibliothécaire, absorbé par des travaux techniques dont le
désintéressement fait la grandeur. Le savant et le bibliothécaire
ont toujours été inséparables. Ces manuscrits,
auxquels vous donniez, comme on dit ailleurs, une fiche
signalétique et un numéro de classement, que vous énumé-

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riez dans d'excellents inventaires, vous avez toujours aimé
à en considérer lé texte, la valeur, les détails paléographi-
ques, les traits originaux, la provenance révélatrice, la
destinée si souvent suggestive. Vous, avez prodigué les
articics, les noices, les reproductions dans tous les pério-
diques savants, avec une simplicité, une sobriété, une
précision qui doivent servir d'exemple, si bien que de leur
ensemble, sur certains points il en ressort une véritable
doctrine, comme peu à peu du travail du mosaïste se déta-
che une claire image. Je n'en veux prendre pour exemple
que votre étude préférée, celle des manuscrits grecs, élude
pour laquelle vous êtes reconnu comme le maître incontesté
dans le monde savant tout entier. Je rappellerai les intro-
ductions et les notices de vos cinq volumes de fac-similés,
des manuscrits grecs de la Bibliothèque nationale de 1882
à 1902, vos reproductions des manuscrits de Platon, de
Démosthène, de la Poétique d'Aristote, des Chirurgiens
grecs, etc., des miniatures des Évangiles grecs, surtout la
reproduction avec une remarquable notice, très pénétrante,
du manuscrit en onciales du vi e siècle de l'Ancien Testament
publiée Leyde en 1897. Maison ne sait vraimentque choisir
dans une oeuvre aussi multiple, aussi diverse. Qu'il me suffise,
après ces rapides détails, d'être l'interprète de l'émotion
que toits ressentent ici de vous voir quitter ce champ
merveilleux, que vous avez si longtemps, si bien, si pro-
fondément labouré. Ce n'est pas seulement une question
de sentiment, c'est l'impression que la Science française
sera diminuée par votre absence définitive du plus beau
déptt du inonde, On ne vous verra puis de votre pas tran-
quille, encore jeune, traverser ce département où il s'est

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fait comme une harmonie secrète entre vous et ces salles
tIc dépôt silencieuses dont presque tous les manuscrits ont
passé entre vos mains. Mais vos catalogues, vos inventaires,
votre Bibliographie, votre image enfin seront là pour rap-
peler aux plus jeunes que nous avons à votre égard une
dette de reconnaissance que rien ne pourra acquitter.
J'ai été bien long déjà, et cependant je n'ai pas encore
fini. La récompense d'une telle oeuvre et d'une telle coin-
pétence, c'était l'entrée à l'Académie des .Inscriptions et
- Belles-Lettres. Vous y avez été élu il y a trente-deux ans,
vous n'aviez pas encore quarante-trois ans; vous y êtes
aujourd'hui un des trois doyens d'élection. A l'Académie,
comme partout, vous êtes à la fois réservé et respect, ne
parlant que de ce que vous savez parfaitement. Vous faites
partie de toutes les commissions qui s'occupent du Moyen
âge, de la vie générale ou extérieure de la Compa gnie. Vos
• avissont parmi les plus. écoutés; on connaît et on apprécie
votre esprit avisé, d'une grande expérience critique, votre
prudence, votre sens du juste milieu. L'Académie, confiante
• clans ces qualités, vous a délégué ô la Commission admi-
nistrative tic l'Institut qui vous a fait son secrétaire, vous
remettant ainsi le soin de veiller pour ainsi (lire ï quotidien-
nement à Vadministratioi! délicate de cette illustre maison,
qui ne se peut administrer comme aucune autre, qui a ses
traditions, pas toujours très unie en elle-même,' mais très
attachée, à bon droit, à son autonomie. Vous avez trouvé
là aussi une véritable vocation.
Et maintenant je ne puis plus qu'énumérer. Vous avez
été, - j'en sais quelque chose, - un collaborateur pré-
cieux de la Direction de l'Enseignement supérieur dans

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vos missions d'inspecteur général des Bibliothèquç.s, sur-
tout des Bibliothèques universitaires, et vous l'êtes encore
dans la Commission supérieure des Bibliothèques, comme
vous l'êtes aussi de la Direction générale des Archives
dans la Commission supérieure des Ar'eliives. Vous avez
donné un concours toujours dévoué aux Congrès des Socié-
tés Savantes et vous présidez avec votre compélence et
votre bonne grce la Section d'histoire et de philologie du
Comité des travaux historiques et scientiflques. Vous avez
collaboré comme membre du Conseil et comme président
aux travaux de la Société de [Histoire de France, de la So-
ciété des Antiquaires de France, de l'Association pour l'en-
couragement des études grecques: de la Société de l'Histoire
de Paris et (le '11e (le France, de la Société des anciens.
textes français: Vous êtes docteur honoris causa de l'Uni-
versité, d'Oxford, -associé de la British Academy, de l'Aca-
démie de Danemark, et certainement j'en oublie. Partout
où il vavait oeuvre d'érudition à faire, vous êtes venu, vous
avez donné votre concours, sans bruit, sans ambition
hèti ve. toujours soucieux avant tout de l'intérêt général,
sans- doute peu disposé aux aventures, ruais finalement
rallié aux initiatives de ceux à qui vous aviez donné votre
confiance. Je vois encore un exemple de votre dévouement
scientifique clans cette grande entreprise du Catalogue géné-
ral des - manuscrits des l3ihliotliùques de France à laquelle
depuis . 1885 vous avez tant donné de vous-même soit
comme- anteurde catalogues, soit comme directeur et con-
seiller (le vos collaborateurs, entreprise vraiment monuinen- -
tale ayant déjà plus de 75 volumes et dont nous espérons
bien que vous verrez l'achèvement. Et comment ne pas

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rappeler enfin les missions difficiles, parfois périlleuses que
vous avez si bien remplies pendant ta guerre dans la zone
des armées, à Soissons, à Reims, à Boulogne et ailleurs
pour assurer la sauvegarde des richesses éparses dans les
bibliothèques de la région du nord; Quelle crainte personnelle
aurait pu vous retenir quand vous saviez de beaux
manuscrits, honneur de notre pays, en danger?
J'ai dit votre rôle si efficace dans les diverses branches
où s'est répandue votre activité. Mais je n'ai encore indiqué
que quelques traits de votre production personnelle de
savant. Comment l'apprécier autrement que par des paroles
banales et superflues, tant elle est variée, dispersée
dans le temps et l'espace, toujours solide et durable jusque
dans ses plus menus détails? Vous l'avez semée de
tous côtés avec la prodigalité d'un homme dont le travail
acharné n'a cessé d'accroître les richesses. D'ailleurs pourquoi
insister? Des moindres pierres, on vient dans la
Bibliographie de vos travau.x de vous élever un monument,
le seul qui dot vraiment plaire à votre sagesse et à
votre modestie. Les auteurs, vos collaborateurs du Département
des manuscrit, y ont mis, avec le zèle le plus affectueux,
la méthode et la précision minutieuse nécessaires
pour vous présenter un travail qui fût digne de vous. Nous
leur devons un grand merci, d'abord pour le très utile
volume que grâce à notre confrère Privat, ils ont pu si
bien et si vite réaliser et peut-être plus encore pour l'image,
si le mot peut convenir en matière si abstraite, - que ce
volume nous permet de garder ainsi de toute votre vie
scientifique.
Ai-je dit tout ce qu'il fallait vous dire, tout ce que l'on

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m'avait chargé de vous dire? Notre mélancolie est grande
de savoir que vous allez cesser de vous donner à cette maison
avec laquelle notre pensée vous identifiait. Mais nous
comptons bien vous voir continuer ou reprendre des travaux
pour lesquels vous avez une compétence unique,
dans votre bibliothèque personnelle. Nous savons quelle
parfaite sollicitude veille sur vous; votre foyer est de ceux
où, malgré les coups imprévus du sort, on voit venir sans
crainte le soir de la vie, sous la garde d'une affection que
les années n'ont jamais fait que renforcer. La retraite sera
ainsi pour vous non pas ce vide que d'autres oit tant de
peine à combler et dont certains ne se guérissent jamais,
mais comme un renouveau de travail, où l'on n'agit pas
moins, mais plus libremenC à son gré et à son heure, le seul
moment entre l'enfance et le grand départ, dans nos carrières
vouées au service de l'État, où on peut être vraiment à
soi-même, jouir de son passé, choisir ses besognes et ses
loisirs, et, pour prendre une expression à laquelle on a trop
souvent donné un tout autre sens, vivre sa vie.
Pour que dans cette vie nouvelle, vous gardiez un souvenir
visible de ceux qui aujourd'hui se pressent autour de
vous, un comité s'est formé, qui, avec des concours aussi
empressés que nombreux, a fait frapper cette médaille et
vous l'offre par ma main. Vous la regarderez avec la sérénité
du maître qui le soir venu repasse tout ce qu'il a fuit
dans sa journée et se rend ce témoignage qu'il a fait et
bien fait tout ce à quoi la Providence l'avait destiné.
Et voici la Bibliographie de vos travaux. Je viens de
dire avec quels sentiments et quelle méthode elle a été
composée. Laissez-moi ajouter qu'avec ses excellentes

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tables elle ne sera sans doute pis inutile à vous-même
car vous avez tant produit, que vous ne gardez peut-être
pas toujours le souvenir présent des i. ioS numéros qu'elle
contient. Et vous penserez en l'ouvrant à toutes les affec-
tions dont elle est le symbole et qui viennent de s'unir ici
en votre honneur. -
Enfin pour achever notre hommage, il me reste à vous
présenter nos unanimes félicitations à l'occasion de votre
promotion comme commandeur de la Légion d'hônueur,
que M. le Ministre de l'Éducation nationale a bien voulu
vous annoncer et qui vient à l'heure attendue combler
notre voeu le plus cher et apporter le témoi gnage officiel si
mérité de tous les services que vous avez rendus.
i'ouIouc. - ayp. EdotirirtÉ I'rivt, - 3752. - rBS.