1935 T.77 3e - 4e Trimestres.pdf

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neur ne s'identifie ni à la « futuwwa » (chevalerie), qui, d'après
l'auteur, est postérieure à l'anléislam, ni à la « murù'a » (virtus),
mot qui n'avait aucune portée morale à cette époque-là,
ni au « sharaf » moderne, qui, alors, n'était que la noblesse
des pères. L'honneur, c'est le « 'ird ■>, concrétisé extérieurement
par la louange « madh» el l'outrage « dhamm ... Les deux
chapitres qui suivent, « Description des éléments de l'hon
neur i) et « Explication des éléments de l'honneur », nous font
pénétrer profondément dans la société antéislamique, en étu
diant et analysant toutes les manifestations de la vie des
Arabes de cette époque,
qui ont trait à l'honneur. Pour cer
tains faits, ainsi pour le " wa'd » (infanticide des filles), l'au
teur apporte une interprétation nouvelle (incapacité guerrière
de la femme) différente, et. de l'explication des orientalistes
européens, el de celle des érudits arabes. Ces chapitres, outre
leur importance du point de vue sociologique, sont d'une
inappréciable valeur du point de vue philologico-littéraire, car
ils nous permettent souvent de mieux préciser, ou de rectifier,
l'interprétation de nombreux mots arabes représentant une
idée complexe,
et dont la traduction en une langue étrangère
ne rend pas toujours compte de tous les éléments qui ont
contribué à composer ce concept. Nous avons là un admirable
commentaire des nombreux récits qui se sont groupés autour
de certaines poésies de la littérature antéislamique.
Le chapitre » Fonction de l'honneur » tend à prouve)'
le rôle de la religion, dans l'antéislam,
que,
étant à peu près nul
pour créer un état de vie sociale intense, l'honneur se substi
tuait à la religion dans cette fonction. L'honneur était quelque
chose de sacré ; toutes les vertus y ressortissant avaient un
caractère d'obligation, liant les individus et les groupes, et il
formait ainsi l'armature de la société antéislamique. Cette
société, ainsi, n'était ni anarchique, ni matérialiste, ni primi
ni barbare.
tive,
Ces affirmations sont peut-être un peu trop
catégoriques. De
même le concept d'une religion de l'honneur régissant une so
ciété est un peu moderne,
et nous doutons qu'il puisse suffire à
expliquer tous les aspects de la vie morale et sociale de
l'antéislam.
M. Bichr Farès a voulu, dans ce livre, réhabiliter l'anté
islam aux yeux des modernes « shu'fïbites » cl le venger des
appréciations de certains orientalistes européens,
pour qui il
n'est pas toujours tendre. Il n réussi à nous en donner une
image flatteuse et en tout cas beaucoup plus exacte que celle