1935 T.77 3e - 4e Trimestres.pdf

l'auteur à rien,
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puisqu'aussi bien l'art dramatique est
une transposition constante du positif à un idéal irréel
et poétique. Cette liberté prise avec l'histoire a permis
d'écrire une pièce qui rappelle à tout instant, mulatis
mulandis. la bouffonnerie aristophanesque. 'Antar .al
Hachaïchi (i) n est pas l'épopée du héros des Banû Abs,
mais l'histoire burlesque d'un pauvre savetier, fumeur
de kif à l'imagination romanesque, qui,
Quichotte,
nouveau Don
part à l'aventure et aux mésaventures. Bien
que le Roman d'Antar soit répandu parmi le peuple,
l'auteur a pris la liberté de broder sur les exploits du
héros antéislamique une action hautement comique, qui
se termine cependant par la mort tragique et non sans
gloire du barbier Antar,
en n'empruntant à la légende
que deux faits certains : l'amour du poète pour 'Abla
et sa mort légendaire. Ainsi, il apparaît nettement que
l'histoire est réduite, dans les œuvres des auteurs dra
matiques algérois, à quelques connaissances vagues et
conventionnelles, qui surgissent çà et là, de la même
façon que l'Orientalisme des comédies françaises des
XVIIe
j XVIIP et XIXe
siècles, ou des opéras, un ensemble
de traditions en conformité parfois avec la réalité, tou
jours avec ce qui aurait pu être la réalité. On pourrait
croire, n'était l'impossibilité du fait,
que les auteurs
algérois se plient à ces principes énoncés par un théori
cien de l'art dramatique classique : « C'est une pen
sée bien ridicule d'aller au théâtre apprendre l'histoire.
La scène ne donne point les choses comme elles ont été,
mais comme elles devraient être » (2).
Les œuvres de la veine de Antar al-Hachaïchi et de
Lunga al-Andalusiya. sont parmi le.s productions ai^c-
(1) Pièce héroï-comique sn trois actes de M. 'Allalou, représentée
à l'Alhambra, le Mardi 25 Février 1930. Cf. les articles d'avant-pre
mière dans L'Algérie, n» du Samedi 22 Février 1930; L'Echo d'Alger,
n'
du Lundi 24 Février 1930 et La Presst Libre, n"
du Mardi 25 Février.
(2) L'Abbé d'Aubignac : Lu Pratique du Théâtre, 1. I, ch. I.